Message d’Assad à l’allié russe!
août 20, 2020
L’axe US/OTAN qui se berce d’illusion ces temps-ci de pouvoir s’emparer militairement du Liban, à la faveur des explosions du 4 août, et d’y éliminer ensuite la Résistance et couper de la sorte le pont de contact entre le Levant et la Chine, se croit capable aussi d’en faire autant face à la Russie?
Presque simultanément au vaillant discours qu’a adressé le président syrien Bachar al-Assad, mercredi 12 août aux élus du Parlement où il a dénoncé dans les termes les plus clairs l’axe Turquie/Israël qui opère contre la Syrie en parfaite concert, piloté qu’il est à millimètre près depuis Washington, le chef du CentCom, McKenzie se plaignait devant le think Tank « Institut de paix de Washington » en faveur d’une « ingérence US » dans l’ouest syrien!
Or on sait que la côte ouest à savoir l’ultra stratégique région de Lattaquié abrite les principales bases russes mais aussi la DCA syro-russe qui jusqu’ici et malgré des moments de faiblesse certaines, a réussi à barricader hermétiquement le ciel syrien face aux tentatives d’incursions des avions de l’OTAN d’Israël et des Etats Unis.
« Sur la rive ouest de l’Euphrate, les USA sont absents d’où la très mauvaise situation qui devrait inquiéter tout le monde! Daech y dispose d’une certaine liberté d’action et vu le nombre grand des camps des réfugiés, le régime Assad ne peut rien, bloqué par la Covid-19 et d’autres problèmes! », a dit McKenzie. La combine est bien connue : A la lumière de l’action conjointe Turquie/Israël, les USA se croient désormais assez en confiance pour remettre en cause à la fois la DCA syro russe sur la Syrie occidentale et tenter une percée à Lattaquié. Il y a peu Ankara a d’ailleurs formé un nouveau QG pour commander ses opérations militaires non seulement au sud d’Idlib mais encore à l’ouest de Lattaquié.
Mercredi devant les députés, le président Assad a qualifié la Turquie, d’« agent » US en Syrie, en affirmant que la politique des Turcs n’a rien à envier à celle des Israéliens et qu’il y a là une parfaite synergie que la Syrie combattra mais dont les alliés de Damas, à savoir la Russie et l’Iran devront tenir compte : « Tout comme Israël occupe illégalement les hauteurs du Golan depuis longtemps, la Turquie a commencé par occuper des parties de la province frontalière et stratégique d’Idlib et a désormais les yeux rivés sur la région stratégique de Lattaquié sur la côte ouest syrienne et non-loin de la frontière libanaise. Et ce, sans tenir compte des accords internationaux signés à Astana ».
Les propos du président syrien interviennent alors même que les flottes de guerre occidentales ont débarqué sous prétexte d’appui humanitaire au Liban sur la côte de Beyrouth.
Et le fin stratège qu’est Assad de commenter ce fait en ces termes:
« Les États-Unis ont un lien étroit avec le terrorisme et ne peuvent pas le supprimer de la scène de leur politique étrangère. la présence des terroristes dans la région, y compris Daech, est vitale à l’existence des États-Unis. Chaque fois que les terroristes échouent dans leur bataille, les Américains tentent de faire escalader les tensions dans le pays. Idem pour la Turquie et Israël. A titre d’exemple, l’armée israélienne s’est engagée dans les frappes aériennes sur Deir ez-Zor pour faciliter la tâche aux éléments de Daech. Aussi malgré les efforts et les actions sincères de nos alliés iranien et russe pour faire avancer des initiatives [de paix], les États-Unis au moyen d’argent et la Turquie par le biais de ses représentants dans les pourparlers d’Astana, ont transformé toute initiative et tout plan en des « illusions politiques ».
L’allusion est trop directe pour ne pas être comprise : mettant à profit la trêve signée en mars avec la Russie à Idlib, puis ouvrant un front entre Idlib et la Libye, là encore contre la Russie, la Turquie otaniste n’a cessé tout au long de ces dernières semaines d’agir de façon coordonnée avec Israël dans le sens de préparer une percée US/OTAN en Syrie occidentale. Il s’agit d’un effort évidemment dirigée contre la présence navale russe en Syrie mais encore son bouclier de DCA installé dans l’ouest de la Syrie.
Surtout que les explosions de Beyrouth le 4 août, semblent avoir porté un effet totalement imprévu, celui de rétablir le contact géographique terrestre entre la Syrie et le Liban mais aussi un lien portuaire que les sanctions US ont tenté de saper ces derniers temps. Mardi, le port de Tartous a annoncé pouvoir servir pleinement de port de substitution à Beyrouth. Idem pour le port de Lattaquié. Cela veut dire une apparition parfaitement mal-calculée de la Russie sur la scène libanaise. A ceci s’ajoute cette route stratégique terrestre Iran-Irak-Syrie-Méditerranée par où sont d’ores et déjà transités, vivres et carburant vers le Liban. Le fait que Assad dénonce l’axe Turquie/Israël a un sens : il est grand temps que le grand allié russe de Damas revoie de façon substantielle ses liens avec ces deux : « Les actions de la Turquie étaient tellement similaires à celles du régime sioniste que nous avons des difficultés à faire la distinction entre «l’ennemi sioniste» et «la Turquie des Frères musulmans».
En un mot, Assad est déterminé à libérer la totalité de la Syrie et à appuyer le Hezbollah dans ce nouveau round de la guerre Empire/Résistance qui s’annonce et où comme toujours la Turquie et Israël jouent un rôle de premier ordre. Il espère pouvoir compter sur l’Iran mais aussi la Russie : «Le Golan reste dans le cœur de chaque honorable Syrien, la décision d’annexion du régime sioniste ou du régime américain ne change rien à notre droit de récupérer le Golan et de libérer toutes nos terres du joug du terrorisme ».