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Les insuffisances de l’enquête israélienne sur les massacres de Sabra et de Chatila


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samedi 15 septembre 2012, par Amnon Kapeliouk

Avec l’affectation récente – sur l’insistance du premier ministre, M. Begin – du général Amos Yaron, commandant des forces israéliennes dans la région de Beyrouth lors des massacres des Palestiniens à Sabra et à Chatila (16-18 septembre 1982), au poste de chef de bureau des effectifs à l’état-major général de l’armée israélienne, s’est achevée la mise en oeuvre des recommandations de la commission Kahane, chargée d’enquêter sur ces massacres. Aujourd’hui, quatre mois après la publication de son rapport le 8 février 1983, force est de conclure que la montagne a accouché d’une souris.

Personne ne peut ignorer l’apport positif de cette enquête, qui éclaire certains aspects de la complicité et de la responsabilité de plusieurs chefs militaires et civils israéliens dans les événements qui ont entraîné l’assassinat de sang-froid, par les milices de droite libanaises (dites « Forces libanaises », de milliers de Palestiniens et de Libanais habitant ces deux camps, faubourgs de Beyrouth. Mais la commission, qui n’a pas mené son enquête dans une tour d’ivoire, n’a probablement pas manqué de tenir compte de ses éventuelles répercussions sur l’opinion. Les trois enquêteurs n’ont pas voulu provoquer une véritable prise de conscience risquant de déclencher une crise morale et politique. Leurs conclusions sont en effet le minimum qu’on pouvait en attendre, au regard des faits accablants dont ils eurent à connaître. En pratique, le rapport a permis à M. Begin, qui s’était d’abord opposé à toute enquête sur le rôle d’Israël dans ce massacre, d’éviter la chute de son gouvernement, le seul changement au sein du cabinet étant la nomination du « faucon » notoire, le professeur Moshe Arens, à la tête du ministère de la défense, alors que le général Sharon y demeure comme ministre sans portefeuille et reste membre de la commission ministérielle de la défense nationale. La levée de boucliers des partisans du général Sharon à la suite de la publication du rapport – et dont le ministre de l’intérieur, M. Joseph Burg, a dit qu’elle « avait une odeur de putsch » – a poussé tous ceux qui, en Israël, craignaient pour l’avenir des institutions à défendre publiquement le rapport de la commission Kahane. La tempête s’étant calmée, il est temps maintenant d’examiner et d’analyser ce rapport en toute sérénité, car, de l’avis de plusieurs experts, il laisse à désirer sur certains points fondamentaux.

Tout d’abord, les massacres de Sabra et de Chatila sont partie intégrante de la guerre au Liban, alors que la commission les traite comme des événements isolés, une fâcheuse exception.

Les trois membres de cette commission – deux magistrats, MM. Itzhak Kahane et Aharon Barak, et le général de division Yona Ephrat – font partie de l’ establishment, et ils n’ont pas eu un mot pour critiquer un quelconque aspect de l’invasion israélienne du Liban (par exemple, la destruction des camps au Sud-Liban). Les bombardements massifs de Beyrouth-Ouest par l’aviation, l’artillerie et la marine israéliennes pendant le siège – qui, en deux mois et demi, ont fait des milliers de morts et de blessés civils – sont qualifiés par le rapport de « bombardements occasionnels des différents objectifs dans Beyrouth-Ouest » (§ 19) du texte officiel en hébreu (1). Au début (§ 11), à propos des atrocités qui auraient été commises lors de la guerre civile libanaise l’accent est mis tout d’abord sur ce qui se passa à Damour « prise et détruite ! [A.K.] « par les terroristes palestiniens », alors que le massacre de la Quarantaine, bidonville de la banlieue de Beyrouth, commis par les Phalanges une semaine auparavant (le 14 janvier 1976) n’est pas mentionné. L’occupation de Beyrouth-Ouest par l’armée israélienne, en violation des promesses solennelles de l’Etat hébreu, est justifiée d’emblée de la façon suivante : « Une situation d’extrême urgence justifiait une action immédiate et déterminée pour éviter des développements non souhaitables et même dangereux pour Israël » (§ 73). En fait l’armée israélienne entre et prépare le terrain pour des événements « non souhaitables ». Elle désarme les milices musulmanes et progressistes, brisant l’équilibre précaire entre les différents groupes armés, et livre ainsi la population palestinienne à la merci des milices chrétiennes de droite. Sans la destruction de cet équilibre, les Forces libanaises du président assassiné Bechir Gemayel n’auraient pas pu, de l’avis de tous les experts, procéder aux massacres de Sabra et de Chatila. Parmi les forces locales, celles-ci avaient toujours été les plus faibles (2).

Le rapport Kahane présente en outre deux grandes lacunes. Les membres de la commission n’ont pas pu se rendre sur les lieux – les Israéliens avaient déjà quitté Beyrouth sous la pression américaine, – ainsi qu’ils le reconnaissent eux-mêmes (§ 2). D’autre part parmi les deux cent vingt et un témoins qui ont comparu devant la commission, le nombre des étrangers est insignifiant. Presque aucun Palestinien ou Libanais n’a témoigné. Il est vrai que M. Kahane et ses collègues souhaitaient entendre les dépositions de Palestiniens et de Libanais témoins du massacre. Mais ceux-ci n’ont pas comparu soit par peur, soit parce qu’ils ne savaient comment s’y prendre, soit encore, et c’est le plus vraisemblable, parce qu’ils ne voulaient pas, par leur témoignage, légitimer une commission soupçonnée de subjectivité. Quoi qu’il en soit, les données relatives aux Palestiniens et aux Libanais ne sont pas toujours rigoureuses et comportent des contradictions sinon des erreurs (3), et certaines omissions inexplicables. Par exemple, alors que le rapport mentionne à plusieurs reprises ce qui s’est passé à l’hôpital Gaza (à Sabra), il ne dit mot de l’hôpital Akka (au sud de Chatila) qui fut pourtant le théâtre d’atrocités bien plus abominables. Pourquoi ? Parce que trois personnes de l’équipe médicale de l’hôpital Gaza, l’infirmière Ellen Siegel de nationalité américaine, et les docteurs Swee Chai Ang et Paul Morris, tous deux de nationalité britannique, ont témoigné le 1er novembre 1982 à Jérusalem et ont donné des précisions sur les événements survenus dans leur hôpital. En revanche, personne parmi ceux qui ont vu les assaillants torturer et tuer à Akka n’a déposé devant la commission alors que les détails sur les atrocités d’Akka ont été abondamment reproduits par tous ceux qui enquêtaient sur place. Les noms de Moufid As’ad (quatorze ans), Palestinien assassiné dans son lit, d’Intissa Ismaïl (dix-neuf ans), infirmière palestinienne violée et assassinée, des médecins palestiniens Ali Othman et Sami Khatib froidement abattus devant leurs collègues et d’autres noms encore revenaient dans plusieurs enquêtes.

Pour avoir une idée de ce qui se passait à l’hôpital Akka, il suffisait de se renseigner au bureau de la Croix-Rouge internationale à Beyrouth, dont le personnel a évacué les malades et l’équipe médicale le vendredi 17 septembre alors que les miliciens continuaient à se déchaîner dans d’autres parties des deux camps. L’absence de témoignages sur Akka et sur d’autres crimes commis au cours des quarante heures de carnage est à l’origine de graves lacunes dans le rapport Kahane.

Ce qu’on voyait du septième étage du poste de commandement avancé

L’UNE des erreurs les plus fâcheuses de la commission consiste à affirmer qu’ « on ne pouvait pas voir, depuis le toit du poste de commandement avancé [de l’armée israélienne] ce qui se passait à l’intérieur des camps dans le secteur où les Phalanges ont pénétré » (§ 69). « Le poste de commandement avancé était situé sur le toit d’un bâtiment de cinq étages [sept étages en réalité, comme peut le constater chaque passant. – A. K.], situé à quelque deux cents mètres au sud-ouest du camp de Chatila (…). Depuis le toit du poste de commandement, il était possible d’avoir une vue d’ensemble des camps, mais, comme l’affirment tous ceux qui ont pu visiter ce toit – témoignages que nous pouvons considérer comme crédibles, – il était impossible de voir ce qui se passait dans les ruelles des camps » (§ 23). Même affirmation au paragraphe 34 : « Sitôt passé le barrage entourant les camps, les mouvements des Phalanges n’étaient plus visibles à l’intérieur des camps depuis le toit du poste de commandement avancé [israélien]. » Pourtant, à la fin de ce même paragraphe, on lit que « le général Amir Drori [commandant de la région nord d’Israël] était présent sur le toit du P.C.A. vers 19h30 [le jeudi16 septembre] et le quitta après 20 heures, après avoir suivi les combats qu’on pouvait apercevoir du toit. »

Ce problème de la visibilité à partir du toit est important. Les magistrats israéliens devaient se fonder, dans leur rapport, sur les déclarations de témoins qui seraient incriminés s’il se révélait qu’on pouvait voir du haut du toit ce qui se passait dans les camps. Leurs affirmations sur l’absence de visibilité sont donc compréhensibles. Mais les camps et le toit existent toujours et il suffit d’y monter, comme nous l’avons fait tout récemment, pour constater qu’on pouvait voir au moins ce qui se passait dans le secteur qui a été le plus éprouvé par les massacres et qui est le plus proche du poste de commandement avancé. La fosse commune que les phalangistes ont creusée au sud-ouest de Chatila, à 300 mètres du fameux toit, est visible d’en haut. Des bulldozers y ont déversé des dizaines, sinon des centaines, de cadavres pendant les massacres et l’on pouvait discerner d’en haut au moins une partie de cette activité. Aux affirmations des officiers qui ont déclaré devant la commission d’enquête qu’ils ne voyaient pas les massacres, le célèbre écrivain israélien A. B. Yéhochoua a répondu : « Même si je croyais que les militaires israéliens stationnés à quelques centaines de mètres des camps ne savaient pas ce qui s’y passait, ce serait le même type d’ignorance que celle des Allemands qui se trouvaient à côté de Buchenwald et de Treblinka et ne voulaient pas savoir ce qui s’y passait. Nous non plus, nous ne voulions pas savoir. Lorsqu’on parle de « liquidation » et de « purification » et lorsqu’on traite les Palestiniens d’ »animaux à deux pattes », il ne faut pas s’étonner qu’un militaire laisse de telles horreurs se commettre à côté de lui. »

Le poste de commandement qui donnait sur les camps a reçu des informations sur le déroulement des massacres de la bouche même des assaillants dès leur entrée dans ces camps. Une heure après l’entrée des phalangistes, un officier israélien posté sur le toit entend déjà par radio un officier phalangiste raconter à son commandant se trouvant lui-même sur le toit qu’ « il y avait là cinquante femmes et enfants » et demander des instructions. « La réponse d’Elie Hobeika [chef de la force phalangiste qui a pénétré dans les camps] par radio fut la suivante : « Ne me posez plus cette question ». « Vous savez très bien ce que vous avez à faire », et les phalangistes présents sur le toit se mirent alors à rire bruyamment » (§ 36) Peu après, l’officier des renseignements de la division israélienne entend toujours par radio des propos d’un chef phalangiste qui demande à ses subordonnés d’ « accomplir la volonté de Dieu » sur quarante-cinq autres civils (§ 35). Ensuite, deux heures après le début du massacre, l’officier de liaison des phalangistes raconte en dînant au restaurant du poste de commandement que « trois cents civils et terroristes » sont déjà tués. Le général Yaron entend lui-même ces propos (§ 38). Les informations sur la tuerie parviennent des assaillants et de soldats israéliens postés autour des camps. Mais, comme s’il obéissait à un ordre tacite, le haut commandement fait la sourde oreille. Lorsque le lieutenant Grabowsky, commandant adjoint d’une compagnie de chars israéliens sur la rampe au seuil de Chatila, veut informer ses supérieurs du massacre de civils qu’il a vu de ses propres yeux, il entend le commandant lui répondre : « Nous le savons. Cela ne nous plaît pas, mais il ne faut pas intervenir » (§ 46). Dans la soirée, peu après le début du carnage, « quand le général Yaron a entendu l’officier de renseignements dire au cours d’une réunion d’information qu’il y avait un risque que des femmes et des enfants soient tués, il l’a interrompu ; et il ressort de la transcription de la conversation qui s’est déroulée à ce moment-là que le général Yaron souhaitait minimiser cette affaire et mettre fin aux discussions à ce sujet. »

Même les Américains sont informés et demandent, selon le rapport (§ 48), l’arrêt des « opérations » dans les camps. Seul le commandement israélien semble ne pas être au courant de ce qui se passe à l’intérieur des camps et de la gravité de la situation. Mais alors pourquoi prendre la précaution d’effacer les insignes de l’armée israélienne sur un bulldozer livré aux Phalanges, ainsi que le signale le paragraphe 48 ?. Le correspondant militaire de Yediot Aharonot, Eitan Haber, écrit ironiquement : « C’était embarrassant de voir combien le haut commandement du nord du pays et son général ignoraient ce qui s’était passé sous leur nez. Alors que cette même armée israélienne savait où, dans quelle rue, dans quel bâtiment et à quel étage habitait chaque chef des fedayin de Beyrouth et connaissait exactement l’épaisseur du mur du réacteur nucléaire de Bagdad » (4).

L’un des défauts les plus graves du rapport Kahane est relatif à la question de la responsabilité du massacre. Sur ce point, les conclusions de la commission sont en contradiction avec les faits qu’elle-même rapporte. L’armée israélienne a occupé Beyrouth-Ouest ; elle était donc responsable de la paix et de la sécurité de sa population civile, aux termes des lois internationales les plus élémentaires. D’ailleurs, le prétexte invoqué pour justifier son entrée à Beyrouth-Ouest était bien la volonté « d’éviter les risques de violences, les effusions de sang et le chaos » (§ 41). Le 16 septembre 1982, au lendemain de l’occupation de Beyrouth-Ouest, le bureau du ministre de la défense diffuse un document où il est dit notamment : « F) Un seul élément, et cet élément sera l’armée israélienne, commandera les forces sur le terrain. Quant à l’opération dans les camps, ce sont les Phalanges qui y seront envoyées » (§ 32). Selon l’interprétation du chef du bureau des renseignements militaires de l’armée, « cela signifiait que toutes les forces opérant sur le terrain, y compris les Phalanges, se trouveraient sous l’autorité de Tsahal et agiraient selon ses directives » (ibid.).

Le même jour, au conseil des ministres, « le chef d’état-major de l’armée [le général Raphaël Eytan] a expliqué que les camps étaient encerclés par nous et que les Phalanges commenceraient à y opérer la nuit même. [Au moment où le général parle, les assaillants ont déjà assassiné des centaines de civils. – A. K.] Ce sont des forces auxquelles nous pourrions donner des ordres » (§ 41). « Il a notamment rapporté avoir informé les dirigeants phalangistes que leurs hommes auraient à participer aux opérations et devaient se tenir prêts à aller là où on leur dirait (…) et qu’ils y opéreraient selon leurs propres méthodes » (ibid.).

Qui sont les alliés de l’armée israélienne et quelles sont leurs méthodes ? Le rapport en parle abondamment. « Les dirigeants des Phalanges se proposaient d’expulser une grande partie des réfugiés palestiniens du territoire libanais, soit en les persuadant de quitter volontairement le Liban, soit en utilisant différents moyens de pression. Ils ne cachaient pas qu’il serait certainement nécessaire d’avoir recours à la violence pour provoquer l’exode de beaucoup de réfugiés palestiniens du Liban » (§ 17). Plus loin, le rapport cite encore des propos du chef des phalangistes, Bechir Gemayel, sur la nécessité de « liquider le problème palestinien au Liban, une fois parvenu au pouvoir, même si pour cela il fallait avoir recours à des moyens extrêmes (…). Des remarques semblables étaient formulées par d’autres dirigeants des Phalanges. D’autre part, certaines actions des phalangistes durant la guerre indiquaient qu’il n’y avait pas de changement fondamental dans leurs rapports avec divers secteurs de la population libanaise, tels que les druzes et les Palestiniens, qu’ils considéraient comme des ennemis. On a reçu des informations concernant des massacres de femmes et d’enfants par les Phalanges, et des opérations de liquidation de Palestiniens perpétrées par l’unité de renseignements d’Elie Hobeika [qui commandait les forces qui sont entrées à Sabra et à Chatila]. Ces informations ont renforcé, auprès de plusieurs personnes, et en particulier auprès des officiers de renseignements chevronnés, le sentiment que les Phalanges exploiteraient la moindre occasion pour se livrer à des massacres de Palestiniens » (§ 21).

Que font donc les généraux Sharon et Eytan ? L’armée israélienne encercle les camps, désarme par ailleurs les milices libanaises hostiles aux Phalanges, coordonne l’entrée de celles-ci dans les camps, donne une aide logistique multiforme et… ferme les yeux et se bouche les oreilles pendant les quarante heures que dure le carnage. Résultat : quelque trois mille civils tués dans une orgie de massacre rarement vue depuis la seconde guerre mondiale (5).

« Sera accusé de meurtre… »

APRÈS quoi, les trois enquêteurs affirment que la responsabilité de MM. Begin, Sharon, Eytan, etc. est indirecte. La meilleure réponse à cette affirmation est venue de la plume d’Amos Oz, le plus connu des écrivains israéliens : « Celui qui invite l’éventreur du Yorkshire à passer deux nuits dans un orphelinat de jeunes filles ne peut ensuite prétendre, en voyant l’amoncellement de cadavres, qu’il s’était entendu avec lui pour qu’il se contente de laver la tête des enfants. » Le romancier Izhar Smilansky a lui aussi ironisé : « On a lâché des lions affamés dans l’arène. Ils ont dévoré des hommes. Donc les lions sont coupables. » D’après le paragraphe 298 du code pénal israélien de 1977, « sera accusé de meurtre quiconque aura provoqué par un acte ou par une incurie la mort d’une personne ». Le paragraphe 26 du même code définit les complices d’un meurtre et les considère comme des responsables directs. Comment ne pas conclure alors que la responsabilité israélienne était directe avant le début du massacre, et à plus forte raison après l’entrée des « forces libanaises » dans les camps.

Vendredi, à 16 heures, vingt-deux heures après le début du carnage, le chef d’état-major israélien tient une réunion avec le commandement des Phalanges. « Le chef d’état-major a invité les phalangistes à poursuivre leur activité en nettoyant les camps vides au sud de Fakahani jusqu’à demain 5 heures, heure à laquelle ils devront cesser leur action en raison de la pression américaine. »

(§ 48). Ce paragraphe, d’une extrême gravité, montre tout d’abord que le haut commandement israélien a permis aux assaillants de continuer la tuerie pendant encore treize heures (et, en réalité, quelques heures de plus). Il révèle que ce sont les Américains, et non pas les Israéliens, qui ont fait pression pour que les massacres cessent le plus tôt possible. Enfin, on découvre tout à coup que les camps sont vides (6), alors que les responsables israéliens avaient sans cesse répété que « deux mille terroristes » étaient restés à Beyrouth après l’évacuation des fedayin à la suite de l’accord Habib en août 1982, et que le « nettoyage » des camps de fedayin a été confié aux phalangistes pour épargner la vie des soldats israéliens. S’il y avait effectivement eu des centaines de fedayin dans les deux camps, on n’aurait en aucun cas osé y envoyer une unité de cent cinquante phalangistes – médiocres combattants, de l’avis de tous – au début de l’opération (quatre cents miliciens au total). De fait, les pertes des assaillants ont été minimes – deux morts et deux blessés légers.

A la lumière des preuves accumulées et des nombreux témoignages, il est inconcevable que les généraux Sharon et Eytan, les artisans de l’opération Sabra et Chatila, n’aient pas sur ce qui allait se produire dans les deux camps. A la rigueur, on peut rejoindre le rapport Kahane quand il estime (§ 81, dans le sous-chapitre concernant le général Eytan) que le chef d’état-major « croyait qu’en fin de compte les excès des phalangistes ne prendraient pas de grandes proportions. » Nous y voilà. Un petit massacre pour effrayer les Palestiniens et les faire fuir du Liban ; un nouveau Deir-Yassine, par phalangistes interposés cette fois.

Reste une petite phrase à la fin du rapport Kahane, dans le chapitre « Remarques finales » (§ 97). Des louanges sont distribuées aux soldats israéliens pour leur « éthique guerrière » . Soudain, il est dit qu’ « il est regrettable que la réaction des soldats israéliens aux atrocités qui ont été perpétrées contre des non-combattants, soit par cruauté, soit par sentiment de vengeance, n’ait pas toujours été suffisante pour interrompre ces actions méprisables. » Plus loin, on lit, toujours à l’intention des soldats israéliens, que « la fin ne justifie jamais les moyens et que le respect des valeurs humaines et morales fondamentales doit toujours accompagner l’usage des armes » . Pourquoi ces remarques, alors que, selon le rapport (§ 66 et 68), les soldats israéliens étaient au-dessus de tout soupçon ?

Le rapport de la commission Kahane a sans doute des mérites, mais il présente aussi de graves lacunes. Il ne clôt pas cette horrible affaire, loin de là. Tous les responsables directs doivent être châtiés. Contrairement à ce qu’affirme ce document, ils ne sont pas exclusivement libanais.

Amnon Kapeliouk
Auteur de Sabra et Chatila, enquête sur un massacre, Le Seuil, coll. « Histoire immédiate », Paris, 1982. (Le Monde diplomatique – Juin 1983)

(1) Les passages cités ont été traduits par nos soins. La traduction française du rapport parue récemment chez Stock n’est pas toujours exacte et comporte de nombreuses erreurs.

(2) Amnon Kapeliouk, Sabra et Chatila, une enquête sur un massacre, pp. 39-43.

(3) Dès la première phrase du rapport, après l’introduction, on relève une inexactitude. « La guerre civile, y est-il dit, a éclaté au Liban en 1975. Elle a débuté par des affrontements à Saïda entre chrétiens et terroristes palestiniens » (§ 11). Or l’assassinat, le 26 février 1975, de Maarouf Saad, personnalité nassérienne de Saïda, a eu lieu au cours d’un affrontement entre manifestants progressistes libanais et unités de l’armée libanaise. Selon tous les historiens, la tuerie d’Ein-el-Remaneh, dans la banlieue chrétienne de Beyrouth, le 13 avril 1975, lorsqu’un autobus transportant des Palestiniens fut attaqué par des phalangistes qui tuèrent vingt-sept personnes, a marqué le début de la guerre civile.

(4) Yediot Aharonot, 1er novembre 1982.

(5) Le rapport Kahane suit la statistique israélienne, qui minimise le nombre des victimes (700 à 800 personnes). On ne saura jamais leur nombre exact. Selon des sources gouvernementales libanaises citées par l’Orient le Jour du 14 octobre 1982, 762 cadavres ont été mis en terre par différents organismes. Les mêmes sources indiquent que quelque 1200 cadavres ont été inhumés par les familles. A quoi il faut ajouter les centaines de corps enterrés par les assaillants dans des fosses communes, d’autres restés sous les décombres, nivelés par la suite, et enfin des centaines de disparus dont les traces n’ont pas été retrouvées à ce jour. Cf. A. Kapeliouk, Sabra et Chatila, enquête sur un massacre, pp. 93-94, op. cit.

(6) Le rapport de l’officier des renseignements de la division, présenté au cours d’une réunion tenue le soir du début du massacre, dit lui aussi clairement : « Il ne reste apparemment pas de terroristes dans les camps », (§ 39).

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