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La Russie, inflexible, douche les espoirs des Occidentaux sur la Syrie


Par Eleonore DERMY

MOSCOU, 14 déc 2012 (AFP) – La position officielle de la Russie reste inflexible sur le conflit en Syrie malgré les espoirs des Occidentaux qui avaient cru percevoir un infléchissement de cet allié de longue date du régime de Bachar al-Assad.

Moscou n’a pas tardé vendredi à recadrer les propos du vice-ministre des Affaires étrangères en charge du dossier syrien, Mikhaïl Bogdanov, rapportés la veille par les agences russes.

Pour la première fois depuis le début du conflit en mars 2011, le haut responsable avait en effet reconnu de manière explicite que Damas perdait de « plus en plus » le contrôle du pays et envisagé une possible victoire des opposants.

Un aveu commenté avec ironie par la diplomatie américaine, qui avait salué « le réveil (face) à la réalité » de Moscou.

« Nous n’avons jamais changé et ne changerons jamais notre position », a martelé vendredi Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, lors de son point de presse hebdomadaire, soulignant que Moscou « n’avait jamais dormi ».

La Russie est l’un des derniers soutiens du régime syrien, auquel elle vend des armes.

Moscou a, avec la Chine, bloqué jusqu’ici tous les projets de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant le président Bachar al-Assad, alors que le conflit a déjà fait plus de 42.000 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

Pour Boris Dolgov, de l’Institut des études sur l’Orient de l’Académie des sciences, « dire que la Russie adoucit sa position est faux ».

L’expert juge qu’en fait, c’est « l’Occident qui tente de faire changer la position de la Russie et faire pression sur elle ».

« Constater des faits ne peut être interprété comme un repli de la position russe », renchérit son collègue Alexandre Filonik, du même institut.

Dans ses déclarations, le vice-ministre Bogdanov a d’ailleurs répété que Moscou insisterait « pour faire appliquer le communiqué de Genève » sur les principes d’une transition politique en Syrie, adopté le 30 juin, et « chercher une solution pacifique au conflit ».

Il a aussi averti que même en cas de victoire de l’opposition syrienne, le conflit pourrait durer encore des mois et faire des milliers de victimes, jugeant que cela était « totalement inacceptable ».

D’aucuns ont pourtant considéré que les lignes commençaient à bouger la semaine dernière quand le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accepté de rencontrer à Dublin la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton et l’émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi.

Les trois hauts responsables se sont ensuite revus au cours du week-end à Genève, pour des entretiens « constructifs », selon M. Brahimi.

M. Loukachevitch a souligné vendredi que Moscou ne menait aucune négociation sur le sort du président syrien.

« Nous ne menons aucune négociation ni avec nos collègues américains, ni dans d’autres formats », a-t-il dit, en ajoutant que « la Russie recherche avec insistance et minutie un moyen de régler la situation en Syrie par la voie politique ».

Mais alors que l’opposition au régime syrien reçoit un soutien de plus en plus important à l’étranger, Moscou pourrait être en train de manoeuvrer pour assurer ses arrières, en cas de chute de Bachar al-Assad, suggère Iouri Korgouniouk, analyste politique du fonds Indem.

« Les dirigeants du ministère des Affaires étrangères comprennent que s’ils adoptent une position rigide sur la Syrie, le même scénario qu’en Libyeoù Moscou a perdu toute influence— peut se reproduire », a-t-il déclaré à l’AFP.

La Russie a perdu des contrats importants dans les hydrocarbures, la défense et les chemins de fer lorsque le régime de Mouammar Kadhafi, qu’elle a longtemps soutenu, est tombé.

« La Russie post-soviétique n’a pas de ressources pour soutenir ses anciens alliés de l’époque de l’URSS », a-t-il observé.

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