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La Syrie et la rhétorique fallacieuse des imposteurs


 

Omar Mazri
Vendredi 9 Novembre 2012

La Syrie et la rhétorique fallacieuse des imposteurs
On rapporte que Farouk Tayfour, vice-président du CNS et responsable de la confrérie des Frères Musulmans, a sommé, à partir de la Turquie où il réside, les brigades internationales « révolutionnaires » de frapper les quartiers habités par les minorités syriennes « nassirites (Nossayriyine – Alawiyines) ». On lui attribue ces propos en ce moment où la violence en Syrie semble ne plus connaitre de fin ni de limites faisant fi de toutes les analyses et de toute rationalité : « Les jours et les semaines suivants connaitront de bains de sang sans précédent, via des voitures piégées en gros, et des attaques aux obus contre les quartiers résidentiels et les liquidations ».
Je ne connais pas le Ghayb d’Allah, mais je peux me permettre quelques remarques sur l’avenir :
La première : le pari impossible d’éradiquer une minorité même au prix de massacres et de génocides. Les Ottomans ont tenté de mater,  d’éradiquer,  de convertir au sunnisme cette faction musulmane « égarée » ou « innovatrice », mais ils ne sont pas parvenus à leurs fins. Nous avons l’expérience actuelle des Bosniaques musulmans que les Européens auraient aimé ne pas voir en Europe. Ils sont toujours là aussi dynamiques. Comme tous les rescapés des massacres en Afrique et ailleurs ils semblent donner raison à cette sentence de Ali Ibn Abi Taleb (ra) : « Les rescapés des massacres deviennent plus nombreux et plus prospères »
La seconde : depuis quand l’Islam et les Musulmans, au nom d’Allah et de l’Islam, pratiquent-ils le massacre systématique ? De telles déclarations et de telles pratiques non seulement sont contraires à l’Islam, mais elles sont désavouées par le(s) Prophète(s) (saws). N’est-ce pas que les soldats, les policiers et les fonctionnaires de l’État syrien sont des musulmans ou des chrétiens citoyens syriens. N’est-ce pas que le Kofr al Bawàh est tellement évident qu’il ne demande pas d’être explicité. La population syrienne, les forces armées et la communauté de savant ne sont pas d’avis unanime  qu’il y ait une mécréance flagrante de leurs dirigeants. Si tel est le cas allons-nous considérer toute la population, tous les fonctionnaires et tout les religieux de Syrie comme des mécréants sur qui il faut imposer par la force un État islamique ? Quel serait la viabilité et la faisabilité d’un État islamique fondé sur la terreur?  Si les gouvernants et les fonctionnaires syriens sont apostats ou renégats il faudrait alors déclarer la guerre à toute la planète y compris au milliard et demi de musulmans ! Il faut déclarer la guerre aux Frères Musulmans en Algérie qui ont collaboré avec le régime impie et déclarer la guerre à leurs occurences en Egyptye et en Tunisie qui n’appliquent toujours pas la Charia et ne parviennent pas à gouverner d’une manière sensée ni a mettre en application la justice sociale de l’Islam.  Commanderont-nous aux autre la bonne foi sans nous l’imposer à nous mêmes. Un peu de sérieux et de cohérence !
La troisième : Si nous tolérons le massacre des Nassirites syriens au nom du sunnisme nous devons nous préparer à un avenir sanguinaire et diabolique, car nous allons permettre l’assassinat et l’éradication de toute différence confessionnelle et doctrinaire. Qui va empêcher les assoiffés de sang, de pouvoir,  et de purification d’introduire dans l’Islam la pratique médiévale de l’inquisition et, en son nom, « persécuter » les Chiites, les Ismaélites, les Soufies, les Ibadites… Cette logique macabre et insensée ne va-t-elle pas donner des idées plus morbide et plus absurdes dans les têtes d’abrutis que le monde musulman produit par sa misère morale et intellectuelle et qui vont au nom des hanbalites ou des chaffites déclarer les malékites hérétiques et désacraliser leur sang et leur bien. Toute dérive qui commence faisant croire à l’individu qu’il est la vérité absolue et que tous les autres ont tort le conduit à mettre l’existence des autres en péril.
La quatrième : si nous tolérons que les Nassirites syriens soient exposés à la vindicte des groupes terroristes au nom de l’Islam il faudrait que nous acceptions que l’instinct de survie et la solidarité des minorités se mettent de concert pour opposer une résistance non seulement farouche, mais sanguinaire. Le sang appelle le sang et les ruines appellent les ruines. La question n’est pas de mourir, mais pourquoi et pour qui mourir ou donner la mort ? Pour l’indépendance, la liberté, l’Islam, la dignité ? Jamais au grand jamais ces notions ne deviendront une réalité dans une société ou dans un territoire où le sang a coulé et où la haine et l’esprit de vengeance sont devenus culture nationale.
La cinquième : Si la divergence doctrinale et confessionnelle dans l’Islam est une innovation hérétique qui peut trouver explication dans l’histoire houleuse et confuse à un moment historique alors l’effusion de sang du musulman en dehors de ce que Allah a permis, car relevant de la Justice est un blasphème, un sacrilège, une malédiction. La question doit être posée à l’orthodoxie sunnite qui semble ne pas voir ses propres contradictions : combien de Firqa et de sectes le sunnisme comporte-t-il ? Allez-vous faire le jeu de Brezinski et de Bernard Levy en occupant les Musulmans à s’entretuer au profit du sionisme et de l’Empire ? Allez-vous éliminer tout ce que votre cerveau malade et votre religion corrompue  ce qui n’est pas « Frère Musulman » ?
La sixième : l’esprit maraboutique qui pratique le Chirk par le culte de la personnalité rend les Frères musulmans otages du chef sans possibilités d’analyse. L’esprit maraboutique même s’il se réclame de la modernité, de la démocratie et de la science, en réalité est un esprit fossile. Nous avons vu comment un vieux sénile est en train de conduire le monde musulman vers l’implosion et vers l’émergence d’un Vatican musulman sans que personne n’ose lui dire : ça suffit !
La septième : Si nous devons poser la question de la légitimité religieuse et politique des Frères Musulmans et de ceux qui se réclament du Sunnisme et qui aggravent les disparités entre Musulmans au lieu d’unifier et de serrer les rangs dans ces moments difficiles : apportez votre preuve si vous êtes dans le vrai, est-ce que l’Islam demande ou est-ce qu’il tolère les comportements et les idéologies partisanes, sectaires et tout ce qui provoque à terme la fragmentation de la communauté et mène à la haine et à l’effusion de sang.
La huitième : L’esprit partisan et sectaire vous a autorisé, contre le bon sens et la vision stratégique, confisquer des « révolutions ». L’état des lieux aurait dû vous montrer les difficultés qui vous attendent en matière de gouvernance dans un monde où vous n’avez aucun levier entre les mains. La priorité n’est ni la Libye ni la Syrie et en soutenant ou en réalisant la Fitna dans ces pays vous avez déjà perdu toute crédibilité et toute prise sur l’avenir qui vous annonce sa désapprobation et l’impasse dans laquelle vous vous êtes enfermés par votre aveuglement et votre ignorance que l’éloquence de vos discours n’a pas pu cacher. Comme un vernis, vous êtes transparents et craquelés de partout.
La neuvième : comme les neuf plaies d’Égypte, la dernière est mortelle. Qaradhawi et les Frères Musulmans ont donné à l’Empire et au sionisme ce qu’ils n’avaient jamais espéré voir :
–      Les Musulmans s’entretuent évacuant de leur champ de préoccupation la question palestinienne et l’occupation étrangère des pays musulmans.
–      S’inscrire comme facteur de déstabilisation pour justifier l’intervention étrangère qui n’attend que l’appel au secours des Chrétiens d’Orient pour récupérer l’Église d’Orient dans l’Église d’Occident et continuer à dépecer le monde musulman l’empêchant de construire son unité politique, économique, culturelle et géographique hors de l’emprise de l’Empire et du sionisme.
–      Manipuler l’élite musulmane. L’association des vieux séniles irresponsables et les Frères partisans de la Fitna sont inscrits dans la liste du terrorisme international. Les États-Unis et Israël ne manqueront jamais, au moment où l’exigent leurs intérêts stratégiques, de faire de ces « illuminés » ce qu’ils ont fait à Ben Laden et à El Qaeda : déclaration de guerre après les avoir instrumentalisés.
Je ne reviens pas sur la question de l’argumentation religieuse cautionnant l’effusion de sang. Nous sommes nombreux et de plus en plus nombreux à exiger que ceux qui parlent au nom de l’Islam et en notre nom de Musulmans qu’ils apportent leurs références religieuses : Coran et Sunna sur la licitée de l’effusion de sang. Nous avons montré dans d’autres articles le sacrilège de porter atteinte à la vie humaine. La religion, la politique, le bon sens, la géopolitique se conjuguent pour discréditer la pensée et les actes des Frères musulmans qui se sont avérés les véritables imposteurs de l’Islam.
Je me suis toujours posé la question :  pourquoi Malek Bennabi n’avait aucune sympathie pour les Frères Musulmans à l’exception de Hassan al Banna qu’il voyait comme un homme d’exception. L’expérience avec Nasser, l’expérience en Algérie avant et après le processus électoral, et leurs comportements insensés et dangereux sur la scène internationale, ces derniers mois, confirment la clairvoyance de Malek Bennabi et répondent à toutes mes interrogations.
Les salafistes infantiles et monarchistes ont été le leurre pour masquer l’avancée sournoise des dirigeants des Frères Musulmans qui ont exploité l’engagement et les souffrances de leurs militants qui ont confiance en eux. Ils viennent réclamer, aujourd’hui, au nom de leur exil et de leur séjour en prison, que nous leur accordions crédit et confiance aveugle comme si l’exil, la prison, la torture et la mort n’ont pas touché d’autres personnes croyant eux aussi avec conviction en leur cause et se dévouant jusqu’à la mort pour elle.
L’islamophobie est justement cette compétence à créer de la diversion et de la méfiancedéfiance  pour engager une action militaire ou une action subversive. Elle est parvenue à discréditer, pour longtemps, les islamistes, en gandoura ou en costume cravate, car si leur rhétorique est plaisante ils restent sur le plan religieux, mental et politique  des  usurpateurs, des imposteurs qui répondent parfaitement à l’image donnée par le Prophète sur ces  » religieux » qui font plus de dégâts dans leur communauté que ne le ferait des loups affamés dans une bergerie.

http://liberation-opprimes.net

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