M. De Rugy, considérez-vous toujours Parouby comme un démocrate après sa glorification de Hitler?
septembre 7, 2018
Russie politics – Billet d’humeur
Karine Bechet-Golovko
Mercredi 5 septembre 2018
En juin de cette année, le président du Parlement ukrainien, A. Parouby affilié aux mouvements néonazis ukrainiens, était reçu avec les honneurs de la République par De Rugy, qui estimait normal de recevoir un homologue démocratiquement élu, estimant qu’il faut parler avec tout le monde, mais ne se demandant ni comment recevoir, ni comment parler. M. De Rugy et la presse française, qui minimisait le scandale d’une telle réception, seront certainement heureux de savoir que ce grand démocrate ukrainien vient, devant les caméras de télévision ukrainienne, de déclarer que Hitler était le plus grand démocrate. Une réaction, chers amis?
Dans une émission politique sur la chaîne ukrainienne ICTV, le président de la Rada vient de faire des déclarations qui laissent sans voix. Pour ceux qui en ont l’envie, voici la vidéo complète:
Nous apprenons ainsi, avec soulagement, que le président de la Rada, Andry Parouby, s’occupe, scientifiquement, depuis longtemps des questions démocratiques. Et d’ailleurs, non sans rire, en matière de démocratie directe, Hitler est le plus grand démocrate de tous les temps.
Etrangement, la seule ressource en français à en parler est Sputnik, ces mêmes journalistes que Macron considère comme des « propagandistes », qu’il ne faut surtout pas accréditer. Etrange, non? Pas une ligne dans les journaux français, pas une réaction de nos hommes politiques, ni de nos défenseurs des idéologies et pseudo-valeurs postmodernes. Rien.
Il faut dire que, par exemple, dans le Figaro, l’on pouvait lire quelques lignes très intéressantes nous expliquant que toutes ces critiques contre Parouby n’étaient plus d’actualité, maintenant c’était un démocrate pro-européen:
Andry Parouby n’est plus membre de Svoboda depuis la révolution orange de 2004. En 2007, il a été élu à la Rada sous les couleurs de la coalition Notre Ukraine, au logiciel plus libéral et pro-européen. Il est réélu cinq ans plus tard sur une liste de «Patrie», parti conservateur dirigé par l’ex-premier ministre Ioulia Tymochenko.
J’ai peur que nous n’ayons pas la même conception du libéralisme ni la même vision des valeurs européennes. Sur le parcours de parouby, voir notre texte ici.
Quant à De Rugy, qui expliquait qu’il fallait parler avec tout le monde, autrement dit qu’il fallait être réaliste, l’on peut rappeler que c’est exactement sur ce mode que la France, même après 1938, envisageait sereinement la collaboration avec l’Allemagne nazie comme le seul moyen de retrouver sa fierté, rejetait toute possibilité de conflit :
« Un trop grand effort d’armement que suppose toute politique d’endiguement du Reich ne pourrait lui aussi que renforcer le déséquilibre économique du pays. Voilà ce que pense par exemple Louis Renault. L’économie de l’armement, poursuit A. Detœuf, « menace les finances publiques » et fait courir un risque de totalitarisme, en accroissant l’intervention de l’État. Au bout du compte, la coopération avec l’Allemagne est le levier de la reconstruction économique du pays. Elle assainirait le budget de l’État, permettrait le renforcement des groupes industriels qui pourraient dès lors repartir à l’assaut des marchés extérieurs (comme Renault ou Alsthom en Pologne). Un conflit franco-allemand serait considéré, sous cet angle, comme criminel. Il empêcherait la renaissance d’une France moralement forte qui, selon les vœux de P. Baudouin, directeur de la Banque d’Indochine, pourrait s’associer avec l’Allemagne « en vue de la défense et de la reconstruction d’un Occident menacé » »
Non, Parouby n’a pas changé, il a simplement mis un costume. Il n’y a pas d’anciens néonazis, il n’y a que des fanatiques. Et dans nos rangs non plus, rien n’a changé. La pleutrerie n’a manifestement pas quitté les tréfonds de nos politiques. Donc, effectivement, rien, un silence total. Un silence écrasant. Comme s’il suffisait de taire quelque chose pour que cette chose cesse immédiatement d’exister. Le déshonneur de la République est à ce prix. Le nôtre aussi.
PS: Extrait de la « pensée » de Parouby publiée dans son ouvrage « Un regard de droite » en 1999:
Seule l’Ukraine est capable aujourd’hui de proposer au monde entier un véritable nationalisme, qui pourra sortir les gens de la déchéance morale et devenir l’idéologie principale du futur. Je suis convaincu : cette conception du monde sera basée sur le social-nationalisme en tant que maillon final du développement du nationalisme ukrainien traditionnel.
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Source : Russie Politics
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