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Les risques de guerre régionale… et les possibilités de débordement au Liban


France-Irak Actualité : actualités sur l’Irak, le Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak, au Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne, enquêtes et informations exclusives.


Publié par Gilles Munier sur 4 Mai 2018, 06:44am

Catégories : #Liban, #Syrie, #Iran, #Proche-Orient

Par Scarlett Haddad (revue de presse : L’Orient-Le Jour – 3/3/18)*

La petite phrase de Hassan Nasrallah dans son discours de mardi dans la Békaa a confirmé les inquiétudes de certaines parties internes au sujet des développements régionaux. Le secrétaire général du Hezbollah a ainsi indiqué que désormais, la guerre indirecte par forces interposées est terminée en Syrie et qu’elle peut céder la place à une guerre directe entre les grands protagonistes. En d’autres termes, il est en train de confirmer le fait que les groupes alliés, financés ou appuyés par les Occidentaux et les pays régionaux, ont été défaits sur le terrain syrien et qu’il y a donc d’importants risques que la confrontation soit dorénavant directe entre ceux qui appuient le régime syrien et ceux qui le combattent. Cette déclaration du responsable chiite est intervenue au lendemain de la seconde attaque israélienne contre des militaires iraniens en Syrie. La première avait eu lieu quelques jours avant le bombardement tripartite (américain, français, britannique) destiné à protester contre l’utilisation présumée d’armes chimiques par l’armée syrienne. Le raid israélien avait alors visé la base militaire de T4 et avait fait des victimes syriennes et iraniennes. La seconde attaque a eu lieu il y a quelques jours et elle a visé des positions militaires entre Hama et Alep, causant là aussi la mort de plus d’une vingtaine de militaires iraniens. Au début, les Israéliens ont gardé le silence sur cette attaque et ce sont les Américains qui ont dévoilé la véritable identité des attaquants. Depuis, la région tout entière est sur le qui-vive et les pronostics se multiplient sur la suite des événements.

Pour les uns, les Iraniens ne peuvent pas ne pas riposter aux deux attaques israéliennes. Il y va, selon eux, de leur crédibilité et de leurs intérêts. La question, selon les partisans de cette théorie, est de savoir où et quand les Iraniens décideront de répondre et ils annoncent que ces derniers préparent déjà une riposte efficace sur des positions israéliennes névralgiques. Si cela devait se produire, ils sont convaincus que cela entraînerait un embrasement de la région car les Israéliens ne pourront pas rester les bras croisés et le Hezbollah non plus. La principale confrontation devrait donc avoir lieu en territoire syrien, mais elle pourrait rapidement déborder vers le Liban et à l’intérieur même de l’Iran.

Les adeptes de cette thèse affirment que les Israéliens ne peuvent pas accepter le déploiement des forces iraniennes à proximité du Golan occupé. Ils ont déjà exprimé à plusieurs reprises leur protestation à Vladimir Poutine et à leurs interlocuteurs russes, sans obtenir gain de cause. Au contraire, les Iraniens sont en train de multiplier leurs bases militaires en Syrie et dans la région considérée comme sensible du sud du pays. De même, les Israéliens estiment qu’ils ne peuvent pas avoir une meilleure conjoncture pour agir. D’un côté, le président américain Donald Trump, contrairement à son prédécesseur Barack Obama, les appuie sans réserve et il est aussi hostile à l’Iran qu’eux et, d’autre part, les pays du Golfe sont désormais convaincus que la plus grande menace pour la région, et pour eux en particulier, vient de l’Iran, non d’Israël. En effet, jamais auparavant la position des pays du Golfe n’avait été aussi claire sur ce sujet, à travers notamment les déclarations du prince héritier saoudien lors de sa visite aux États-Unis sur le fait que la cause palestinienne n’est plus une priorité pour les Saoudiens. Les Israéliens, selon cette thèse, considèrent donc que le moment stratégique est propice pour lancer une attaque contre des positions militaires iraniennes, et même si la situation dégénère, ils auront à leurs côtés les Américains et une partie des pays arabes. Ceux qui défendent cette thèse ajoutent, pour l’étayer, que le représentant saoudien aux Nations unies Abdallah al-Moallimi a déclaré récemment devant les représentants des pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, dans le cadre d’une attaque du rôle de l’Iran, en particulier en Syrie, au Yémen et au Liban, qu’il est « temps de traiter le cas du Hezbollah en Syrie et au Liban ». Ce serait donc une sorte de feu vert à une attaque contre le Hezbollah, dans la foulée d’une opération contre l’Iran.

Il y a toutefois un autre son de cloche qui dit que les Iraniens ne sont pas comme les Arabes et qu’ils ne réagissent pas à chaud, préférant étudier tranquillement toutes les possibilités pour être sûrs de ne pas faire un faux pas qui pourrait se retourner contre leurs intérêts. Pour les partisans de cette théorie, les Iraniens préféreraient donc continuer à aider le régime syrien pour qu’il finisse la mission de libérer la partie la plus importante de son territoire de la présence des groupes armés. Il s’agirait pour eux d’un objectif stratégique, plus important et plus utile que des attaques spectaculaires, juste pour sauver la face, avec des risques de dérapage. D’ailleurs, des responsables iraniens avaient déclaré à la suite de l’attaque israélienne contre la base de T4 qu’ils ne comptent pas riposter pour l’instant car l’Irak et le Liban sont en période électorale. Est-ce à dire qu’ils attendent la fin de ces échéances pour agir ? Le Liban sera doté d’un nouveau Parlement à partir de lundi et en Irak, à partir de la mi-mai. Ce qui coïncide pratiquement avec l’annonce de la décision de Donald Trump au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien signé par les pays dits 5 plus 1 (les 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité plus l’Allemagne).

L’avenir de la région pourrait donc se jouer au cours de deux prochaines semaines, mais au Liban, des sources responsables continuent d’affirmer que quels que soient les développements régionaux, le Liban restera à l’abri de la guerre. C’est le principal message donné par la communauté internationale à travers les conférences de Rome, Paris et Bruxelles.

*Source : L’Orient-Le Jour

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