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Les habitants de Rakka déplorent la mainmise d’islamistes extrémistes sur la ville « libérée ». OLJ/Reuters


Syrie Raqqa les nonnes no comment !
simone lafleuriel-zakri

Les habitants de Rakka déplorent la mainmise d’islamistes extrémistes sur la ville « libérée ».
OLJ/Reuters

07/12/2013

Quelques mois après le départ des soldats fidèles au président Bachar el-Assad de la ville syrienne de Rakka, surnommée la « fiancée de la révolution » par certains opposants à Damas, l’euphorie est retombée et les prisons se sont remplies, alors que des milices proches d’el-Qaëda contrôlent les lieux.

Les habitants se sont réveillés un matin de mars pour voir les dernières forces gouvernementales quitter la ville, située dans l’est, et ont immédiatement fêté leur départ, dans l’espoir de faire de Rakka un modèle pour l’après-Assad. « À l’époque, nous étions tous heureux de cette libération, peu importe qui était là », se souvient l’un des habitants. « Rakka était là pour tous les Syriens et ceux qui les ont aidés à la libérer. » Quelques semaines plus tard, la ville connaissait une nouvelle répression, cette fois menée par des combattants jihadistes qui ont commencé à patrouiller dans les rues et ont par exemple interdit les débits de tabac, accusés d’enfreindre les règles musulmanes. « Ils ont aussi fermé les universités sous prétexte que des femmes suivaient aussi des cours », explique un habitant, dont le fils est recherché par les islamistes pour son activisme.

Comme dans le nord de la Syrie, l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe affilié à el-Qaëda, a peu à peu accru sa domination sur Rakka. « Quand Rakka a été libérée, nous avons cru qu’avec le départ du régime, le temps de la liberté avait commencé », explique un autre habitant. « Des gens ont commencé à nettoyer les rues. Nous pensions vivre un rêve. C’était un rêve. Ils l’ont détruit. »

Électricité coupée
Les jihadistes ont pris le contrôle de bâtiments publics et les ont transformés en prisons et en bases pour leurs opérations. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une église arménienne a ainsi été réquisitionnée. Depuis la prise de contrôle de Rakka par les miliciens, seules quelques boutiques sont ouvertes en journée pour vendre des denrées de base, et les rues sont entièrement vides la nuit. « L’électricité est coupée dans toute la ville ; seuls leurs bâtiments sont alimentés », affirme un opposant qui a quitté Rakka. « La ville entière vit dans le noir et ils ont de la lumière. »

Selon un autre opposant, qui vit désormais dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest, les combattants modérés de l’Armée syrienne libre (ASL), soutenus par les pays occidentaux, portent la plus grande part de responsabilité. « Tout ce que voulait l’ASL, c’était voler et accumuler de l’argent », accuse-t-il. « Dès le premier jour de la libération de Rakka, ils l’ont laissé à l’État islamique. »

Les habitants disposent de peu de renseignements sur les combattants islamistes, qui masquent leurs visages et évitent toute conversation, et savent juste que certains viennent d’Irak, de Libye ou des pays du Golfe. « Au début, ces combattants masqués étaient gentils avec les gens, ils les aidaient », rappelle un témoin. Les jihadistes se sont ensuite attaqués à des habitants qui avaient aidé la rébellion, et ont mené des exécutions publiques sur l’une des principales places de la ville. « Ils ont commencé à assassiner les cadres de l’ASL », raconte l’un des habitants interrogés. « Ils ont brûlé les églises, détruit les statues dans les parcs et pillé les musées, en disant que les images étaient contraires à l’islam. » « La fiancée a changé. Au lieu d’une robe blanche, on l’a forcée à s’habiller en noir. »

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