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Mélenchon et Chávez : l’étrange soutien d’un impérialiste à un révolutionaire


Lors d’un récent numéro de marketing politique, Jean-Luc Mélenchon a pris la défense de Chávez. Dans ce curieux attelage de la carpe et du lapin, il n’y a pourtant qu’un révolutionnaire et il est aussi Catholique. Cette tribune met le FDG face a ses contradictions et démontre que Mélenchon et Chávez sont en réalité en opposition sur l’essentiel : la politique internationale, le socialisme, et la religion.

La récente campagne Vénézuelienne a donné l’occasion à Mélenchon de se distinguer du fond médiatique Français en clamant son soutien au président Chávez, qui, avec une réélection à près de 55%, doit faire pâlir de jalousie n’importe quel leader Occidental pour qui arriver à conserver 50% de popularité au bout de deux ans en poste relève du miracle. Cet exercice de style fut sans doute au moins partiellement motivé par le désir de se sentir vraiment « de gauche » au moment ou le gouvernement qu’il soutint au soir du premier tour, défend la ratification du MES.

Cependant, connaissant la promptitude du FDG à qualifier quiconque parle de souveraineté ou de nation, de « fascistes », « crypto-fascistes », « Pétainistes (1) », et autres qualificatifs devenus incontournables dans tout débat politique, je fus surpris de découvrir que Mélenchon s’était enamouré du leader Bolivariste, dont la politique est en réalité un exemple de Gaullisme au XXIéme siècle.

C’est donc l’objet de cet article que d’interpeller le FDG et son chef, pour leur demander, en toute candeur, leur positionnement « officiel » sur ce qui fonde, depuis une quinzaine d’années maintenant, l’action d’Hugo Chávez… Je vous invite donc à cet effet, si vous trouvez cette tribune pertinente, à la leur faire parvenir via tout ce que le Web offre de moyens de dialogues et de débats (deux concepts démocratiques donc le FDG est friand et demandeur).

1/ La politique internationale

La responsabilité suprême d’un chef de l’Etat repose dans la politique internationale et la voix de son pays parmi le concert des Nations. C’est aussi (avec la religion Catholique – nous y reviendrons plus tard en digestif) le sujet sur lequel Mélenchon est le plus vigoureusement en opposition avec sa nouvelle idole.

Hugo Chávez est, on le sait, un « non-aligné » (une terminologie très Gaulliste) ; il n’est pas inutile de rappeler à ce sujet que si Mélenchon président décidait d’aventure de faire participer la France au Sommet des Non-Alignés qui représente la moitié de la population mondiale, il faudrait pour cela déclencher une bataille diplomatique et faire sortir la France de l’UE (Malte et Chypre durent sortir de ce Sommet pour devenir membres de l’UE). Le Vénézuela a ainsi, conformément à cette doctrime, et à l’occasion des dernières guerres contre la Libye, Syrie, et l’Iran, pris un positionnement clair contre « les impérialistes », et aux cotés de Khaddafi, Al-Assad, et Ahmadinejad, dont il est allié.

A l’occasion de la mort de Khaddafi, Chávez s’était ainsi désolé : « Je m’en souviendrai comme d’un grand combattant, un révolutionnaire et un martyr ». En Septembre dernier,il déclarait au sujet de la Syrie : « d’ici, j’envoie mes salutations au Président Al-Assad et au peuple Syrien qui résistent à une guerre impérialiste ». A propos de l’Iran, c’était, entr’autres en 2006 : « nous serons aux cotés de l’Iran n’importe quand et sous n’importe quelles conditions ».

Le FDG, relativement pudique sur ces questions internationales, a cependant, dans une rare sortie, condamné l’Iran via la voix de M. Mélenchon sur Radio France(2). Il serait donc bon qu’à l’occasion de cet article, des sympathisants ou des officiels du FDG nous expliquassent clairement quel est le positionnement de leur parti !

Sur le sujet voisin de la question Israélo-palestinienne, Hugo Chávez a également pris un parti sans concession contre Israël, qu’il a publiquement « maudit »(3), au point de faire cesser les relations diplomatiques avec ce pays suite à l’opération Plomb Durci. Là encore, le FDG soutient-il oui ou non cette position sur le conflit, ou rangerait-il définitivement la France, à l’ONU, parmi les ennemis de Chávez ?

2/ Le socialisme en pratique

Les nationalisations menées par le Vénézuela au début des années 2000 sont un exemple d’action socialiste qui émeut beaucoup de sympathisants du Front de Gauche, qui y voient là un modèle et une inspiration à suivre. Seulement, ces individus peu formés aux sujets politiques, ignorent (et leur hiérarchie se garde bien de le leur faire savoir) qu’une telle politique ne pourrait être menées par la France dans le contexte actuel qu’en sortant de l’Union Européenne puisque ceci violerait toutes les « règles » de concurrence décidées par Bruxelles. Qu’il soit rappellé à titre d’exemple que lorsque l’Argentine décida souverainement de nationaliser le pétrole exploité par l’Espagnol Repsol en Avril 2012, elle s’exposa à des sanctions décidées par l’UE, et donc mécaniquement appliquées par la France.

Ceux qui passent ainsi leur temps en rodomontades en parlant de nationalisations ou interdictions de licenciements, impossibles dans l’UE, sont aussi ceux qui qualifient dans le même temps quiconque parle de sortir de l’UE de « Pétainistes ». Il faudra bien choisir, des deux, qui l’emporte : l’UE, ou le droit de contrôler son économie. A ce sujet également, le FDG répondra peut-être.

En termes de politique sociale intérieure, une mesure particulière a retenu mon attention et va certainement surprendre certains lecteurs : la Constitution du Vénézuela, par son article 88, reconnait à la « femme au foyer » un statut social ainsi qu’un salaire. Une mesure qu’on ne trouve en France qu’au Front National. Le FDG compte-t-il s’inspirer et reprendre cet article ?

3/ La religion

Qu’il me soit enfin permis de rappeler qu’Hugo Chávez est un fervent Catholique, participant régulièrement en public à des prières, et engageant l’Eglise dans la politique. Il a par exemple déclaré en Juillet dernier que « l’Eglise pouvait contribuer, avec le gouvernement, dans la lutte contre la pauvreté ». Mélenchon est à l’inverse franc-maçon et farouchement opposé au Catholicisme en particulier.

Conclusion

Fervent nationaliste, Catholique, non-aligné, résistant à l’Empire, Chávez est en réalité un exemple de ce que pourrait (devrait) être le Gaullisme au XXIéme siècle. Que Mélenchon cesse donc son cirque médiatique clownesque en se réclamant publiquement d’un personnage dont il qualifierait de « nauséabond » ne serait-ce que le dixième de la substance politique si on l’appliquait en France ! Ou alors, qu’il réponde clairement aux 3 clarifications majeures soulevées plus haut et qu’il confirme publiquement son soutient à Chavez ! Je vous invite à transmettre cette tribune aux instances du Front de Gauche dans le but de tirer cette question au clair.

 

(1) Le 26 juin 2011 – M. Jean-Luc Mélenchon déclare sur la radio Europe 1 que « prôner la sortie de l’euro relève du maréchalisme ».

(2) http://www.youtube.com/watch?v=BEf1…

(3) http://www.youtube.com/watch?v=FZth…

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