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Les Coalisés, de la bataille d’Al-Khandaq (627) à celle de Mossoul


Publié par Gilles Munier
21 Octobre 2016,

La Coalition anti-Etat islamique: La trentaine de chefs d’Etats et de ministres réunis à Paris en 2014

Par Gilles Munier/

Un article publié sur le site Niqash, spécialisé sur la situation en Irak*, rapporte que les djihadistes défendant Mossoul s’inspirent de la stratégie adoptée par le Prophète Muhammad, en 627 à Médine, lors de la Bataille de la Tranchée (Al-Khandaq).

En finir avec l’islam

Court rappel historique : en 627 (An 5 de l’Hégire), la montée en puissance de l’islam naissant inquiétait au plus haut point les polythéistes, majoritaires en Arabie. Pour se débarrasser de la menace islamique, les leaders des Banu Nadir – importante tribu juive de Médine, déportée à Khaybar suite à un arbitrage du Prophète – proposèrent aux chefs des grandes tribus païennes de constituer une force militaire pour exterminer les musulmans et en finir une fois pour toutes avec la nouvelle religion. Rapidement, 10 à 12 000 guerriers furent réunis pour attaquer Médine.

Informé de l’offensive qui se préparait et ne disposant que de 3 000 partisans pour arrêter les ennemis qui approchaient, Muhammad ordonna de creuser une tranchée large et profonde à l’entrée de la ville. L’arrière était protégé par des amas rocheux et par une tribu juive alliée qui finira par le trahir et le payera cruellement.

Le siège de Médine dura une vingtaine de jours. Après un duel entre les héros des deux camps, dont Ali ibn Abi Talib, 28 ans – gendre de Muhammad, futur 4ème calife et imam – sortit vainqueur, et après la destruction des tentes des assaillants par une tempête hivernale, ces derniers préférèrent rentrer chez eux. La tranchée, mode de défense inconnu des Arabes, mais pas de Salman le Perse qui l’avait conseillé au Prophète, avait décidé de l’issue victorieuse de la bataille. Elle lui donna son nom.

Dans le Coran, la traduction en français de la sourate 39 (Al-Ahzab) qui fait état de la Bataille d’Al-Khandaq, a pour titre… Les coalisés ! Le choix de cette dénomination par les états-majors occidentaux depuis les guerres du Golfe – plutôt qu’ « Alliés » – n’est certainement pas innocent.

Exterminer les djihadistes

Le correspondant de Niqash dans la province de Ninive cite des extraits du prêche d’un jeune imam évoquant la Bataille d’Al-Khandaq à la mosquée Omar ibn al-Khattab, dans la banlieue de Mossoul : «Avez-vous entendu parler de la bataille livrée par le Prophète en 627 ? Savez-vous comment les musulmans l’ont gagnée ? En suivant leur chef sans le trahir… en empêchant les infidèles d’entrer dans la ville… en supportant la faim, la soif et la peur… la survie du Califat dépendra de la fermeté avec laquelle Mossoul affrontera les infidèles ». Sur les réseaux sociaux, les djihadistes de l’Etat islamique comparent la bataille engagée à Mossoul à celle de Médine, donnant à l’affrontement une dimension éminemment religieuse et épique. Les défenseurs de l’ancienne Ninive, écrasés sous les bombardements des coalisés, sont déjà perçus comme des martyrs par une partie du monde musulman.

A part les tranchées creusées face aux voies d’entrée de Mossoul, le rapport de force défavorable entre défenseurs et assaillants – 1 contre 10, en ne prenant pas en compte les troupes de réserve estimées au moins à 30 000 hommes, et les matériels – et la volonté des djihadistes de tenir jusqu’à leur dernier souffle, la comparaison avec le siège de Médine s’arrêtait là. C’était déjà beaucoup.

Mais, depuis la « Réunion de haut niveau pour la stabilisation de Mossoul », tenue à Paris le 20 octobre 2016, il faut ajouter la volonté affichée des coalisés – ou tout du moins de François Hollande – de supprimer les djihadistes retranchés dans Mossoul. Le président français, paraphrasant les dires de certains chefs de milices chiites qu’il combat par ailleurs en Syrie, a déclaré que les coalisés devaient « être exemplaires sur le plan de la poursuite des terroristes qui déjà quittent Mossoul pour rejoindre Raqqa… nous ne pouvons admettre une évaporation de ceux qui étaient à Mossoul ». Plus facile à dire qu’à faire…

Si l’issue de la bataille ne fait aucun doute, qui peut croire que la reconquête de la ville – ou de ce qui en subsistera – signifiera la fin de l’Etat islamique et du califat ?

*Basé à Berlin, le site trilingue NIQASH (arabe, kurde, anglais), créé en mars 2005 par l’ONG Media in Cooperation and Transition (MICT), diffuse des informations sur la situation en Irak. Le MICT est financé par l’Allemagne, la Belgique et le Canada, ainsi que par quelques fondations et des organismes dépendant des Nations unies.

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