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La leçon de Mme Clinton


Ahmed Halfaoui
http://www.lesdebats.com/editions/280212/les%20debats.htm

 Mme Hillary Clinton semble avoir mille fois raison, quand elle dit que les peuples doivent décider pour eux-mêmes. C’est le principe fondamental de la démocratie qu’elle invoque. On est donc tenté de ne pas lui demander de quoi elle se mêle et qui l’a habilitée à donner des leçons aux gens.

Mais elle donne l’occasion de lui dire de regarder d’un peu plus près ce qui se passe chez elle, dans cette «démocratie» de l’argent et des lobbies, dans cette «démocratie» qui considère que sa «sécurité» passe par la mise à feu et à sang de pays qui ne lui ont rien fait d’autre que de refuser d’obéir à son diktat. On devrait, dans le même élan, lui rappeler que les Grecs, aussi, ont le droit de choisir entre la dictature des banques et leurs propres intérêts. Sans omettre de l’interroger sur son copain, l’Emir du Qatar, pour savoir si elle trouve en lui tout ce qui correspond au profil idéal du démocrate, et sur ses amis indéfectibles, les sionistes.

A ce propos, elle nous dira peut-être si le peuple palestinien fait partie des «peuples qui doivent décider pour eux-mêmes». Si la réponse est positive, il faudra qu’elle nous explique pourquoi le veto des Etats-Unis est confié à un distributeur automatique, qui réagit au quart de tour au mot «Israël», et pourquoi elle considère qu’Israël est en «légitime défense» quand il décide, comme il l’entend, d’assassiner par centaines des Palestiniens. Pour tout avouer, le nombre de questions que les leçons de la dame suscitent est si important qu’il est impossible de les poser toutes. Alors on ne pose que les plus importantes. A ce titre, il y en a une qui brûle pas mal de lèvres. Elle concerne l’attitude à l’égard du Venezuela dont le président a été régulièrement élu à plusieurs reprises, sans que personne ne trouve la moindre faille au processus électoral. La dame, son chef et toute sa camarilla, n’en sont pas convaincus et crient au tyran. Une réaction qui jette beaucoup de confusion dans la tête de ceux qui adhèrent au fait que «les peuples doivent décider pour eux-mêmes», l’enseignement cardinal d’Hillary Clinton. Ce qui constitue donc un véritable casse-tête. Les Vénézuéliens auraient-ils une autre façon de «décider pour eux-mêmes» ?

Elle ne veut pas nous le dire. Il faut juste qu’on accepte que Hugo Chavez est un dictateur, sans explication, en quoi il l’est et en quoi son peuple n’aurait pas «décidé pour lui-même». Comme on devrait accepter que le CNT ait été choisi par les Libyens en lieu et place de Mouammar Kadhafi et comme elle voudrait que l’on accepte que le CNT syrien soit «représentatif». En fait, elle sait tout cela, elle sait que l’on sait que la démocratie est le dernier de ses soucis et que les peuples l’intéressent autant que puisse l’intéresser un bétail qui se débande. Elle sait que l’on sait que sa préoccupation première est d’user en urgence de la position de puissance, avant que d’être débordée par une dynamique qui n’augure rien de bon pour son système en faillite, tant sur le plan économique que moral. C’est en cela que réside sa capacité à l’outrecuidance et au cynisme.


 

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