Le Moyen-Orient vu par Hugo Chavez, par Benkhedda B.
août 20, 2012
dimanche, 19 août 2012 15:34
La situation au Moyen-Orient est brûlante, c’est le moins que nous puissions dire. L’ Empire anglo-saxon se sent concerné, de manière directe, par les conflits éclatés dans cette région. D’ailleurs, nous constatons que les médias de masses contrôlées par ses alliés s’intéressent très peu à l’opinion de l’opposition. Ennemi des États-Unis, ami de la Russie, le président vénézuélien a l’habitude d’exprimer son opinion sans détours. Hugo Chavez est à la tête d’un pays qui occupe une position stratégique et qui est devenu, depuis une dizaine d’années, un centre économique des plus importants en Amérique Latine. L’opinion de monsieur Chavez sur les conflits d’intérêts graves reste donc importante à connaître.
Lors d’une conférence de presse, le 01 août 2012 à Caracas, l’ami du peuple comme l’appellent parfois certains journalistes s’est exprimé au sujet de la Syrie : «Les gouvernements qui s entêtent à renverser Bachar el-Assad ne mesurent pas les conséquences. ( ) Les élites européennes, politiques et économiques, ne parviennent pas, malgré les années qui se sont écoulées, à se défaire de l’idée impériale. Ils se croient supérieurs à nous. Ils croient avoir des droits divins qui leur permettent d’imposer des gouvernements aux peuples arabes, aux peuples africains et aux peules latino-américains, c’est quoi ça ? Combien de problèmes rencontre la France en ce moment ? Le chômage, les entreprises en faillite, les banques qui pillent les peuples Bien sûr, le cas de la France n’est pas le pire». Le président vénézuélien n’exhorte pas seulement les pays occidentaux à se soucier de leurs propres affaires, mais joue le rôle d’éveilleur d’une opinion publique : «Quand je dis l’Europe, je parle aussi des États-Unis. Espérons que les peuples du Nord se réveillent et se libèrent de l’opium avec lequel on les bombarde chaque jour, à travers les médias et les modèles culturels qui dominent là-bas».
Monsieur Chavez n’a pas tort, la crise économique ne cesse de s’aggraver et ce sont les citoyens modestes qui payent les lourdes conséquences. Quand on dit aux gens que la Banque centrale européenne a acheté la dette de la Grèce ou de l’Espagne, cela veut dire qu’elle a donné l’argent du contribuable aux créanciers, qui ne sont rien d’autres que des banques ou plutôt des banksters. Nous rappelons que des banques comme la Goldman Sachs’ et la JP Morgan’ sont à l’origine de la spéculation sur les produits financiers CDS qui a poussé à la hausse les taux d’intérêt. L’arnaque ne s’arrête pas là, à présent, on nous parle des marchés qui prêtent à des taux d’intérêt négatifs ! Les acteurs économiques sont-ils devenus des philanthropes ? Quel est leur intérêt ? En réalité, ces investisseurs font le pari de la fin de l’euro.
Selon le club de réflexion «Fils de France», le retour aux monnaies nationales verrait le retour de certaines devises avec une valeur supérieure à l’euro. La disparition de l’euro ne signifie pas la fin d’une créance et celle-ci peut prendre une valeur plus importante si elle est libellée dans une monnaie forte comme le deutsch mark.
Le président Hugo Chavez attire l’attention de l’opinion publique sur le vrai danger, à savoir la crise économique. Les responsables de cette affreuse crise ne sont pas punis, au contraire, ils continuent à s’enrichir sur le dos des peuples. Monsieur Chavez est un homme que beaucoup de dirigeants méprisent, peut-être parce qu’il n’a pas été installé au pouvoir par une oligarchie financière ! Né de parents instituteurs dans le Sud de Venezuela et diplômé de l’Académie militaire du Venezuela, il a été porté au pouvoir par le peuple. En 1983, il a formé, au sein de l’armée, un courant bolivarien et nationaliste d’orientation socialiste (Movimiento Bolivariano Revolucionario 200).
Le 4 février 1992, le MBR-200 n’a pas réussi son coup d’État. Hugo Chavez a été emprisonné, mais il est sorti de prison en 1994. Le parti politique du Mouvement Cinquième République qu’il a créé, cette année-là, lui a permis d’être élu démocratiquement président du Venezuela, en 1998.
Hugo Chavez est un homme d’État tout à fait conscient des rapports de forces. Dans son discours du 01 août 2012, il critique ouvertement l’alliance des dirigeants occidentaux contre Bachar el-Assad : « Ils veulent renverser un gouvernement, car quelqu’un ne leur plaît pas ! C’est ce qui s’est passé en Libye. ( ) La souveraineté de la Syrie doit être respectée. S’il y a des problèmes en Syrie, ce sont les Syriens qui doivent les résoudre de manière pacifique. Il faut condamner les actes terroristes qui secouent le peuple syrien et qui ne sont pas l’œuvre du gouvernement syrien, mais de groupes terroristes infiltrés en Syrie comme ça a été le cas en Libye. C’est triste de voir que les gouvernements européens reconnaissent des terroristes qui tuent les gens, qui posent les bombes et détruisent les villes. Ils rencontrent les terroristes pour leur donner des fonds, de l’argent et des armes ! »
Apparemment, le mot terroriste doit être redéfini pour mieux servir les peuples. Mais par qui ? C’est toujours le vainqueur qui écrit l’histoire et qui dicte les lois.
Afin d’en savoir un peu plus sur la politique d’Hugo Chavez pour le Moyen-Orient, nous nous sommes interrogés sur sa position envers le conflit israélo-palestinien. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, le 17 septembre 2011, Hugo Chavez a écrit ceci : «Je m’adresse à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, à cette grande tribune où sont représentés tous les peuples de la Terre, pour réaffirmer, aujourd’hui et en ce lieu, l’appui total du Venezuela à la reconnaissance de l’État de Palestine, au droit de la Palestine de se convertir en un État libre, souverain et indépendant.
Il s’agit là d’un acte de justice historique envers un peuple qui porte en soi, depuis toujours, toute la douleur et toute la souffrance du monde». Hugo Chavez ne manque pas de diplomatie, mais ne sait pas user de la langue de bois. Dans sa lettre, il a ajouté ceci : «La sécurité de la Palestine ne peut se réduire à la simple reconnaissance d’un auto-gouvernement et d’un auto-contrôle policier limités dans ses «enclaves» de la Rive Ouest du Jourdain et de la bande de Gaza, tout en ignorant, non seulement la création de l’État palestinien dans les frontières antérieures à 1967, avec Qods-Est comme capitale, les droits de ses nationaux et le droit de son peuple à l’autodétermination, mais encore le droit à la compensation et le droit au retour de la moitié de la population palestinienne, dispersée dans le monde entier, aux termes de la Résolution 194».
L’histoire parlera de vous monsieur Hugo Chavez, elle parlera de vous comme Simón Bolívar, le Libertador. L’histoire dira : alors que les Arabes se sont associés pour vendre la Palestine pour des pacotilles et détruire la Syrie, l’ennemie d’Israël, un homme de l’Amérique Latine s’est opposé à eux. Dans les livres d’histoire, nos enfants liront : alors que les monarchies arabes se sont prosternées devant l’Empire anglo-saxon et se sont fait les valets de l’impérialisme, le Venezuela, sous la présidence d’un homme digne de respect, a mené un combat glorieux contre la soumission des peuples.