Messages du président Bachar al-Assad en visite surprise sur le front d’Idleb
octobre 24, 2019
Mercredi 23 octobre 2019
Merci, à vous tous.
Merci aux officiers, aux soldats, aux techniciens quelles que soient leurs spécialités.
Merci pour les énormes sacrifices consentis et que vous continuez à consentir face à cette guerre féroce dont vous vous êtes montrés à la hauteur.
Il est vrai que si vous rencontriez n’importe lequel de vos concitoyens, n’importe où, son premier mot serait « Mabrouk » ! [Félicitations doublées de bénédiction, NdT]. Mabrouk pour la victoire, surtout si cette rencontre a lieu ici, à « Al-Habit », région limitrophe de Khan Cheikoun récemment libérée.
Mais moi, je ne dirai pas mabrouk pour la victoire, car il s’agit d’une série de victoires, étant donné que telle fut la progression de nos Forces armées tout au long de ces neuf années de guerre. En revanche, si nous devons vous féliciter, nous vous féliciterons pour l’essentiel et le fondamental : la « victoire de la volonté », tant il est vrai que sans cette volonté, il n’y aurait pas eu de victoires militaires. C’est cette volonté, la volonté du peuple, qui a remporté cette victoire et les Forces armées l’ont concrétisée de la meilleure façon qui soit.
La vérité est qu’actuellement nous vivons une étape que je qualifierai de « mise en scène ». Une mise en scène magistrale, en plusieurs actes, d’un même auteur, d’un même réalisateur et d’un même producteur. Chacune des étapes que nous avons vécues correspond à l’un des actes de la scénographie : l’auteur-réalisateur-producteur étant l’Américain, tous les autres n’étant que des acteurs avec pour chaque acte son héros, Erdogan étant celui qui a le plus souvent joué le premier rôle.
Je dis cela car nous assistons à un changement de la situation militaire et politique dans la région nord. Évidemment, Erdogan y joue son rôle d’acteur et nous, en Syrie, nous y avons aussi nos acteurs et notre art. Cependant, nous, nous offrons un art respectable, tandis qu’Erdogan est certes une star mais, à notre grand regret, d’un art en déclin, au point où il ne peut même plus convaincre de sa sincérité les plus proches de lui, au sein de son régime, quelle que soit l’action entreprise.
Dans la dernière mise en scène, il a déclaré : « Nous avons décidé d’entrer en Syrie », alors que cela fait neuf ans qu’il le dit, mais qu’il ne le peut pas, parce que cela lui était interdit. Il ajoute : « Nous avons prévenu les Américains que nous allions entrer en Syrie ». Par conséquent, toi Erdogan, tu préviens les Américains ; ce qui signifie que tu es un esclave. Ils t’ont dit : « Entre ! ».
Et les forces américaines se sont retirées, avant qu’il n’entre quelques heures après leur retrait. Puis, il a déclaré : « Je ne rencontrerai pas le vice-président américain et ceux qui l’accompagnent ». Moins d’une heure après, la présidence turque faisait savoir que la rencontre avec Erdogan aura lieu. Autrement dit, il a en reçu l’ordre et il les rencontrera.
Cette mise en scène que nous, nous vivons, est parfaitement claire depuis longtemps. Ce que je veux souligner ici est que lorsque nous traitons Erdogan de « voleur », nous disons qu’il a volé les usines, le blé, le pétrole avec la collaboration de Daech, etc. et que maintenant, il vole la terre. Devant ce constat d’un voleur qui circule en toute liberté dans notre quartier, nous les enfants d’une même famille, que devons-nous faire, sinon collaborer tous ensemble ?
Malheureusement certains Syriens ne l’ont pas fait, notamment les premières années [de cette guerre]. Nous leurs disions : « Pariez uniquement sur l’Armée syrienne. Pariez sur le peuple syrien. Pariez sur la Patrie et restez dans son giron », mais ils sont restés sourds à nos appels. Je parle de certains groupes du nord que nous connaissons tous.
Et dans une deuxième étape, après 2014, le pari s’est déplacé vers les Américains. Nous avons répété les mêmes recommandations : « Ne pariez pas sur les Américains, ils vous vendront un des ces jours. ». Nous l’avons dit et répété en public et en privé lors de nos rencontres à huis clos. Mais, ils sont restés aussi sourds.
Puis est arrivé ce qui est arrivé. En dépit de toutes leurs rodomontades du style : « Nous nous battrons… Nous nous défendrons… », il n’a fallu que 4 jours pour que le Turc occupe en grande partie la région qui leur était destinée selon les plans des Américains.
Mais, ce n’est pas le moment de blâmer autrui. Nous sommes maintenant au cœur de la bataille et le seul vrai travail consiste à rassembler les efforts pour atténuer les dommages de l’invasion et expulser l’envahisseur, tôt ou tard.
C’est pourquoi notre premier acte, dès le moment où les forces [d’invasion] ont pénétré le nord du pays, a été la promulgation d’une sorte d’amnistie dans le but de régler certaines situations, comme vous le savez, afin que tous soient prêts à résister à l’agression, en tenant compte du fait que le plus grand nombre de ceux qui se sont retrouvés en immersion avec les terroristes ou les groupes séparatistes n’avaient pas les capacités d’agir autrement. Tel fut le premier pas.
Le deuxième pas fut de nous entretenir avec les diverses forces présentes sur le terrain militaire et le terrain politique, pour décider des actions possibles face à cette agression. Et, nous sommes prêts à soutenir toute formation décidée à mener une « résistance populaire » contre l’agression turque. Ici, il ne s’agit naturellement pas d’une décision politique.
En cela, nous ne prenons pas une décision politique, car c’est un devoir constitutionnel et un devoir national. Nous n’avons pas besoin de discuter pour nous demander si nous devons, ou non, soutenir n’importe quelle formation qui résiste contre n’importe quel agresseur. Si nous ne le faisons pas, nous ne mériterions pas d’être présents en tant qu’État. Et si nous ne le faisons pas en tant que Syriens, si nous ne résistons pas à l’agression, nous ne mériterions pas notre patrie.
Par conséquent, notre priorité du moment est la résistance contre cette agression. Mais aujourd’hui, je suis venu à Idleb pour vous affirmer que ce front [du nord-ouest] est d’une grande importance et qu’il représente la même priorité [que le front du nord-est].
En effet, j’ai déjà dit que toutes les régions de Syrie sont d’une égale importance. Il n’y a pas une région plus importante qu’une autre. Néanmoins, ce qui ordonne les priorités est en premier lieu la situation militaire. Ce sont nos préparatifs, la distribution de nos forces, la nature de l’ennemi, la nature des actions que l’ennemi est susceptible de mener, et d’autres facteurs en rapport avec la scène des opérations qui nous nous permettent de définir l’importance d’une bataille. Mais nous savons tous qu’Idleb est, à leurs yeux, un avant-poste en première ligne.
Or, habituellement, un tel avant-poste est dirigé dans le sens des opérations militaires. Mais dans ce cas, la bataille se déroulait à l’Est tandis que l’avant poste se situait à l’Ouest, dans le but de disperser les forces de l’Armée arabe syrienne.
C’est pourquoi nous disions, bien avant les évolutions dans le nord et la région du nord-est, que résoudre la bataille d’Idleb est essentiel pour mettre fin au chaos et au terrorisme dans toutes les régions syriennes. Et c’est pourquoi, je suis venu vous dire que toutes les dernières évolutions ayant accaparé l’attention de la planète d’est en ouest, et en Syrie évidemment, ne détournent pas notre attention quant à l’importance du front d’Idleb.
De votre côté, vous vous prépariez très sérieusement, ce que je suis dans les moindres détails. Vous êtes désormais prêts à recevoir l’ordre et à l’exécuter au moment opportun.
Dr Bachar al-Assad,
Président de la République arabe syrienne
22/10/ 2019
Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal
Source : Vidéo [site de la Présidence syrienne]
Écoutez aussi : Dans l’après midi de ce même jour, [M. Poutine et M. Erdogan ont tenu une conférence de presse à Sotchi] à l’issue de leur rencontre programmée depuis quelque temps. L’opération turque en Syrie était au menu des discussions. La déclaration finale lue par M. Lavrov est traduite en français. Que signifie-t-elle exactement ? Des cartes commencent à circuler. Demain il fera jour…
Et puis vers 21H30, heure française, la présidence syrienne publiait le communiqué suivant :
Communication téléphonique entre le président Al-Assad et le président Poutine :
La communication a porté sur la situation dans le nord syrien, M. Poutine ayant réaffirmé la souveraineté et l’unité territoriale de la Syrie et de son peuple, que tout accord entre la Russie et la Turquie se concentrera sur le combat contre toutes les sortes de terrorisme et sur la dissociation de tout agenda séparatiste en territoire syrien.
De son côté, le président Al-Assad a affirmé le refus total de toute invasion du territoire syrien, sous n’importe quelle étiquette ou quelque prétexte que ce soit ; que ceux qui ont des projets séparatistes portent la responsabilité de la situation actuelle ; que le retour des Syriens chez eux doit se faire pour mettre fin à toute les tentatives déjà entreprises par certains pour imposer un changement démographique ; insistant sur le fait que la Syrie continuera à lutter contre le terrorisme et l’occupation du moindre empan du territoire syrien, par tous les moyens légitimes.
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Source : Mouna Alno-Nakhal