Entre modèle vietnamien et modèle palestinien,
Reste-t-il, en dehors des historiens et des mordus de géostratégie,  quelque mémoire de la Conférence de Paris ouverte en 1968 et close en janvier  1973 par l’accord de paix des quatre protagonistes de la Guerre du Viêt-Nam  et qui sera suivi par l’écrasante victoire de la résistance Vietnamienne deux ans plus tard, en 1975 ?  Cinq ans de négociations auxquelles le FNL et Ho-chi-Minh  accordèrent la plus grande importance pour établir et confirmer aux yeux du monde leur volonté de paix et leur réalité de victime d’une agression militaire américaine sauvage et injustifiée et issue d’un nouveau » incendie du Reichstag » : l’incident du Golfe du Tonkin. Pour tous les jeunes anti-impérialistes et anticolonistes  de l’époque nous apprenions sur le vif, alors, que les négociations sont un moment de la guerre. La vraie guerre d’ailleurs commencera avec cette Conférence et ces négociations et atteindre des sommets inégalés à nos jours  avec les bombardements des B52 et la défoliation par l’agent Orange. Toutes les armes de la guerre furent intensivement utilisées mais plus que toute autre a émergé l’arme de l’information et de l’image. Les USA défendaient au Vietnam le « Monde libre » contre le communisme, les images montraient les enfants vietnamiens nus fuyant le napalm. Le massacre de My Lai ouvrait la liste des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dont nulle ONG ne songe à rouvrir le dossier. Au bout les vietnamiens paieront de  trois millions de morts  leur indépendance et leur liberté. Négocier et se battre, se battre et négocier, l’Oncle Ho et les vietnamiens nous apprenaient une application inédite de la dialectique : la négociation est une des formes de lutte.  Et la lutte armée n’est qu’une forme avancée qua par le soutien que lui apportaient toutes les autres formes de luttes et d’abord cette forme de lutte de conquête du cœur de toutes la population mondiale y compris américaine que constituaient  les propositions Vietnamiennes pour la paix.
Les accords de Madrid en 1991 suivis des accords d’Oslo en 1993 postulèrent au principe exactement contraire : les négociations sont antinomiques de la lutte. En acceptant le principe de la négociation les dirigeants palestiniens renonçaient au principe de la lutte et le président de l’autorité palestinienne vient de le rappeler : il s’opposera à une troisième intifada. Car il ne s’agit pas d’opposition entre négociations et guerre sur le terrain mais opposition entre négociation en toute forme de lutte.  Beaucoup de sympathisants de la cause palestinienne se sont interrogés sur cette obstination des dirigeants palestiniens de  renoncer même aux formes élémentaires de pression sur Israël alors même qu’Israël continuait à leur appliquer toutes les formes de luttes et de chantage : de la « diète » du blocus au bombardement de l’aviation en passant par les arrestations et la répression permanente.  La réalité est que les accords d’Oslo reflètent la solution américaine qui sera développée plus tard sous le vocable de « guerre juste » qu’utilise l’impérialisme humanitaire pour justifier  les guerres faites à la Serbie, à l’Irak, à L’Afghanistan, à la Libye et à la Syrie en attendant l’Iran et l’Algérie.  Toutes les violences d’Israël relèvent de l’autodéfense, toutes les résistances palestiniennes ressortent du terrorisme et de l’antisémitisme.
Le retour du monde bipolaire ranimera-il l’idée de dialectique des luttes ? Les derniers combats , notamment à Qossaïr montrent l’entrée en masse des comités populaires dans la lutte de résistance sans que nous sachions si cette entrée a des effets sur le plan de la direction générale du combat ?       Les déclarations de Cameron, de Hague, d’Erdogan, de Netanyahou et hier encore de Kerry montrent qu’il imposer  cette conception « américaine » à travers  « Genève II » : l’état national syrien serait sommé de choisir entre  la guerre et la négociation et s’il refuse la négociation alors il légitimerait la guerre que lui feraient les voisins. Par deux fois, au moment de l’équipe arabe puis l’équipe  onusienne d’observateurs, l’armée syrienne a abandonné le terrain aux insurgés qui en profité pour  se renforcer par l’apport d’armes et de djihadistes via la Turquie et le Liban essentiellement. Cette époque est finie.  Kadri Jamil, vice premier ministre et dirigeant du Front Populaire pour ekl Changement Démocratique  l’a exprimé le plus clairement du monde : « les négociations ne sont pas la fin de la lutte mais la lutte dans de nouvelles conditions ». Kadri Jamil n’a rien perdu de sa dialectique.
                                         In Reporters-Alger le jeudi 23 mai Mohamed Bouhamidi