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« L’homme malade de l’Europe » se rétablit et revient plus fort (analyse turque)


Publié par Gilles Munier sur 5 Août 2020, 16:31pm

Catégories : #Turquie, #Erdogan, #Macron

Sous prétexte que la Turquie violerait les souverainetés grecque et chypriote, le président français Emmanuel Macron demande des sanctions contre Ankara. Or ce qui le dérange en réalité c’est une nouvelle dynamique de développement et d’émancipation de la Turquie qui se transforme peu à peu en une véritable puissance mondiale, leader du monde musulman.

par Öznur Küçüker Sirene (revue de presse : TRT en français – 29/7/20)*

En 1853, lors d’entretiens avec l’ambassadeur britannique Sir G.H. Seymour, l’empereur russe Nicolas Ier avait désigné l’Empire ottoman comme « un homme malade, un homme très malade ». Environ 6 siècles après sa fondation, connaissant de grandes difficultés économiques et subissant des pertes territoriales, l’Empire ottoman était effectivement usé de toutes les tentatives de déstabilisations internes et externes, qui semaient la zizanie et l’hostilité dans ses territoires multiethniques.

Lorsqu’en 1923 la nouvelle république turque a été créée sur le modèle occidental comme une volonté de rompre avec le passé ottoman, les pays européens ont en quelque sorte ressenti un soulagement. Cet homme « malade » mais si redouté, détesté mais aussi admiré, était en quelque sorte « enterré » dans les pages de l’histoire.

Or cette pause ou cette parenthèse historique n’était qu’un sommeil réparateur. Il était tout simplement impossible de faire disparaître mille ans d’histoire en quelques ans. Aujourd’hui en 2020, le célèbre magazine français Le Point s’alarme avec son titre : « Sainte-Sophie, Syrie, Libye, Méditerranée : Erdo?an, la guerre à nos portes ». L’ex-directeur du journal Franz-Olivier Gisbert va encore plus loin en écrivant dans son éditorial : « Au secours les Ottomans reviennent ! ».

Ce qui revient en réalité n’est pas l’Empire ottoman, c’est l’esprit et l’âme de tout un peuple et de toute une civilisation, endormis pendant près d’un siècle. La nouvelle Turquie n’attaque pas-donc ce n’est pas une « guerre » contre l’Europe comme l’insinue cyniquement Le Point- mais elle se défend et s’affirme face à ceux qui veulent la mettre sous contrôle.

Réouverture d’Ayasofya en tant que mosquée : une nouvelle page pour une nouvelle Turquie

La réouverture d’Ayasofya en tant que mosquée est tout un symbole et un message au monde : Symbole d’une indépendance totale et de la résurrection d’un héritage ancestral, message de la renaissance du monde musulman anéanti et déchiré de Bagdad jusqu’à Kaboul.

La Turquie veut s’affirmer comme le leader de ce monde musulman déboussolé et abandonné à son propre sort face aux forces d’occupation qui détruisent des terres pour des intérêts économiques. Elle représente un modèle et un espoir pour les pays du Maghreb et de toute l’Afrique, dont la plupart ont été pillés durant la colonisation française.

La nouvelle Turquie n’a pas peur comme le soulignait si joliment l’auteur de l’hymne nationale turque : « Comment une telle foi pourrait-elle être étouffée par ce monstre édenté que tu appelles la « civilisation » ? ». La propagande médiatique à l’Occident visant à diaboliser la Turquie en présentant le bourreau comme la victime et vice versa n’est pas un frein à la revendication légitime de ses droits. Elle ne se laisse pas faire, se défend et s’impose comme « une puissance douce » tantôt en accueillant des migrants tantôt en envoyant de l’aide humanitaire aux quatre coins du monde. L’aide médicale que la Turquie a envoyée à 140 pays sur 152 qui en ont fait une demande dans ce sens pendant la pandémie de coronavirus en est la meilleure preuve. Le Croissant-Rouge turc (K?z?lay) enverra aussi de l’aide à plus de 4 millions de personnes dans le besoin dans le monde pendant la fête musulmane de l’Aïd al-Adha.

Le prix à payer

Panser ses blessures du passé pour « se réveiller » n’est pas toujours simple. Il y a forcément un prix à payer dans ce réveil douloureux. La tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, perpétrée par l’organisation terroriste guléniste (FETO), était l’illustration de ces difficultés et obstacles dans le chemin vers une totale indépendance. Le peuple turc en est sorti vainqueur et grandi.

Aujourd’hui l’épreuve de la Turquie est en Libye, en Syrie, en Méditerranée orientale ou en Irak pour protéger ses territoires de la menace terroriste, assurer les intérêts économiques et sécuritaires de son peuple. Les pays occidentaux dont notamment la France qui perdent du terrain dans ces régions tenteront de présenter la Turquie comme une force déstabilisatrice alors qu’ils agissent eux-mêmes comme de véritables fauteurs de trouble.

La France de Macron qui armera secrètement les forces du criminel de guerre Haftar accusera la Turquie de soutenir le gouvernement d’accord national (GNA) internationalement reconnu dans le cadre d’un accord militaire. La France de Macron qui parlera d’une lutte acharnée contre le terrorisme accueillera des éléments des YPG, branche syrienne de l’organisation terroriste PKK également reconnue comme telle par la France elle-même. La France de Macron inventera le prétexte d’« un incident naval » avec la Turquie pour provoquer les alliés de l’OTAN et de l’UE contre Ankara.

Afin de déstabiliser la Turquie, Macron tente sa dernière chance en essayant par tous les moyens d’inciter l’Union européenne à imposer des sanctions contre Ankara. Alors qu’il y a beaucoup moins de cas et de décès liés au coronavirus en Turquie qu’en France -Ankara a même envoyé de l’aide médicale à la France-le 24 juillet, le gouvernement de Macron a même imposé l’obligation de fournir un test, pour les passagers en provenance de 16 pays, dont la Turquie.

Néanmoins ces tentatives pour contrer la Turquie sont vaines ! Les dés sont jetés. Alors que « l’homme malade de l’Europe » se réveille doucement et se rétablit, l’Europe devient progressivement « l’homme malade » du monde au sens propre comme au sens figuré du terme.

*Source : TRT (en français)

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