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La Turquie lance son offensive terrestre en Syrie, les Kurdes disent l’avoir repoussée


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The Huffington Post

INTERNATIONAL
09/10/2019
Les premiers bombardements aériens ont déjà fait une dizaine de victimes. Malgré les condamnations internationales, la Turquie est ensuite passée à une offensive directe au Nord-est de la Syrie.

Le HuffPost avec AFP

Rodi Said / Reuters
Dans la ville de Ras al-Aïn, des habitants fuient à bord de camion, après de premiers bombardements aériens ce mercredi 9 octobre.

INTERNATIONAL – Premières salves de bombardements et premières victimes: la Turquie a lancé ce mercredi 9 octobre, comme elle l’avait annoncé, son offensive contre les forces kurdes du Nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antijihadiste, passant outre les mises en garde internationales.

Mercredi, des régions voisines de la Turquie, notamment les zones de Tal Abyad et de Ras al-Aïn, ont été bombardées par l’aviation et l’artillerie turques. Le ministère turc de la Défense a ensuite annoncé en soirée que des militaires turcs et leurs supplétifs syriens avaient pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre de l’opération.

“Les forces aériennes et l’artillerie ont jusqu’ici frappé 181 cibles appartenant au groupe terroriste”, a précisé le ministère sur Twitter tard dans la soirée.

Le président américain Donald Trump a estimé que l’opération d’Ankara était “une mauvaise idée”. En début de semaine, c’est pourtant le retrait des troupes américaines de secteurs frontaliers en Syrie après une discussion avec Recep Tayyip Erdogan et les déclarations contradictoires de la Maison blanche qui ont ouvert la voie à l’offensive.

“Les Forces armées turques et l’Armée nationale syrienne (ANS, une coalition financée et entraînée par la Turquie, ndlr) ont débuté l’opération “Source de paix” dans le nord de la Syrie”, a annoncé le président Erdogan sur Twitter.

Au moins 18.000 combattants syriens supplétifs d’Ankara -faisant partie de factions regroupées au sein de l’ANS- ont été mobilisés pour participer à l’offensive, a affirmé mercredi un de leurs porte-parole.

L’offensive doit permettre la création d’une “zone de sécurité” destinée à séparer la frontière turque des positions kurdes et accueillir des réfugiés, a dit Recep Tayyip Erdogan. Le ministère turc de la Défense a assuré que tout était fait pour éviter les pertes civiles.
Les Kurdes disent avoir “repoussé” les Turcs

Cette opération turque, dont l’objectif est d’éloigner de la frontière la puissante milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG) a déjà fait 15 morts dont 8 civils, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ajoutant que des “milliers de déplacés” fuient les zones bombardées.

À Ras al-Aïn, un correspondant de l’AFP a entendu une forte explosion et vu s’élever de la fumée tout près de la frontière, ajoutant que des avions survolaient le secteur. Des tirs d’artillerie visent en continu la ville, provoquant la fuite de dizaines de civils à bord de motos et voitures, partant même à pied, chargés de valises et de sacs, a-t-il constaté.
Dans les régions touchées par les premiers bombardements turcs, les populations
AFP
Dans les régions touchées par les premiers bombardements turcs, les populations fuient.

Equipés de lance-roquettes, des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes dominée par les YPG, se sont déployés dans la ville, selon le correspondant de l’AFP. Les médias turcs ont rapporté que 8 projectiles tirés par les YPG étaient tombés sur les villes turques frontalières d’Akçakale et de Nusaybin, sans faire de victime.

Peu de temps après le début de l’offensive terrestre turque, les FDS ont affirmé avoir “repoussé” l’offensive turque sur la frontière nord de la Syrie. “L’offensive terrestre des forces turques a été repoussée par les combattants des FDS” dans la région de Tal Abyad, a écrit le porte-parole des FDS, Mustefa Bali, sur Twitter.
L’UE exige l’arrêt de l’offensive

L’offensive de la Turquie est la troisième en Syrie depuis 2016. Elle ouvre un nouveau front dans un conflit qui a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés depuis 2011.

Longtemps marginalisés et victimes des discriminations du pouvoir central, les Kurdes ont réussi à instaurer une autonomie de facto à la faveur du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. Alliées aux Occidentaux dans la lutte contre le groupe terroriste Daech, les YPG sont considérées par Ankara comme une organisation “terroriste”, pour leurs liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), mis eux sur la liste noire de l’Union européenne.

Le déclenchement de l’offensive unilatérale turque a été fermement condamné par plusieurs pays qui craignent un chaos susceptible d’ouvrir la voie à un retour en force de l’EI, et qui fait planer l’incertitude sur le sort des jihadistes prisonniers des YPG. Le porte-parole de Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin, a d’ailleurs appelé les pays européens à “reprendre” leurs ressortissants ayant intégré l’EI et aujourd’hui détenus par les forces kurdes, un sujet particulièrement sensible pour la diplomatie et le gouvernement français.

Les condamnations ont donc plu… à différents degrés. Les dirigeants de l’Union Européenne ont exigé l’arrêt de l’offensive, tout comme le Français Jean-Yves Le Drian. “La Turquie doit cesser l’opération militaire en cours. Elle ne donnera pas de résultats. Et si le plan de la Turquie est la création d’une zone de sécurité, n’attendez pas de financement de l’Union européenne”, a déclaré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui a exhorté à la “retenue”.

L’Allemagne a estimé que l’opération risquait “de provoquer une résurgence” de l’EI et Londres a dit sa “sérieuse préoccupation”. “La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont en train de finaliser une déclaration commune qui sera extrêmement claire sur le fait que nous condamnons très fortement et très fermement ce qui est rapporté”, a ensuite annoncé la secrétaire d’État française aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin.
L’offensive turque, une “mauvaise idée” pour Trump

Côté américain, Donald Trump, critiqué au sein même de son parti républicain, a déclaré que “les États-Unis ne soutiennent pas cette attaque et ont clairement indiqué à la Turquie que cette opération était une mauvaise idée”. Il avait pourtant paru donner son feu vert à une telle opération, avant de nuancer ses propos et d’assurer que Washington n’avait “pas abandonné les Kurdes”.

Il a cependant exclu toute aide face à la Turquie: “Les Kurdes se battent pour leur territoire. (…) Ils ne nous ont pas aidés pendant la Seconde Guerre mondiale, ils ne nous ont pas aidés en Normandie par exemple”, a-t-il justifié lors d’une conférence de presse. Interrogé sur les risques concernant les fuites de combattants de Daech capturés par les Kurdes, il a affirmé “qu’ils s’échapperont vers l’Europe.” “C’est là qu’ils veulent aller, ils veulent rentrer chez eux”, a déclaré le président américain.

Quelques heures avant le début de l’offensive, les Kurdes de Syrie, confrontés aux atermoiements de leur allié américain, avaient décrété une “mobilisation générale”, tout en appelant Moscou à intervenir pour faciliter un dialogue avec Damas. Avant le déclenchement de l’offensive, le président russe Vladimir Poutine avait appelé Recep Tayyip Erdogan à “bien réfléchir”.

Le pouvoir de Damas s’est engagé à “contrecarrer toute agression” de la Turquie, se disant prêt à “accueillir dans son giron” la minorité kurde.

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence jeudi.

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