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La grève des prisonniers palestiniens


 

 

 

 

 

 

 

lundi 16 avril 2012, par Rim al-Khatib

A la veille du 17 avril, journée nationale des prisonniers palestiniens, plus de 1600 prisonniers détenus dans les prisons de l’occupation ont décidé de déclencher une grève de la faim illimitée pour réclamer :

. La fin de l’isolement (certains prisonniers sont placés dans les cellules de l’isolement depuis plus de 10 ans).
. L’autorisation des visites familiales aux prisonniers de Gaza (les visites ont été stoppées par mesure de vengeance après la capture du soldat Shalit).
. La fin des mesures répressives envers les prisonniers que la Knesset a adoptées après la capture du soldat Shalit, et notamment les fouilles humiliantes et l’interdiction d’étudier et de s’informer.
. La fin de la détention administrative (arrestation arbitraire de tout Palestinien sous le prétexte de menace à la « sécurité de l’Etat » et détention illimitée et renouvelée au gré du bon vouloir des services sécuritaires de l’Etat de l’occupation).

Ces revendications minimales ont fait l’objet d’un accord entre toutes les formations politiques auxquelles appartiennent les prisonniers, et viennent couronner près de trois mois de lutte menée par des prisonniers, qui réclament la fin de la détention administrative.
Ce mouvement de lutte a été inauguré par le prisonnier Khodr Adnan, qui a vivement protesté contre son arrestation arbitraire en déclarant une grève illimitée de la faim. Il parvient, après 66 jours de combat, à obtenir sa libération pour le 17 avril, ce qui veut dire que sa détention ne sera pas renouvelée, comme c’est en général le cas pour les détenus administratifs. Au cours de sa grève de la faim, d’autres prisonniers lui ont emboîté le pas, notamment des détenus administratifs du mouvement du Jihad islamique en Palestine, mouvement auquel appartient Khodr Adnan, comme Thaer Halahla de la région d’al-Khalil et Bilal Diab, de la région de Jénine, qui entament aujourd’hui leur 48ème jour de grève de la faim.

Avant même qu’il n’achève sa lutte, une ancienne prisonnière, Hana’ Shalabi, libérée lors de l’accord d’échange en octobre dernier, est de nouveau arrêtée et placée en détention administrative. Elle déclare la grève de la faim illimitée, jusqu’à sa libération. Suite à l’interdiction de rencontrer ses avocats et sa famille, et surtout aux pressions exercées sur elle par l’administration pénitentiaire, Hana’ Shalabi qui était à son 44ème jour de grève de la faim, accepte sa déportation vers Gaza pour trois ans en échange de sa liberté.
Mais les sionistes qui pensaient casser le mouvement après avoir obligé la prisonnière combattante Hana’ Shalabi à s’éloigner vers Gaza, se retrouvent face à un mouvement général de protestation qui, de plus, a réussi à mobiliser le peuple palestinien. Ainsi, depuis la grève de la faim déclenchée par le prisonnier Khodr Adnan, les manifestations devant la sinistre prison de Ofer et les tentes de protestation se sont multipliées en Cisjordanie, s’ajoutant aux protestations hebdomadaires des familles des prisonniers devant les sièges du CICR, à Ramallah et à Gaza. La demande est générale : mettre fin à la détention administrative qui menace tout Palestinien à tout moment de sa vie.
Aujourd’hui, près de dix prisonniers poursuivent la grève de la faim, en protestation de la détention administrative. L’entrée du prisonnier combattant Abdallah Barghouty, dirigeant des Brigades al-Qassam et condamné à la plus longue détention par les tribunaux militaires de l’occupation, dans le mouvement de la grève de la faim illimitée a donné un nouvel élan au mouvement de protestation, puisqu’il a introduit la revendication visant à mettre fin à la politique de l’isolement dans des cellules individuelles des prisonniers jugés récalcitrants ou tout simplement les dirigeants des mouvements de la résistance.
L’isolement des prisonniers, et notamment des dirigeants politiques et militaires de la résistance, dans des cellules individuelles, est une mesure criminelle adoptée par l’occupation pour d’une part faire pression sur les prisonniers, en leur ôtant tous les moyens de contact avec l’extérieur (journaux, visites), et pour d’autre part les humilier et tenter de casser leur moral et leur volonté en les enfermant dans des cellules étroites et malsaines.

En septembre 2011, les prisonniers du FPLP avaient déjà lancé un mouvement de grève illimitée contre l’isolement de leur dirigeant, Ahmad Saadate, mouvement qui avait été largement suivi et soutenu par les Palestiniens, que ce soit dans les territoires occupés en 67 ou 48. Aujourd’hui, le combattant Abdallah Barghouty reprend le flambeau de la lutte contre l’isolement en rejoignant les grévistes.
A la veille du 17 avril, c’est donc un large mouvement de protestation qui s’annonce. 1600 prisonniers, appartenant à toutes les formations politiques, entameront un mouvement de grève illimitée contre les conditions inhumaines dans les prisons sionistes, rejoignant ainsi les prisonniers déjà en grève. Pour les autres prisonniers (dont le nombre s’élève à environ 5000 prisonniers, dont 5 femmes), ils ont décidé de rejoindre le mouvement par étapes.
A la veille du 17 avril, et en soutien aux prisonniers, résistants et combattants, et dans la voie de leur libération dans la dignité, il est important de se mobiliser pour populariser leur lutte et empêcher l’Etat sioniste d’isoler et d’étouffer leur mouvement. Les prisonniers palestiniens représentent la dignité d’un peuple en lutte pour sa libération. Nous ne pouvons les abandonner.

(16 avril 2012 – Rim al-Khatib)

 

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