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La Syrie ne tombera pas dans le giron américain


Samer R. Zoughaib

Le déploiement de bombardiers lourds russes en Iran montre que les relations militaires entre Moscou et Téhéran ont atteint un niveau élevé et que la confrontation entre la Russie et l’axe de la Résistance d’un côté, les Etats-Unis et leurs alliés de l’autre, est entrée dans une phase nouvelle. Le message russo-iranien est clair: La Syrie ne tombera pas dans le giron américain.

Comme elle l’avait fait en septembre 2015, lorsqu’elle a déployé plusieurs escadres d’avions et d’hélicoptères en Syrie, la Russie a une nouvelle fois surpris les Etats-Unis, en annonçant le déploiement de bombardiers stratégiques à long rayon d’action Tupolev-22 et des bombardiers tactiques Sukhoï-34 dans la base aérienne iranienne de Hamadane. Quelques heures à peine après leur arrivée, ces appareils ont décollé pour mener des raids contre des positions terroristes à Deir Ezzor et à Alep, en Syrie. Le Financial Times parle «d’un cas sans précédent: c’est la première fois –depuis la révolution islamique, il y a 37 ans- que l’Iran autorise un autre pays à se servir de son territoire pour lutter contre un pays tiers ou contre des groupes d’opposition étrangers».

Le déploiement de ces bombardiers en Iran a une fonction militaire. Il permet de réduire de 3000 à 7000 kilomètres la distance pour frapper les cibles terroristes en Syrie, et, par conséquent, de diminuer de 60% le temps de vol. Les bombardiers auront un chargement moins lourd en kérosène, ce qui leur permettra d’emporter plus de bombes et de missiles. Les frappes seront donc plus efficaces.

Mais au-delà de ces considérations d’ordre purement militaire, le déploiement des TU-22 et des SU-34 en Iran a une signification géopolitique qui n’a pas échappé à Washington, lequel n’a pas tardé à exprimer son irritation en affirmant que cette mesure constituait une violation des résolutions des Nations unies au sujet de l’embargo sur les armes imposé à l’Iran. Un argument balayé du revers de la main par la Russie, qui a conseillé aux Américains de relire les lois et les conventions internationales.

Une alliance militaire stratégique

Des diplomates russes cités par les médias ont estimé que le feu vert donné par l’Iran pour le déploiement des bombardiers lourds reflète «la profondeur de la coopération militaire bilatérale et montre que celle-ci est ouverte sur de nombreuses options». Le Conseil de la Fédération de Russie a d’ailleurs indiqué que Moscou était disposé à signer un accord -similaire à celui conclu avec la Syrie- pour organiser la présence militaire russe en Iran. Tous ces développements prouvent que les efforts des Etats-Unis pour isoler militairement Téhéran ont échoué. Le Wall Street Journal a écrit que les frappes aériennes russes à partir de Hamadane servent de preuve d’une nouvelle coopération entre l’Iran et la Russie dans leur soutien aux autorités syriennes et montrent que les efforts de Washington pour empêcher ces deux pays de créer une alliance militaire ont échoué. Le Washington Post souligne, pour sa part, que le recours par la Russie à la base iranienne témoigne d’«ambitions grandissantes d’accroître son influence au Moyen-Orient».

La décision de Moscou ne peut être séparée des initiatives agressives prises par les Etats-Unis pour renforcer le dispositif militaire de l’Otan aux frontières de la Russie. Il s’agit d’une riposte aux actions belliqueuses de l’Alliance atlantique. Désormais, la Russie dispose d’une présence consolidée sur la ligne de confrontation avec l’Occident, allant de la Biélorussie, où elle possède une importante présence militaire, à l’Iran, en passant par la Crimée et la Syrie.

«Guerre illimitée» en Syrie

Les intentions belliqueuses des Etats-Unis contre la Russie et l’axe de la Résistance se manifestent sur tous les fronts. Dans une interview accordée à la revue Foreign Policy dans son édition du 15 août dernier, Robert Maley, coordinateur de la Maison Blanche pour les questions du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et du Golfe, a dévoilé les vrais plans américains. Il a dit que son pays était prêt à «poursuivre les livraisons d’armes aux rebelles syriens (…) pour une guerre illimitée en Syrie», afin de ne pas permettre la victoire du régime. La riposte russe ne s’est pas fait attendre et les bombardiers lourds ont pris pour cible les groupes extrémistes à l’ouest d’Alep, qui jouissent du soutien des Etats-Unis, de la Turquie et de l’Arabie saoudite. Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a par ailleurs déclaré que Washington avait reconnu son incapacité à séparer les «terroristes des groupes modérés».

C’est dans ce contexte que les discussions se poursuivent entre les deux puissances pour tenter de trouver un terrain de coopération en Syrie. Mais toute entente semble difficile, car celle-ci exigerait l’arrêt du soutien américain aux groupes terroristes, qui constituent la carte la plus importante que les Etats-Unis ne sont pas disposés à abandonner.

La confrontation reste donc l’option la plus probable entre Washington et l’Otan d’un côté, l’axe de la Résistance et son allié russe de l’autre. Ces derniers pourraient être rejoints par la Chine, qui a fait un pas important, la semaine dernière, lorsqu’une délégation militaire chinoise a déclaré, à partir de Damas, que Pékin était prêt à entrainer et à équiper l’armée syrienne.

Source : French.alahednews

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