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L’Algérie a fait «exception»


Par Ahmed Halfaoui

L’Algérie est en bonne voie et c’est plus que ne pouvait espérer une «communauté internationale» dépitée, voire déboussolée, par ce peuple qui n’a pas fait ce qu’il était tenu de faire, comme il était prévu par les «experts» et «spécialistes» des Arabes et assimilés, comme le croyaient et le voulaient les nuées de journalistes envoyés sur place, saisir de visu le «printemps» inéluctable, imminent. L’Algérie est en train de répondre, au-delà de toute exigence, aux attentes des prédateurs du marché mondial. Sans les bombes de l’OTAN, sans milices du Qatar, sans «révolution», sans déstabilisation, sans même le «changement», le pays se met à l’heure de l’ultralibéralisme. Par la bande pour commencer. On n’en  est pas encore à renvoyer le peuple à lui-même, à lui dire qu’il doit se transformer en une faune d’homoeconimicus égoïstes, bref à se débrouiller pour s’instruire, se soigner, se loger… se nourrir, mais on y vient doucement. Ce faisant, l’Algérie constitue bel et bien une «exception» dans le genre. Les affairistes se frottent les mains, tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes. Renault a obtenu le monopole de l’investissement automobile, pour trois longues années, pour rien. Le monarque du Qatar peut être satisfait de sa récolte à peu de frais, au détriment du développement local et les pétroliers sont déjà sur la ligne de départ pour faire haro sur le Sahara. Les députés algériens viennent de leur ouvrir des perspectives faramineuses, en autorisant l’exploitation du gaz de schiste. Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, n’avait pas attendu l’adoption des amendements de la loi sur les hydrocarbures. Il avait annoncé, en décembre dernier, qu’un accord algéro-français allait être signé sur le sujet, alors que chez lui, la chose avait été interdite par la présidence française, étant donné les graves conséquences qu’elle a sur l’environnement. Chez, nous, qui vivons une pénurie d’eau, les effets sont démultipliés. Eh bien, qu’à cela ne tienne, nous allons assurer la sécurité énergétique de la France et des autres, en les aidant dans le même temps à préserver leurs espaces naturels, bien plus précieux et bien plus protégés socialement que ceux des indigènes. Quelqu’un avait prédit que les «Algériens n’allaient pas râler». Notre auguste Assemblée nationale lui a donné raison, en n’écoutant pas les voix qui se sont élevées contre un tel crime écologique. Elle a par contre cru les experts, militants de la cause des compagnies pétrolières, qui ont «expliqué», à sa commission économique, qu’il n’y a avait pas de grands risques. Il y a eu des «gardes-fous» réglementaires, dit-on, qui ont été mis. Pour se donner bonne conscience. Et puis il y a eu aussi ces assurances de Youcef Yousfi, ministre de l’Energie et des Mines, que des précautions entoureraient l’exploitation des hydrocarbures des gaz de schiste. Le Premier ministre avait pourtant dit que cela ne se ferait pas avant 40 ans, mais le voilà qui est pressé de disposer d’une loi tout de suite. Là-bas, sur ce point, on est plus conforme avec la réalité des faits et on dit que dans 10 ans l’Algérie sera un grand pays producteur de gaz de schiste. En passant, elle aura servi de laboratoire à la «fracturation hydraulique».

 

lesdebats.com

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