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La vengeance posthume de Saddam Hussein


?????Imbroglio militaire et politique en Irak (p.4 a? 6)
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13 juillet 2014

La vengeance posthume de Saddam Hussein
par Gilles Munier (Afrique Asie – juillet 2014)*
La carte d’Irak des positions tenues par les djihadistes, les forces gouvernementales et les peshmerga fait ine?vitablement penser au plan de partition du pays propose? en 2006 par Joe Biden.
De?but juin, en quelques heures, les troupes gouvernementales s’e?tant de?bande?es, Mossoul et Tikrit sont tombe?es aux mains des djihadistes anti-Nouri al-Maliki. Puis, Bagdad s’est trouve?e menace?e sur deux fronts. Daash (Etat Islamique en Irak et au Levant, ou EIIL), pre?sente? comme le mai?tre d’œuvre de l’ope?ration, a fait la Une des me?dias. Les Kurdes ont pris Kirkouk, les « territoires dispute?s », et leurs champs pe?troliers. Alors, le porte-avions USS George H. Bush et son escadre sont entre?s dans le Golfe avec leurs tomawaks, tandis que 5000 Bassidjis iraniens e?taient mobilise?s pour pre?ter main forte a? Maliki… Personne ne s’attendait a? une e?volution aussi spectaculaire de la situation inte?rieure en Irak en si peu de temps. Et pourtant…
Depuis le soule?vement de la re?gion sunnite d’Al-Anbar en de?cembre 2012, l’opposition au re?gime chiite montait en puissance, aide?e par la gestion calamiteuse et confessionnaliste de la crise par Nouri al-Maliki. Dans les re?gions voisines de Ninive, Salaheddine et Diyala, il ne se passait pas un jour sans attaque des forces du re?gime mais, comme les me?dias n’en parlaient pas, elles n’existaient pas. En mars et avril dernier, les communique?s militaires de la re?sistance patriotique irakienne, publie?s par le blog Assurbanipal, n’inte?ressaient pas les journalistes focalise?s sur la situation en Syrie. Ils donnaient pourtant une ide?e de l’avance?e des djihadistes, et il leur aurait suffi d’aller a? Mossoul pour s’apercevoir que les militaires du re?gime y e?taient perc?us comme des occupants.
Onze ans apre?s le renversement de Saddam Hussein, l’heure des comptes semble avoir sonne?e en Irak. La guerre civile en Syrie en a acce?le?re? le timing, donnant du me?me coup une ide?e de
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l’importance des camps s’affrontant ces dernie?res anne?es au Proche-Orient. D’un co?te? : l’Arabie saoudite, Qatar et les Emirats derrie?re les djihadistes. De l’autre : Nouri al-Maliki soutenu par l’Iran et – on ne sait jusqu’ou? et jusqu’a? quand – par les Etats-Unis, avec derrie?re lui, pour une fois, la majorite? des chiites effraye?s par les menaces provocatrices de Daash contre Nadjaf et Kerbala, leurs lieux saints.
Au plan financier et armement lourd, la prise de Mossoul et de Tikrit ont change? radicalement la donne pour la re?bellion. Pour Jack Keane, ge?ne?ral ame?ricain quatre-e?toile a? la retraite, ancien conseille? de David Petraeus du temps du Surge anti-insurrectionnel (2007-2008) : « l’Etat Islamique en Irak et au Levant s’est impose? comme une force militaire formidable », il est en mesure de passer du stade « terroriste » a? celui de la guerre conventionnelle. Et la re?sistance baasiste ou des tribus, victimes de l’omerta me?diatique, e?galement. Selon le site kurde Rudaw, neuf ge?ne?raux de l’arme?e de Saddam e?taient avec les djihadistes arrive?s a? Mossoul, trois autres incorpore?s dans l’arme?e de Maliki les ont rejoints. Azhar Al-Obeidi, nomme? gouverneur de la re?gion de Ninive par la re?bellion, est un ge?ne?ral de la guerre Iran-Irak, de?core? par Saddam Hussein.
Pour ne pas perdre la face, Nouri al-Maliki a limoge? quatre commandants pour «avoir renonce? a? leur devoir professionnel et militaire». Reste a? savoir si ce n’est pas lui, e?galement ministre de la De?fense et de l’Inte?rieur, qui les a autorise?s a? s’en aller, car on comprend difficilement comment 800 djihadistes ont pu s’emparer d’une ville de 1,8 million d’habitants de?fendue par deux divisions, soit 30 000 soldats et 10 000 policiers, me?me apeure?s ou de?moralise?s. Parmi les limoge?s, Mehdi al- Gharawi, commandant chiite des ope?rations de la province de Ninive, est un de ses prote?ge?s de longue date. Il s’est fait connai?tre par ses atrocite?s pendant la bataille de Falloujah en 2005. Les troupes d’occupation ame?ricaines l’avait ensuite radie? de la police a? la suite de tortures de prisonniers dans des prisons secre?tes. Un mandat avait e?te? de?livre? en 2007 pour l’arre?ter mais que Maliki avait bloque?, selon WikiLeaks, en vertu d’un article du Code pe?nal irakien permettant d’en suspendre l’application lorsque le suspect a des fonctions officielles.
A l’e?vidence, Maliki joue la strate?gie de la tension pour garder le pouvoir, mais son syste?me est a? bout de souffle. Moqtada Sadr pensait a? lui et peut-e?tre a? Mehdi Al-Gharawi lorsqu’en fe?vrier dernier, dans son e?nie?me discours d’adieu a? la vie politique, il disait que l’ « Irak est gouverne? par des loups assoiffe?s de sang, des a?mes avides de richesses ». Jusqu’a? quand ?
*Afrique Asie (p. 52-53) : http://www.wobook.com/WBD84sk8cx7W-f ________________________________

Les Kurdes irakiens se frottent les mains. Pour l’instant…
Au Kurdistan, il y a maintenant un avant-Mossoul et un apre?s-Mossoul, et ce dernier risque fort de durer longtemps. C’est ce qu’a de?clare? Nechirvan Barzani, Premier ministre du gouvernement re?gional kurde, a? la BBC. En effet, la question des livraisons de pe?trole kurde a? des pays e?trangers – notamment a? la raffinerie de Mohammedia au Maroc – est passe?e au second plan, et celle de Kirkouk et des « territoires dispute?s » ne se pose plus dans les me?mes termes. Le ministe?re des Peshmerga (De?fense) a confirme? que la quasi-totalite? des territoires revendique?s e?tait « aux mains des forces kurdes » – avec les ressources pe?trolie?res qu’ils renferment ! -, et que les peshmerga n’interviendraient que si la Re?gion autonome e?tait menace?e.
Les rebelles sunnites ont, de leur co?te?, informe? les Kurdes qu’ils n’ont pas l’intention de les combattre sauf en cas d’agression de leur part. Personne ne sait combien de temps cette situation durera, mais pour Rowsch Nuri Shaways, vice-Premier ministre kurde dans le gouvernement de Maliki, interviewe? par le site kurde Rudaw : « Puisqu’il a fallu dix ans pour entrai?ner et financer une arme?e qui s’est effondre?e, il faudrait au moins cinq ans pour en reconstituer une autre». En attendant, les peshmerga resteront dans les re?gions qu’ils occupent, et Shaways a ajoute? que tout de?pendra du re?sultat du referendum pre?vu par l’article 142 de la constitution, a? savoir de l’inte?gration ou non de Kirkouk dans la Re?gion autonome du Kurdistan.
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Ce qu’omettent de dire les dirigeants kurdes, c’est que les peshmerga ont pris le contro?le de villes et de villages peuple?s d’Assyriens – comme Al Qosh et Qaraqosh -, de Ye?zidis – comme Sindjar ou Bashiqa – de Shabaks ou de Turkme?nes, une minorite? d’environ 3 millions d’habitants. Face aux menaces djihadistes et kurdes, Ers?ad Salihi, chef du Front Turkme?ne irakien, a de?cide? de constituer une milice d’auto-de?fense, espe?rant sans trop y croire un soutien de la Turquie.
Les Kurdes apparaissent comme les grands be?ne?ficiaires de la chute de Mossoul. Pour donner l’impression qu’il maitrise la situation, Nouri al-Maliki a informe? Massoud Barzani, apre?s coup, qu’il ne voyait pas d’inconve?nient a? ce que les peshmerga assurent la se?curite? dans les « territoires dispute?s » ! En bon conspirationniste, il se demande si le pre?sident du Kurdistan n’e?tait pas de me?che avec Izzat Ibrahim al-Douri – chef du parti Baas clandestin – et l’Etat islamique en Irak et au Levant qui se sont empare?s de la province de Ninive. Qais al-Khazali, un des principaux affide?s de Maliki qui dirige l’organisation djihadiste chiite Asa’ib al-Haq (Ligue des Vertueux), l’a dit tre?s clairement a? la te?le?vision irakienne. Mais qui sait de quoi demain sera fait ? « Le risque », dit Emma Sky, ancienne conseille?re politique de l’Etat-major ame?ricain en Irak, « c’est e?videmment que l’EIIL se fasse le de?fenseur des sunnites (dans les zones dispute?es) et se mette a? combattre les Kurdes, ce qui marquerait le de?but d’une guerre arabo-kurde». On n’en est pas encore la?.
*Afrique Asie (p.53) : http://www.wobook.com/WBD84sk8cx7W-f

??????Irak : La menace d’un nouveau De?luge
Il ne s’agit pas de faire du catastrophisme, mais les combats qui se de?roulent en ce moment autour de deux barrages irakiens ont de quoi inquie?ter. Daash (EIIL devenu Etat Islamique – EI – depuis la proclamation du califat), qui s’est empare? de celui de Falloujah et du lac Tharthar (1), assie?ge maintenant le barrage hydroe?lectrique de Haditha sur l’Euphrate, 2e?me plus grand barrage d’Irak. Des combats trop proches pourraient en de?te?riorer les vannes ou e?branler sa structure. Si les djihadistes s’en emparent, ils disposeront de l’e?norme lac de retenue Qadissiya – du nom de la bataille victorieuse des Arabes musulmans contre les Perses vers 636 – et pourront menacer d’inondation les re?gions chiites du sud ou les assoiffer. En arre?tant les turbines, ils provoqueraient de graves perturbations dans l’alimentation en e?lectricite? de Bagdad. La fac?on dont Daash ge?re les barrages en sa possession en Syrie – Tichrin et de Tabqa (ou Thawra) – est pluto?t rassurante (2). Mais, qu’arrivera-t-il lorsque Bachar al-Assad ordonnera a? ses troupes d’en reprendre le contro?le ? Une vague de 10 a? 20 me?tres atteindrait Mossoul en 3 a? 4 heures
Le point noir, c’est le barrage Saddam – rebaptise? Chambarakat – situe? sur le Tigre a? 40 km au nord de Mossoul. En 2006, il e?tait conside?re? par le Corps des inge?nieurs de l’arme?e ame?ricaine comme le « barrage le plus dangereux du monde ». Construit sur du gypse dans les anne?es 80, son fonctionnement ne?cessite le renforcement permanent de ses fondations. Des spe?cialistes disent que s’il ce?dait, suite a? des combats ou a? un entretien laissant trop a? de?sirer, une vague de 10 a? 20 me?tres atteindrait Mossoul en 3 a? 4 heures, a? une vitesse d’environ 2 m/seconde. Une grande partie de la ville serait de?truite. Les villages et les terrains agricoles bordant les rives du Tigre seraient ravage?s et des quartiers de Bagdad se retrouveraient sous 3 a? 5 m d’eau dans les trois jours. Selon des estimations, un demi-million d’Irakiens mourraient noye?s (3).
En 2004, Athel al-Nujafi, gouverneur de Mossoul, avait ordonne? a? la garnison de peshmerga qui assurait la «protection» du barrage Saddam de quitter les lieux et demande? aux troupes ame?ricaines de la remplacer. En 2007, David Petraeus, commandant des forces ame?ricaines en Irak, avait conseille? a? Nouri al-Maliki d’en faire consolider les fondations et les Etats-Unis avaient accorde? 27 millions de dollars pour le re?parer, une somme insignifiante vu l’e?tat du barrage et qui, de plus, avait e?te? en partie de?tourne?e. Un mur de be?ton, enfonce? jusqu’a? 67 m dans le sol, a e?te? construit depuis autour des fondations : mais pas su?r qu’il retienne les 12,5 milliards de me?tres cubes d’eau accumule?s dans le lac de retenue.
Depuis la prise de Mossoul par la re?sistance irakienne et Daash en juin dernier, le barrage Saddam (Chambarakat) est situe? a? la limite du territoire contro?le? par les nouveaux dirigeants de la province de Ninive. Que se passera-t-il si les Kurdes de?cident de s’en emparer ? On pre?fe?re ne pas y penser.

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Imbroglio politique et militaire en Irak (7 Jours – 12/7/14)
Le Rennais Gilles Munier est un des Franc?ais qui connai?t le mieux l’Irak, pays ou? il s’est rendu a? de multiples reprises du temps de Saddam Hussein. Comme il en suit l’actualite? sur son blog, au jour le jour, depuis le renversement du re?gime en 2003, le chaos actuel ne l’e?tonne pas vraiment. Il s’en explique :
7 Jours: De?but juin, tout le monde a e?te? surpris par la prise de Mossoul par les djihadistes de l’« Etat islamique en Irak et au Levant », alors que la re?gion pe?trolie?re e?tait se?curise?e par des dizaines de milliers de soldats gouvernementaux. Comment expliquer cette de?faite du re?gime installe? a? Bagdad par les Ame?ricains ?
Gilles Munier : Ce ne sont pas seulement les 800 djihadistes venus du de?sert qui ont mis en de?route deux divisions de la nouvelle arme?e irakienne, soit 60 000 hommes forme?s ces dix dernie?res anne?es par les Etats-Unis. Ce sont surtout les re?seaux d’opposants infiltre?s dans les 1, 8 millions d’habitants qui ont pris la ville, parmi lesquels des tribus rebelles, des partisans d’Izzat Ibrahim, n°2 de Saddam dont la te?te est mise a? prix 10 millions de $ par les Ame?ricains, et d’anciens officiers l’arme?e irakienne dissoute en 2003.
A Mossoul et dans la re?gion pe?trolie?re de Ninive, majoritairement sunnites, les forces de se?curite? e?taient encadre?es par des chiites, donc conside?re?es comme des troupes d’occupation. Elles rackettaient la population, torturaient dans des prisons secre?tes. Cela ne pouvait pas durer e?ternellement. Dix ans apre?s l’invasion du pays sous des pre?textes mensongers – armes de destruction massive, liens avec Ben Laden – les Ame?ricains re?coltent ce qu’ils ont seme? : une haine tenace et un chaos difficilement maitrisable.
A l’annonce du soule?vement de Mossoul, les officiers supe?rieurs chiites commandant la province se sont enfuis en he?licopte?re et les hommes de troupes ont enfile? des habits civils pour rentrer chez eux. Re?sultat : les « insurge?s » ont alors rafle? d’e?normes stocks d’armes et de missiles, des blinde?s, des he?licopte?res. Ils ont confisque? les fonds de?pose?s dans les banques et se sont empare? de plusieurs puits de pe?trole. Un ancien ge?ne?ral de?core? par Saddam Hussein a e?te? nomme? maire de la ville. Du jamais vu dans l’histoire!
Plus qu’une re?volte, on assiste en Irak a? une re?volution. Elle sera victorieuse ou noye?e dans le sang. Si cela tourne mal, le pays implosera en trois Etats : chiite, sunnite et kurde… qui se feront la guerre. Soit dit en passant : c’est que souhaite Israe?l depuis longtemps, et cela correspond au projet pre?sente? en 2006 par Joe Biden, actuel vice-pre?sident des Etats-Unis…

7 Jours: Mais maintenant les djihadistes annoncent la constitution d’un nouvel Etat – l’« Etat islamique » – recouvrant les territoires qu’ils ont conquis en Irak et en Syrie. Leur chef, Ibrahim dit « Abou Bakr al-Baghdadi », a e?te? de?signe? calife, c’est-a?-dire successeur du prophe?te Mohammad et donc chef de tous les musulmans. Que signifie pour vous la renaissance du califat dissous il y a un sie?cle, lors de la chute de l’Empire ottoman ?
G.M : Je ne sais pas si l’« Etat islamique », reconnu par personne, durera. Les acteurs de la prise de Mossoul n’ont pas le me?me agenda, mais l’impact de la re?surrection du concept de califat est lourd de conse?quences dans la re?gion du Proche-Orient. Il remet en cause les frontie?res dessine?es par la Grande-Bretagne et la France a? la fin de la Premie?re guerre mondiale. L’existence d’Israe?l est de fait remise en question : cet Etat n’a jamais fixe? ses frontie?res et n’existait pas du temps de l’Empire ottoman. C’est sans doute la raison pour laquelle Benjamin Netanyahou s’inquie?te de lprolife?ration de cellules djihadistes dans les camps palestiniens et a? Gaza et craint que la Jordanie ne soit un des prochains objectifs du calife Ibrahim.
7 Jours: Les Etats-Unis et la France soutiennent l’opposition syrienne compose?e de groupuscules mode?re?s et d’organisations islamistes. Comment expliquer qu’Obama et Hollande s’inquie?tent de la prise de Mossoul par des islamistes qu’ils arment a? quelques centaines de km de la? ?
G.M : Les Franc?ais et les Ame?ricains ont voulu renverser Bachar al-Assad, mais s’y sont tre?s mal pris. Certes le pays a implose?, mais Assad peut tenir longtemps dans le morceau de Syrie qu’il dirige. Les services secrets syriens ont plus d’un tour dans leur sac et connaissent mieux leur environnement que la CIA et la DGSE. Poutine qui aide militairement et financie?rement le re?gime « lai?c » de Damas a nettement plus de marge de manœuvre qu’Obama, ou qu’Hollande dont les rodomontades n’impressionnent personne. Il pousse son avantage en livrant des he?licopte?res de combat aux islamistes chiites de Bagdad.
A moins de sombrer dans le conspirationnisme, je ne crois pas que la prise de Mossoul et l’avance?e des « insurge?s » irakiens aux portes de Bagdad e?taient pre?vues dans les chancelleries occidentales. Tout ce qu’on peut dire, c’est que les e?ve?nements actuels en Irak n’auraient pas eu lieu, et avec une telle fulgurance, sans l’aide diplomatique et militaire apporte?e a? l’opposition syrienne par les Occidentaux, l’Arabie et le Qatar. Pour le meilleur et pour le pire…
Photo (p.4) : Fresque du monument de la Liberte?, place Tahrir a? Bagdad _____________________________________

Irak : Qui fait quoi dans les provinces libe?re?es ?
Depuis la prise de Mossoul par la re?sistance irakienne, il n’est question dans les me?dias internationaux que de l’Etat islamique en Irak et au Levant (Daash ou EIIL ou ISIL), de son ro?le dans l’ope?ration et dans les atrocite?s qui lui sont impute?es. De nombreux te?moignages provenant de la province de Ninive ou d’Irakiens re?fugie?s dans la Re?gion autonome du Kurdistan donnent un e?clairage diffe?rent ou plus nuance? de la situation.
La chaine de te?le?vision qatari Al Jazeera a interviewe? le ge?ne?ral
Mizher al-Qaissi, porte-parole du Conseil militaire ge?ne?ral des re?volutionnaires irakiens (Al-Majlis al-Askar al-Amm Lat?war al-Iraq), organisme clandestin qui administre les provinces libe?re?es et coordonne les avance?es des forces rebelles en direction de
Bagdad. Extraits* :
Du ro?le de l’Etat islamique en Irak et au Levant
Les Conseils militaires ont combattu Al-Qai?da en Irak pour des motifs qui leur sont propres, diffe?rents de ceux des Sahwa, milices recrute?es par les Ame?ricains et passe?es – pour partie – au
service du re?gime de Bagdad.
Le ge?ne?ral al-Qaissi reconnait que Daash existe, mais affirme que le « le nouveau printemps irakien » est une re?volution arme?e mene?e principalement par les tribus, qu’il ne de?pend d’aucun agenda e?tranger et qu’il rejette toutes formes de terrorisme.
A la question de savoir si les activite?s de Daash affectent les objectifs du Conseil militaire ge?ne?ral des re?volutionnaires irakiens, le ge?ne?ral Al-Qaissi re?pond : « Pas ne?cessairement. ISIL n’affecte pas nos objectifs. Nous planifions et exe?cutons nos objectifs sur le terrain et personne ne peut interfe?rer dans ce que nous faisons. Il se peut que quelques groupes puissent avancer vers le me?me objectif, mais c’est nous qui encerclons et c’est nous qui exe?cutons et les autres groupes peuvent avoir leurs propres plans, objectifs et agendas ».
« Nous sommes contre tout acte qui viole les droits humains quel que soit l’exe?cutant. Nous le de?plorons et nous le condamnons fortement et nous nous y opposons. Nous avons toujours e?te contre toutes violations des droits humains. Les autres peuvent avoir leurs opinions mais nous sommes oppose?s a? toutes violations ; nous ne commettons pas de tels actes me?me a? l’encontre de nos ennemis ».

De la propagande sur You Tube pour discre?diter la re?sistance
« Il se peut qu’il y ait des initiatives individuelles de l’un ou l’autre des groupes qui vont a? l’encontre du respect des droits de l’homme… Mais la question est la suivante : qui encourage ces parties et qui veut de?former notre image ? C’est la grande question !
«Ces parties posse?dent aujourd’hui une grande machine me?diatique. Je vous donnerai un exemple : sur You Tube vous pouvez regarder plein de vide?os qui montrent certaines sce?nes – abus des droits de l’homme – qui portent atteinte a? notre cause, eh bien savez-vous que lorsqu’on publie [le Conseil militaire ge?ne?ral des re?volutionnaires irakiens] un communique? sur You Tube, il ne peut durer sur la toile plus de 48 heures et est supprime? du site.
Nos publications aussi sont supprime?es ou bloque?es sur You Tube. Vous savez ou? se trouve le sie?ge de You Tube ? En Californie… Alors pourquoi garde-t-on des vide?os pour une certaine dure?e et pas d’autres ? Est-ce qu’il y a une puissance qui commande cela ? »
De la prise de Bagdad
« Nous avons, e?tabli des plans pour renverser le re?gime », dit le ge?ne?ral Al-Qai?ssi, lorsque le temps sera venu d’investir Bagdad, le Conseil militaire ge?ne?ral des re?volutionnaires irakiens en donnera l’ordre.
Al-Jazeera : Avez-vous la possibilite? d’attaquer Bagdad aujourd’hui ?
Ge?ne?ral Al-Qaissi : Oui.
Al-Jazeera : Je veux dire la capacite? militaire ? Ge?ne?ral Al-Qaissi : Oui.
Al-Jazeera : Quelles sont vos intentions, maintenant ?
Ge?ne?ral Al-Qaissi : En toute franchise, ceci ne peut e?tre divulgue?.
Du futur de l’Irak :
« Nous voulons un Irak nouveau », dit le ge?ne?ral Al-Qaissi, « Nous n’acceptons pas un Irak fracture? socialement ou ge?ographiquement. Nous voulons … que l’enfant de Bassora puisse travailler a? Mossoul et que l’enfant de Mossoul puisse e?tre employe? a? Dhi Qar, mettre un terme a? cette pe?riode obscure provoque?e par l’Occupation… en vue du changement et d’une de?mocratie profitant a? tous »
Le Conseil militaire ge?ne?ral des re?volutionnaires irakiens est dirige? par d’anciens officiers supe?rieurs de l’arme?e irakienne, dissoute en 2003 par les Etats-Unis. Il coordonne les activite?s des Conseil militaires re?gionaux comprenant des chefs de tribus, des dirigeants d’organisations de la re?sistance ainsi que des milliers d’officiers et de soldats.
Photo (p.5): Logo d’Al-Jazeera

*Texte inte?gral de l’interview du ge?ne?ral Mizher al-Qaissi traduit par Abou Assur :
http://assurbanipal-banipal.blogspot.fr/2014/06/entretien-du-porte-parole-des.html
Vide?o de l’interview sur Al-Jazeera : https://www.youtube.com/watch?v=M-Rl4GjMSR4

???????AFI – Flash – Bulletin des Amitie?s franco-irakiennes Re?daction et traduction : Gilles Munier, Xavie?re Jardez Courriel : gilsmun@gmail.com – Portable : 06 19 74 45 99 De?sabonnement a? AFI – Flash : cliquer sur l’adresse courriel, e?crire « non » dans la partie objet, puis cliquer sur « envoyer » ISSN : 1773 – 9780
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La trage?die des Turkme?nes irakiens chiites
Assassinats, enle?vements avec demande de ranc?on, villages incendie?s, de?placement force?s, lieux de culte de?truits… Depuis la chute de Mossoul et la monte?e en puissance de Daash dans les provinces de Ninive, Salaheddine et Diyala, les Turkme?nes chiites des villes et villages bordant les territoires – hier dispute?s – aujourd’hui occupe?s par les Kurdes, vivent un ve?ritable calvaire dans l’indiffe?rence quasi ge?ne?rale.
En Occident, le sort des Turkme?nes irakiens n’inte?resse
malheureusement pas les bonnes a?mes. Peu de gens connaissent leur histoire (1). A peine sait-on qu’ils existent… Et, quand c’est le cas, on les prend
souvent pour des Turcs.
Il faut savoir qu’en Irak, les Turkme?nes – appele?s aussi Turcomans – sont le 3e?me groupe ethnique du pays et pas qu’un peu puisqu’ils sont pre?s de 3 millions, soit 12% de la population. Au plan religieux, ils se divisent en sunnites (60%) et chiites (40%). On compte aussi parmi eux quelques chre?tiens.
Il y a encore 50 ans, les Turkme?nes constituaient la majorite? des habitants de Kirkouk – englobe?e depuis la prise de Mossoul dans la Re?gion autonome du Kurdistan irakien – et se re?partissaient entre Dohouk a? la frontie?re irako-turque et Mandali a? la frontie?re irako-iranienne dans une myriade de bourgades aux noms a? consonances turkiks : Altun Ko?pru?, Tazeh, Tavuk, Beshir, Tuz Khurmatu, Kara Tepe, Kefri, Khanaqin.
La ville d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, e?tait jadis une ville turkme?ne. Tel Afar, entre Mossoul et la frontie?re syrienne l’est encore, mais pour combien de temps ?
Depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003, Tuz Khurmatu et Tel Afar ont e?te? victimes de nombreux attentats sauvages revendique?s d’abord par Al-Qai?da au Pays des deux fleuves (ou Al Qai?da en Irak – AQI) puis par l’Etat islamique en Irak (EII). Motifs : les Turkme?nes qui y re?sident, pour la plupart chiites (2), sont conside?re?s par les salafistes locaux comme des apostats, des agents du re?gime de Bagdad, voire des safawides – au sens strict du terme (terme pe?joratif de?signant les chiites lie?s a? l’Iran), donc voue?s a? la mort. De plus, des attentats inexplique?s sont a? porter au compte des services secrets kurdes, dont les dirigeants cherchent a? annexer les riches terres agricoles turkme?nes ou leur sous-sol potentiellement gorge? de pe?trole. Pour ce qui concerne Tuz Khurmatu, c’est de?sormais chose faite.
Restait Tel Afar et des dizaines de village a? la merci des djihadistes de Daash. A Beshir – 15 km au sud de Kirkouk – apre?s quelques e?changes de tirs, les villageois se sont enfuis a? l’arrive?e des ve?hicules blinde?s de Daash et se sont re?fugie?s a? Tazeh, ville turkme?ne la plus proche, sous la protection de peshmerga arrive?s en renfort. Bilan : 15 morts au moins dont les corps ont e?te? rendus par les assaillants, des disparus, de nombreux blesse?s. Le village est en partie brule?.
Initiative impensable avant la prise de Mossoul : des chefs de tribus turkme?nes – chiites et sunnites – de Tel Afar, ville de plus de 500 000 habitants (a? 70% turkme?ne) prise par les « insurge?s » apre?s de violents combats, sont alle?s a? Erbil demander la protection des peshmerga (3).
Face a? cette situation dramatique et qui va perdurer, les Turkme?nes sunnites et chiites se sont organise?s en milices arme?es (4). Ils ont appele? la Turquie a? l’aide. Pour l’instant, Recep Tayyip Erdogan, en campagne pour l’e?lection pre?sidentielle et qui ne?gocie paralle?lement la libe?ration du consul de Turquie a? Mossoul et des camionneurs turcs pris en otages, ne parle que de l’envoi d’une aide humanitaire. C’est peu, mais mieux que rien… Kemal Beyatli, pre?sident de la Fe?de?ration des associations turkme?nes, a? Istanbul, regrette qu’il n’en fasse pas plus : « nous ne recevons d’armes de personne : les Ame?ricains ne nous en donnent pas parce que les Turkme?nes ne font pas partie de leur projet re?gional, Israe?l n’en donne pas parce que leurs allie?s sont les Kurdes, l’Iran ne soutient
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que ses allie?s chiites, et la Turquie dit  » si on vous donne des armes, on se retrouvera entrai?ne?s dans des proble?mes. Ainsi nous, Turkme?nes, nous sommes et nous avons toujours e?te? perdants » (5). Comme en e?cho, Erdogan lui a re?pondu, lors d’une re?union de son parti, l’AKP (Parti pour la justice et le de?veloppement) : « Nous sommes pre?ts a? affronter tous les sce?narios possibles. Nous prenons toutes les pre?cautions pour ne pas mettre en danger nos 80 citoyens turcs enleve?s et nos fre?res Turkme?nes ». Attendons la suite, mais il y a urgence.
Photo : Drapeau turkme?ne (Irak)
(1) Turcomans: peuple oublie? ou marginalise? (mai 2007)
(2) Irak : Qui tue qui a? Tuz Khurmatu ?
(3) Tal Afar tribes form a delegation to claim Erbil to join Kurdistan
(4) Les Turkme?nes irakiens vont cre?er une milice arme?e
(5) Les Turkme?nes d’Irak tirent la sonnette d’alarme
(6) « On ne peut tourner le dos a? nos fre?res Turkme?nes en Irak et en Syrie »
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« Ils ont la haine… » : un adolescent palestinien bru?le? vif :
Mohammad Abou Khdeir, jeune palestinien de 16 ans, enleve? et assassine? par des sionistes fanatiques a e?te? bru?le? vif. Pour les Palestiniens, le meurtre de l’adolescent est un acte de vengeance commis en re?ponse a? l’assassinat de 3 colons israe?liens re?servistes.
Force? de boire du carburant
Au vu du rapport d’autopsie, Adnane al-Husseini, ministre
palestinien charge? de Je?rusalem, a de?clare? que c’e?tait la premie?re fois qu’il entendait « parler d’une telle manie?re de tuer », le jeune garc?on « ayant e?te?
bru?le? de l’inte?rieur et de l’exte?rieur, car il a probablement e?te? force? a? boire du carburant ».
Les suspects arre?te?s seraient membres du « Prix a? payer », une organisation de colons extre?mistes «qui se livrent depuis des anne?es a? une campagne d’agressions et de vandalisme contre des Palestiniens, des Arabes israe?liens, des lieux de culte musulman et chre?tien, ou me?me l’arme?e israe?lienne ». Trois d’entre eux ont avoue? le meurtre de Mohammad Abou Khdeir.
Le de?pute? UDI Meyer Habib le?gitime la loi du talion
Le 30 juin dernier, lors d’un office religieux a? la synagogue de la rue de la Victoire a? Paris, organise? en re?action a? l’assassinat des 3 colons israe?liens, une chai?ne de te?le?vision israe?lienne a demande? «C’est quoi e?tre juif ? » a? Meyer Habib, de?pute? UDI des Franc?ais de l’e?tranger (notamment vivant en Israe?l). Le parlementaire a rejete? la parabole christique « tendre la joue » et de?clare? que la valeur de vengeance pre?sente dans le judai?sme e?tait le?gitime (1). Sans commentaire…
(1) http://www.panamza.com/wp-content/uploads/2014/07/JUIF_-Selon-Meyer-Habib.mp4

?????????????A lire sur le blog « France-Irak-Actualite?.com » :
Palestine occupe?e : La re?volte des colonise?s
255 prisonniers sunnites exe?cute?s par les forces gouvernementales et les milices chiites Imbroglio politique et militaire en Irak
Palestine occupe?e : La re?volte des colonise?s
Printemps irakien : «Nous voulons que notre re?volution soit soutenue et reconnue internationalement » dit le cheikh Hatem al-Suleiman
Re?volution a? Mossoul (te?moignage)
Jordanie : Raghad, fille ai?ne?e de Saddam Hussein, menace?e d’expulsion ?
Les de?tails du plan ame?ricain pour combattre l’EIIL
Soule?vement de Bagdad: « C’est pour biento?t… »
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