La gauche française s’en va-t’en-guerre : François Hollande voulait intervenir en Syrie Il se retrouve hors-jeu .
septembre 25, 2013
En voulant partir en guerre en Syrie, François Hollande s’est retrouvé dans une fâcheuse posture. Le chef de l’Etat français, entrainé par un lobby anti-arabe très présent dans les réseaux de la gauche institutionnelle française, a adopté une posture qu’il voulait mitterrandienne, et qui s’est révélée ruineuse pour son image et celle de son pays. Il voulait être à la pointe d’une croisade contre le gouvernement de Damas. Il s’est retrouvé dans la peau d’un homme ne sachant guère lire l’actualité internationale, parlant encore de guerre quand les grands de ce monde négociaient déjà pour s’entendre. Sans même l’avertir.
Encouragé par son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, lui aussi connu pour son peu de sympathie envers le monde arabe, François Hollande voulait jouer auprès de Barak Obama le rôle joué par Tony Blair avec George Bush. En y apportant panache, droits de l’homme et modernité.
Il y avait aussi beaucoup de calculs dans le choix de François Hollande. Une intervention en Syrie permettrait d’effacer le sentiment ambigu de l’intervention française au Mali. Paris pourrait notamment prouver, en bombardant Damas, qu’elle ne pourrait être accusé de pratiques coloniales, ni de mener des guerres anti-islam. De quoi réjouir les partisans des « guerres humanitaires », qui poussaient à l’intervention, et rassurer les groupes jihadistes, qui font traditionnellement de la France une des cibles favorites de leurs menaces. Et puis, bombarder la Syrie, c’est une guerre sans risque. Pas de troupes au sol, pas de soldats envoyés en Syrie, pas de risque d’attentat ni d’embuscade. Juste des missiles envoyés de très loin, et des frappes aériennes réalisées par des avions que le système de défense anti-aérien de la Syrie ne pouvait contrer.
Mais François Hollande avait visiblement mal calculé son coup. Il a sous-estimé la parade russe. Après l’affaire libyenne, Moscou ne voulait pas d’une nouvelle aventure dont on connaitrait le début, mais pas la fin. Et puis, attaquer la Syrie, c’est un premier pas avant de passer à la pacification du Liban, avant l’ultime objectif, bombarder l’Iran. Une suite tellement évidente que Moscou a promis son véto aux Nations-Unies, et montré ses griffes sur le terrain : c’est Moscou qui a révélé que des missiles américains et « israéliens » avaient été testés dans l’Est de la Méditerranée. Presque en temps réel. Pour bien montrer que la Russie suivait minutieusement ce qui se passait et ne se laisserait pas dribbler cette fois-ci.
François Hollande a aussi mal évalué la détermination américaine dans cette affaire. Il pensait qu’Obama était prêt à lancer l’attaque, et il a voulu se donner un beau rôle. L’abandon de l’option militaire a transformé l’offensive française en une sorte de farce. Et la diplomatie française est apparue ridicule. Elle contraste, en tous les cas, avec l’attitude de la France face à l’invasion de l’Irak. En ces temps-là, c’est une droite avec les dernières bribes gaullistes qui était au pouvoir. Pas celle de Sarkozy-Kouchner, qui s’est retrouvée à l’œuvre en Libye, et à laquelle François Hollande veut emboiter le pas. Cette gauche belliqueuse et guerrière rappelle un passé très sombre. Et explique l’attitude des vétérans du Mouvement National Algérien, qui ont toujours affiché un certain mépris envers la gauche française. Indécise, peu courageuse, incapable d’être dans le sens de l’histoire, cette gauche a commis des crimes inouïs contre le peuple algérien. Au pouvoir au début de la guerre de libération, la gauche française avait répondu à l’appel du 1er novembre 1954 par la célèbre formule de François Mitterrand, selon laquelle la seule négociation, ce serait la guerre.
Deux années plus tard, elle votait les pouvoirs spéciaux à l’armée française pour pacifier l’Algérie. On sait ce qu’il en fut, avec une répression féroce, l’exécution méthodique des condamnés à mort, la torture à grande échelle et les assassinats, pudiquement appelés « exécutions extra-judiciaires ». Les communicateurs ont bien travaillé : un demi-siècle plus tard, la guerre coloniale s’appelle devoir d’ingérence.