Les préparatifs américano-israéliens de guerre contre l’Iran
novembre 10, 2012
10 novembre 2012
Par Peter Symonds
Le plus important exercice militaire commun américano-israélien jamais organisé a commencé dimanche 21 octobre, conçu pour tester les systèmes antimissiles intégrés de l’Etat sioniste.
Des jeux de guerre de trois semaines impliquent plus de 3.500 personnels militaires américains en Israël et en Europe, 1 000 membres des Forces de défense israéliennes et le déploiement de batteries antimissiles Patriot et d’un navire de guerre américain équipé du système de missiles antibalistiques Aegis.
Selon les généraux américains et israéliens, les exercices sont conçus pour simuler une guerre multi-fronts avec un rythme élevé de salves visant des cibles israéliennes, dont des tirs de missiles balistiques de courte et de longue portée ainsi que de mortiers et de roquettes.
Le Lieutenant général Craig Franklin a minimisé l’importance de ces exercices, déclarant : « Il n’y a pas de message particulier. C’est pour prouver les capacités de défense d’Israël. » En fait, les jeux de guerre ne sont ni purement défensifs ni dépourvus d’une cible. Comme le scénario le met en évidence, l’objectif consiste plutôt à se préparer aux conséquences immédiates susceptibles de résulter d’une attaque américano-israélienne sur l’Iran et de tester la capacité de Washington et de Tel-Aviv à neutraliser les représailles de Téhéran et de ses alliés.
Aussi bien l’administration Obama que le gouvernement israélien ont maintenu un battement de tambour constant de menaces belliqueuses contre l’Iran à propos de son programme nucléaire. Prenant la parole à l’Assemblée générale des Nations Unies le mois dernier, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a insisté pour dire qu’une « ligne rouge » devait être définie, prétendant faussement que l’Iran était à quelques mois de construire une bombe atomique. Une ligne rouge n’a qu’un seul sens : elle établit le prétexte pour la guerre.
L’exagération américaine et israélienne à propos de la menace que poserait Téhéran est totalement hypocrite.
Contrairement à l’Iran, Israël a refusé de signer le traité de non-prolifération nucléaire, ou de permettre des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Elle dispose déjà d’un arsenal important d’armes nucléaires et des moyens pour les envoyer n’importe où au Moyen-Orient. En outre, les États-Unis et Israël ont une longue expérience pour mener des guerres illégales d’agression dans la région, et sont en train d’en planifier une nouvelle contre l’Iran.
Les tests des systèmes antimissiles d’Israël renforcent seulement la capacité d’Israël et des États-Unis de lancer une attaque injustifiée contre l’Iran en toute impunité. Les jeux de guerre se tiennent en tandem avec un exercice majeur de la défense civile d’Israël qui a commencé le week-end dernier. Sous prétexte de faire face à un tremblement de terre, le Commandement du front intérieur des Forces de défense israéliennes, ainsi que tous les services d’urgence et les ministères du gouvernement, ont mené un exercice « pour se préparer aux situations d’urgence qui pourraient nous prendre par surprise. »
Ces activités en Israël ne sont qu’une partie de plus vastes préparatifs de guerre. Les États-Unis ont également renforcé les systèmes de défense antimissile protégeant leurs alliés dans les États du Golfe. Le mois dernier, la marine américaine a tenu son exercice le plus important jamais mené dans le golfe Persique, impliquant des navires de guerre provenant de 30 pays. Le but était de neutraliser toute tentative iranienne de miner le détroit d’Ormuz en représailles à des attaques américaines.
En outre, depuis le début de l’année, le Pentagone a doublé le nombre de ses groupes aéronavals de combat et a stationné un escadron d’avions de combat F-22 sophistiqués dans la région, renforçant considérablement sa capacité à mener une guerre contre l’Iran. Toute attaque américaine viserait non seulement les installations nucléaires iraniennes, mais une grande partie de l’infrastructure militaire et industrielle du pays, avec des conséquences dévastatrices pour l’économie et le peuple iranien.
Dans leur troisième débat présidentiel, lundi, Obama et Romney se disputaient pour montrer leur détermination à soutenir Israël, à augmenter les sanctions économiques paralysantes contre l’Iran et à se préparer à la guerre.
Alors qu’il y avait un accord bipartisan sur cet agenda militariste, c’est Obama qui sur chaque point a été son avocat le plus belliqueux.
Obama s’est référé spécifiquement aux jeux de guerre en cours comme la preuve que son administration avait mis en place « la plus forte coopération militaire et de renseignement » avec Israël.
Avec une complète indifférence quant aux conséquences pour le peuple iranien, il s’est vanté d’imposer « les plus fortes sanctions de l’histoire contre l’Iran… Leur devise a chuté de 80%. Leur production de pétrole a plongé au niveau plus le bas [depuis la guerre avec l’Irak]… Leur économie est en ruine. »
Quand Romney a demandé des sanctions plus sévères et a appelé à une intervention militaire en dernier ressort, Obama a répondu que le temps pour des négociations tirait rapidement à sa fin. « L’horloge tourne » a-t-il dit.
« Nous n’allons pas permettre à l’Iran de s’engager indéfiniment dans des négociations qui ne mènent nulle part… Si elles ne satisfont pas aux exigences de la communauté internationale, nous allons prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer qu’ils n’aient pas d’arme nucléaire. »
Dans le dos de la classe ouvrière en Amérique, au Moyen Orient et à l’échelle internationale, les préparatifs avancés d’une nouvelle guerre criminelle sont en cours. Comme les interventions militaires en Afghanistan, en Irak et en Libye, c’est une guerre fondée sur des mensonges et des tromperies.
L’impérialisme américain n’a pas l’intention d’attaquer l’Iran pour l’empêcher de construire une arme nucléaire, mais pour mettre en place un régime à Téhéran qui soit conforme à ses ambitions pour la domination des régions riches en énergie du Moyen-Orient et de l’Asie centrale.
La politique irresponsable de Washington menace de déclencher un conflit à l’échelle régionale qui a le potentiel de mobiliser de grands rivaux des USA tels que la Chine et la Russie, qui ont tous deux en jeu des intérêts économiques et stratégiques très importants. La seule force sociale capable de mettre un terme à une telle catastrophe est la classe ouvrière internationale. La lutte contre le militarisme et la guerre exige la construction d’un mouvement de masse basé sur l’internationalisme socialiste pour mettre fin au capitalisme et à son système périmé d’État-nations qui est la cause fondamentale de la guerre.
Article original, WSWS, publié le 25 octobre 2012
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