Les voisins de la Syrie craignent le chaos à leur porte
janvier 10, 2012
Les médias internationaux couvrent abondamment l’attentat survenu à Damas. Seuls quelques articles représentatifs ont été reproduits dans cette revue de presse. Alors qu’il y a deux semaines, lors du premier attentat, les journaux rapportaient avec scepticisme la version de Damas accusant al-Qaida et avec complaisance la version de l’opposition pro-occidentale accusant le pouvoir, ils renvoient cette fois dos-à-dos les deux camps, sans plus manifester de sympathie pour personne.
Si la plupart des médias persistent à condamner Bachar el-Assad, ils sont moins nombreux à souhaiter sa chute, tant ils manifestent leur crainte d’une évolution chaotique à l’irakienne et d’un exode des chrétiens.
Sur le terrain, les groupes armés ne cherchent plus à ouvrir la voie à une intervention de l’OTAN pour renverser le régime, mais à livrer une guerre de basse intensité pour affaiblir le pays.
Les acteurs régionaux rebattent leurs cartes. Le gouvernement Erdogan doit faire face à la colère de sa population, qui souffre des conséquences économiques de la fermeture de la frontière syrienne.
Après avoir instrumenté le débat sur le génocide arménien pour faire éclater l’alliance militaire avec la France, la Turquie amorce un virage perceptible en cherchant à renouer de bonnes relations avec Téhéran.
Israël s’inquiète d’un soutien apporté par Washington aux islamistes dans trop de pays à la fois. De son côté, la Ligue arabe est déconcertée par les découvertes de ses observateurs qui remettent en cause la version médiatique occidentale et le rôle du Qatar. Ce dernier réagit en accusant la Syrie de ne pas respecter ses engagements et en cherchant à transmettre le fardeau aux Nations-Unies. Mais le voyage de M. Ban dans la région suscite à l’avance beaucoup d’hostilité.
• Dans De Morgen (Belgique), Jef Lambrecht revient sur la confusion qui régne autour des observateurs de la Ligue arabe. Et si ce que disait l’opposition syrienne n’était pas tout à fait vrai, s’interroge t-il ? Auteur d’un ouvrage sur lesrévolutions arabes, il rappelle que le général al-Dabi a été choisi pour diriger cette mission parce qu’il avait été ambassadeur du Soudan au Qatar et avait négocié l’accord de Doha ouvrant la voie à une solution pacifique au Darfour.
Jef Lambrecht souligne également que les informations de regroupement en Turquie des Libyens d’Al Qaida commandés par Abdelhakim Belhaj font plus penser à un scénario d’intervention étrangère qu’à une authentique révolution.