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Le rôle de Nasrallah au sein de « l’axe de la résistance »



Publié par Gilles Munier sur 22 Mai 2021, 07:07am

Catégories : #Gaza, #Liban, #Hezbollah, #Iran

Par Scarlett Haddad (revue de presse : L’Orient-Le Jour – 20/5/21)*

Alors que le Liban se débat plus que jamais dans ses problèmes et ses divisions internes, les regards des diplomates occidentaux en poste à Beyrouth restent fixés sur les développements entre les Israéliens et les Palestiniens, auxquels il faut désormais ajouter les Arabes israéliens (dits Arabes de 48), de Gaza à la Cisjordanie en passant par Israël. Ces diplomates portent une attention particulière au Hezbollah, et les moindres déclarations de ses responsables sur le dossier palestino-israélien sont analysées avec beaucoup d’attention.

La question qui revient le plus souvent dans les rencontres de ces diplomates avec leurs interlocuteurs libanais est la suivante : à quel moment le Hezbollah compte-t-il intervenir dans la guerre sans merci qui se déroule si près de lui ? Il est vrai que, de son côté, le Hezbollah cherche visiblement à maintenir un certain flou. Le secrétaire général du parti ne s’est ainsi pas exprimé depuis le début de la dernière confrontation, il y a un peu plus d’une semaine, et il ne le fera probablement pas avant le 25 mai (jour de la fête de la Libération en référence au retrait de l’armée israélienne du Liban le 25 mai 2000).

Les diplomates occidentaux ont donc dû se contenter des déclarations des proches de la formation et d’un seul discours prononcé par le chef du bureau exécutif du Hezbollah, Hachem Safieddine, dans le cadre d’une rencontre de soutien aux Palestiniens, qui a regroupé des représentants de différents partis et des personnalités appuyant ce qu’on appelle communément « l’axe de la résistance ». Mais là aussi, les indications n’étaient pas précises, puisque M. Safieddine s’est contenté de réitérer le soutien total du Hezbollah aux Palestiniens, allant même jusqu’à estimer que la bataille qui se déroule aujourd’hui est celle de « l’ensemble de la oumma ». Il a aussi évoqué une coordination entre les combattants palestiniens et le Hezbollah, tout en mentionnant de façon insistante le rôle de l’ancien chef de la brigade al-Qods au sein des gardiens de la révolution Kassem Soleimani et celui de Imad Moghnié (ancien chef militaire du Hezbollah assassiné en Syrie en février 2008) dans la consolidation des capacités guerrières des Palestiniens. Hachem Safieddine a aussi évoqué la possibilité pour le Hezbollah de participer à cette bataille, mais sans être plus explicite ni au sujet du timing de cette participation, ni à celui de la forme qu’elle pourrait prendre.

Aujourd’hui donc, très peu de gens possèdent des éléments concrets à donner aux diplomates occidentaux sur ce que compte faire le Hezbollah. Mais tous ceux qui rencontrent des cadres de cette formation sont impressionnés par leur calme et leur confiance dans les capacités de ce qu’ils appellent la résistance palestinienne. Les cadres du Hezbollah suivent de près ce qui se passe entre Israël et Gaza et connaissent tous les détails des bombardements, la nature des missiles utilisés par les factions de la résistance palestinienne ainsi que le moindre développement sur le terrain. Exactement comme c’était le cas dans la guerre au Yémen et ses développements sur le terrain, ou encore dans les combats en Irak, notamment contre Daëch et d’autres groupes jihadistes.

Selon un spécialiste du Hezbollah, le rôle de ce dernier serait en réalité primordial dans l’édification de ce qu’on appelle « l’axe de la résistance ». En particulier la personne du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah. Toujours selon ce spécialiste, les différentes parties libanaises auraient tendance à minimiser le rôle de premier plan du Hezbollah en Iran, préférant le considérer comme un exécutant alors qu’il est un décideur. En effet, lorsqu’ils ont commencé à songer à édifier « l’axe de la résistance », les dirigeants iraniens auraient sciemment choisi de s’introduire dans le conflit arabo-israélien et de faire de la situation de Jérusalem une cause commune avec les musulmans arabes et non arabes. En même temps, ils auraient confié à Hassan Nasrallah la mission d’approcher les différentes parties arabes susceptibles de faire partie de cet axe, parce qu’il est plus en mesure de les comprendre et de savoir comment traiter avec elles, alors qu’il a lui-même une grande aura auprès des populations arabes surtout après la guerre de 2006. De la Syrie à l’Irak jusqu’au Yémen et à Gaza, le chef du Hezbollah a donc envoyé ses spécialistes sur le terrain et il a lui-même rencontré à plusieurs reprises les différents dirigeants des groupes qui évoluent dans la mouvance iranienne. Les cadres du Hezbollah ont donc formé sur le terrain les combattants et Hassan Nasrallah s’est chargé de l’encadrement idéologique, parvenant ainsi à unifier les différentes factions palestiniennes et ceux qu’on appelle les Palestiniens de l’intérieur dans un même combat. C’est d’ailleurs la grande nouveauté dans les affrontements qui se déroulent aujourd’hui. De plus, dans tout ce terrain qui commence en Iran et se termine à Gaza en passant par Sanaa, les dirigeants des différentes factions tiennent désormais le même discours et ont les mêmes références idéologiques. Le spécialiste précité les qualifie d’ailleurs de « disciples de Nasrallah ».

Patiemment, sans se laisser influencer par les développements jugés secondaires, Hassan Nasrallah a ainsi maintenu d’excellentes relations avec le Hamas, alors que les membres de cette organisation combattaient contre le régime syrien notamment dans le camp de Yarmouk près de Damas. Il n’a jamais perdu de vue l’objectif stratégique et, aujourd’hui, même les figures du Hamas qui à un moment étaient hostiles au régime syrien et favorables à l’opposition, comme le chef du bureau politique du Hamas à l’étranger Khaled Mechaal, tiennent le même discours que le chef du bureau politique à Gaza Ismaïl Haniyé, qui d’ailleurs avait visité le Liban il y a quelque temps. Les divergences ont été gommées et l’objectif est unifié. Le système fonctionne donc désormais sans couacs et chaque partie remplit le rôle qui lui est assigné. De son côté, le Hezbollah suit de près les moindres détails des développements et il interviendra lorsqu’il le jugera bon. Mais ce moment n’est pas encore arrivé.

*Source : L’Orient-Le Jour

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