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«L’Ouest n’entend pas vraiment lutter contre le terrorisme», selon la conseillère de Bachar el-Assad


25 août 2016
Bouthaina Shaaban
© StringerSource: Reuters
Bouthaina Shaaban
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Bouthaina Shaaban, conseillère politique et médiatique du président Bashar el-Assad, raconte à la journaliste Eva Bartlett comment les médias occidentaux font taire les voix syriennes en propageant de fausses accusations contre le gouvernement.

Eva Bartlett est pigiste et militante des droits de l’homme. Elle a eu une longue expérience dans la bande de Gaza, où elle a vécu pendant trois ans. Depuis avril 2014, elle s’est rendue quatre fois en Syrie et travaille pour faire entendre la voix de ceux qui souffrent à cause de la guerre en Syrie. Ses articles peuvent être consultés sur son blog «In Gaza» (en anglais).

Concernant la réaction de ces médias aux libérations par l’armée arabe syrienne des territoires contrôlés par les terroristes à qui l’Occident accorde une assistance (parmi les exemples les plus récents la libération des districts industriels d’Alep Bani Zaid et Layramoune de la soi-disant «armée syrienne libre» (FSA), du Front al-Nosra, du Harakat Nour al-Din al-Zenki et de l’Ahrar al-Sham, parmi d’autres groupes terroristes), Bouthaina Shaaban les a accusés d’avoir «deux poids deux mesures». Ils ont accueilli ces nouvelles par un silence assourdissant.

Ils se moquent non seulement des vies des civils à Alep et en Syrie, mais aussi des vies des civils à Nice, à Paris ou aux Etats-Unis

«Si l’Occident veut vraiment mettre fin à ces actes de terrorisme, pourquoi sont ils si mécontents de la libération de Bani Zaid, à Alep, où des milliers de civils ont péri ? Ils auraient dû saluer l’armée arabe syrienne qui avait affranchi les citoyens syriens du terrorisme, ils auraient dû se réjouir du fait que les groupes terroristes qui créaient l’enfer à Alep aient subi une défaite.»

Il n’y a pas vraiment de position contre le terrorisme», a ajouté la conseillère du président syrien. «Ils se moquent non seulement des vies des civils à Alep et en Syrie, mais aussi des vies des civils à Nice, à Paris ou aux Etats-Unis. Les vies de la population civile en Syrie valent autant que celle de n’importe quel pays européen, il faut être humain à cet égard.»

Comparant la méthode russe de lutter contre le terrorisme en Syrie à celle des forces de la coalition occidentale, Bouthaina Shaaban a indiqué que les forces occidentales manquaient de la volonté nécessaire pour accomplir leur mission.

«La Russie perçoit le terrorisme comme une tumeur mondiale contre laquelle il faut vraiment lutter de façon radicale pour éviter qu’elle se propage dans d’autres pays. Mais l’Occident n’a pas cette conviction, cette volonté ou cette intention.

Le président a publié un décret accordant la clémence aux mercenaires et groupes anti-gouvernementaux. C’est le paroxysme de l’amnistie.

L’amnistie gouvernementale ignorée

Dès le début de la guerre le gouvernement syrien a fait preuve de sa volonté de trouver une solution politique, y compris en créant en 2012 un ministère de la réconciliation qui a supervisé de nombreux accords permettant aux Syriens emprisonnés pendant la guerre de rendre leurs armes et de bénéficier d’une amnistie officielle.

Or, les médias occidentaux ont ignoré cette volonté de mettre en place des moyens politiques de réintégration dans la société syrienne.
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«Indépendamment de ce que [les mercenaires/groupes anti-gouvernementaux] ont fait, le président a publié un décret leur accordant la clémence, sans avoir recours aux mesures pénitentiaires, les appelant à retourner dans leur pays et à le reconstruire. C’est le paroxysme de l’amnistie. Je ne pense pas qu’un autre pays ou un autre président en soit capable.

Mais les médias occidentaux n’en ont pas dit un mot. Même le médiateur des Nations Unies ne l’a jamais mentionné, ce qui en dit long sur les «efforts» qu’ils déploient pour trouver une solution politique en Syrie.»

La population occidentale n’entend pas notre voix. Nous n’avons aucun moyen de communication, les médias importants bloquent toute communication entre nous et l’Occident.

A cette étape de l’interview, la conseillère présidentielle a eu des mots durs, évoquant l’état actuel des médias occidentaux qui «falsifient les faits» de manière régulière.

«A l’Ouest il n’y a aucune liberté de presse. Les grands médias ont un agenda et cherchent à tout représenter sous sa lumière. Soit ils cataloguent contre nous des accusations, soit ils falsifient les fait et publient des choses qui n’ont rien à voir avec la vérité…»

Bouthaina Shaaban a déploré que les médias les «aient diabolisés aux yeux de la population occidentale qui ne sait pas qui ils sont.»

«La population occidentale n’entend pas notre voix. Nous n’avons aucun moyen de communication ; les médias importants bloquent toute communication entre nous et l’Occident», a-t-elle ajouté.

Rien, en Syrie, ne peut être appelé « opposition modérée

La conversation a ensuite porté sur l’annonce récente selon laquelle le Front al-Nosra avait changé de nom et si cela voulait dire qu’ils n’étaient plus des terroristes.

«Ce sont des terroristes», a répondu Bouthaina Shaaban. «Ce sont les actes qui comptent, pas le nom. C’est un excellent sujet pour un film hollywoodien : une organisation terroriste, branche d’Al-Qaïda, qui a passé cinq ans à tuer des gens en Syrie, change désormais de nom, ce qui veut dire qu’elle ferait partie de «l’opposition modérée». C’est absolument ridicule et aucune personne sensée ne prendrait cela au sérieux.»

Bouthaina Shaaban a exprimé de sérieux doutes concernant le terme d’«opposition modérée» qui, selon elle, n’existe pas en Syrie.

«Rien, en Syrie, ne peut être appelé « opposition modérée ». Tous ces groupes criminels tuent des gens, confisquent des terrains, pillent les hôpitaux et les usines. Ils sont tous pareils, peu importe quels noms ils prennent.»
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La résolution de l’ONU disparue

Bouthaina Shaaban s’est egalement prononcée au sujet de la lutte de l’Occident contre le terrorisme, qu’elle décrit comme une «farce». Pour appuyer ses propos, elle a fait référence au fait que les dirigeants occidentaux, et l’ONU elle-même, n’avaient pas tenu compte de la Résolution 2 253 du Conseil de sécurité de l’ONU qui appelait à mettre fin au terrorisme en Syrie. Ils ont en même temps soutenu la résolution 2 254 et le plan de l’OTAN pour la mise en œuvre d’un changement du gouvernement en Syrie.

«Je voudrais que quelqu’un, à l’ONU, réponde à mes questions : Vous souhaitez la mise en œuvre de la résolution 2 254 ? Pourquoi ne parlez-vous pas de la résolution 2 253 ? Ce serait logique de les mettre en œuvre dans l’ordre dans lequel elles ont été adoptées : d’abord la 2 253, ensuite ce serait plus facile de réaliser la 2 254», a-t-elle estimé.

C’est l’hypocrisie de l’Occident : ils présentent au public leur position contre le terrorisme et leur volonté de le combattre, alors que, en réalité, ils le favorisent.

La résolution 2 253 se focalise précisément sur la lutte contre le terrorisme de «Daesh, d’ Al-Qaïda et des groupes et des individus associés» en Syrie, pour qu’une résolution politique du conflit syrien puisse voir le jour. Parmi ses disposition figurent la cessation du financement des groupes terroristes (y compris les rançons), l’interdiction de voyager, l’embargo sur les armes et la nécessité de «traduire en justice, extrader ou poursuivre en justice toute personne qui soutient, favorise le financement direct ou indirect des activités menées par Daesh, Al-Qaïda et des personnes ou des groupes associés, participe ou tente de participer à leur financement…», ainsi que l’indique le communiqué de presse des Nations Unies au sujet de la résolution.

Evoquant la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU 2 253, Bouthaina Shaaban a affirmé : «C’est une résolution du Conseil de sécurité adopté en conformité avec le chapitre 7, elle donne plus d’obligations que la résolution 2 254. Pourtant même ceux qui travaillent aux Nations Unies ne la mentionnent pas. C’est l’hypocrisie de l’Occident : ils présentent au public leur position contre le terrorisme et leur volonté de le combattre, alors que, en réalité, ils le favorisent, sans même mentionner cette résolution du Conseil de sécurité adopté en conformité avec le chapitre 7, 24 heures avant que ne sois passée la résolution 2 254.

Je pense qu’ils ne l’évoquent pas, parce que cette résolution a la condition sine qua non pour mettre fin au terrorisme, parce qu’elle implique la punition pour le financement, l’armement et le soutien aux terroristes en Syrie. Si cette résolution était mise en œuvre, cela signifierait la fermeture de la frontière turque, l’Arabie saoudite et le Qatar seraient rappelés à l’ordre pour avoir financé le terrorisme, les terroristes ne pourraient plus traverser la frontière et venir en Syrie.»

Il n’y a pas de volonté internationale réelle de mettre fin à cette guerre contre la Syrie, malgré tout ce qu’ils disent

En conclusion, le docteur Shaaban a expliqué ce que ce non respect de cette résolution 2 253, disparue et non discutée, signifiait pour elle : «Cela montre d’abord que ceux qui ont pris la décision, y compris l’ONU et l’Occident, n’ont pas sérieusement envie de lutter contre le terrorisme. En fait, ils n’ont pas envie de lutter contre le terrorisme. Ce qu’ils veulent, c’est utiliser le terrorisme à leurs propres fins, pour réaliser leur agenda avec le terrorisme comme arme.

Ensuite, ils ne seraient pas capables de mettre en place la résolution 2 254, même avec toutes les bonnes intentions du monde, car pour ce faire, il faut remplir la condition sine qua non, en mettant le terrorisme au moins sous contrôle. Sinon, comment peut-on aspirer à une solution politique en Syrie ? Comment peut-on négocier et libérer Raqqa, Deir ez-Zor et le reste d’Alep sans affaiblir le terrorisme d’abord ?

Il n’y a pas de volonté internationale réelle de mettre fin à cette guerre contre la Syrie, malgré tout ce qu’ils disent. Peu importe ce qu’ils disent, ce qui importe, c’est ce qu’ils font. Malheureusement, le premier à en payer le prix est le peuple syrien.

Ceux qui ont dès le début visé la Syrie, que ce soit des partenaires régionaux ou internationaux, ne veulent pas la fin de cette guerre contre la Syrie. Cela devient donc une guerre d’usure contre le peuple syrien.»

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