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Missiles hypersoniques en Syrie: la Russie réaffirme sa puissance et rassure Damas


18:59 16.02.2022
La base aérienne russe de Hmeimim – Sputnik France, 1920, 16.02.2022
© Sputnik . Maksim Blinov
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La Russie a envoyé de nouvelles armes en Syrie. Les deux pays continuent leur combat contre différents groupes terroristes sur le terrain. Mais, compte tenu du jeu trouble de Washington et d’Ankara, les djihadistes restent présents dans la zone.
La Russie sort le grand jeu en Syrie. À l’occasion de manœuvres navales en Méditerranée orientale, des bombardiers Tu-22M3 à longue portée et à capacité nucléaire et des avions de combat MiG-31K transportant les derniers missiles de croisière hypersoniques Kinjal ont atterri sur la base russe de Hmeimim.
Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, s’est rendu sur place pour faire un état des lieux des équipements militaires. Il en a également profité pour s’entretenir avec le Président Bachar el-Assad. « Les différentes questions de coopération militaro-technique entre les deux pays ont été discutées, dans le cadre de la lutte conjointe contre les restes de terroristes internationaux, et l’aide humanitaire russe au peuple syrien, qui souffre de sanctions injustes imposées par les États-Unis et les pays occidentaux », stipule le communiqué russe. Coopération avec en ligne de mire la lutte anti-terroriste, a souligné le leader syrien.
En Syrie, « la présence russe est légitime »

Depuis l’intervention militaire de la Russie en 2015, le pouvoir syrien a réussi à récupérer la majeure partie de son territoire. Petit à petit, les principales places fortes du pays ont été reprises des mains de groupes djihadistes. Cet investissement massif de Moscou répond surtout à un impératif d’ordre géopolitique. « La Syrie est l’allié historique de la Russie au Moyen-Orient, il est donc impensable que Vladimir Poutine l’abandonne », précise Riadh Sidaoui, chercheur tunisien et directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociologiques (CARAPS), basé en Suisse.
En effet, depuis l’époque d’Hafez el-Assad, les deux pays ont eu entretenu de liens économiques et militaires étroits. Ainsi, c’est en 1971, en vertu d’un accord avec Damas, que l’Union soviétique avait installé sa flotte à Tartous.

« Cette démonstration de force au large des côtes syriennes est un message politique. La Syrie pourra toujours compter sur la Russie. Il faut juste rappeler qu’au regard du droit international, la présence russe est légitime, contrairement aux occupations illégales turque et américaine », souligne le chercheur au micro de Sputnik.
La Turquie et les États-Unis poursuivent des objectifs différents en Syrie. Ankara se focalise dorénavant sur le problème kurde dans le nord du pays, tandis que les Américains continuent de jouer un jeu trouble. Après avoir grandement médiatisé leur opération terrestre du 3 février dernier pour liquider le chef de Daech* dans la province d’Idlib, Washington semble continuer de souffler le chaud et le froid dans le pays.

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Ainsi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Oleg Syromolotov, a-t-il récemment déclaré que la Russie disposait d’informations sur les plans des services de renseignement américains, qui cherchent à mobiliser des cellules terroristes dormantes en Syrie.
En effet, Moscou ne ménage pas ses efforts pour remettre en question le narratif américain sur la prétendue lutte contre le terrorisme dans ce pays moyen-oriental. L’envoyé spécial de la Russie aux Nations unies avait par ailleurs alerté la communauté internationale sur l’ambiguïté de la politique américaine vis-à-vis de certains groupes djihadistes, notamment Hayat Tahrir el-Sham* (HTS*) à Idlib.
Ankara et Washington, même combat en Syrie?
Le mouvement djihadiste d’Idlib intéresse en effet Washington. L’organisation contrôle près de 60% de la province du Nord-Ouest syrien. Il représente une véritable armée de plus de 30.000 hommes, dont 10.000 étrangers provenant de Jordanie, d’Arabie saoudite et d’Asie centrale, avec une branche turkmène. Issu d’Al-Nosra*, qui puise ses origines dans Al-Qaïda*, HTS* n’est donc qu’un changement de nom opéré en 2017 pour se démarquer de l’image de sa « famille terroriste ». Barbe taillée, gel coiffant, costume occidental et propos modérés, leur leader Abou Mohammed Al-Joulani intervenait l’année dernière sur le réseau de télévision public américain PBS, dans l’émission d’investigation Frontline. Il se voulait rassurant en expliquant sa rupture « définitive » avec Al-Qaïda*.
« Avec l’aval des États-Unis, le Qatar et l’Arabie saoudite se sont longtemps concurrencés dans le financement des différents groupes djihadistes. Washington se sert de la menace terroriste pour garder une carte de pression sur Moscou et Damas », avance, pour sa part, Riadh Sidaoui.
De surcroît, les récentes sorties aériennes des Américains à Idlib ont prouvé qu’ils partageaient avec HTS* les mêmes ambitions dans la région. En effet, lors des frappes de drones, le Pentagone cible uniquement certains groupes terroristes, à l’instar de Hourras el-Din, qui sont des adversaires de Hayat Tahrir el-Sham*.
Cette connivence va encore plus loin. Selon le média saoudien Asharq al-Awsat, depuis un récent accord, l’organisation terroriste d’Idlib recevrait des cargaisons de pétrole provenant des champs pétroliers syriens sous contrôle des forces américaines et kurdes. À la suite d’un accord entre les deux parties, Watad, la société pétrolière d’Idlib sous contrôle de HTS*, recevrait chaque jour environ600 tonnes de produits dérivés pétroliers.

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En somme une politique américaine qui ferait également les beaux jours de la Turquie. « Ankara et Washington font partie de l’Otan, il est donc impensable que leurs objectifs soient opposés. Il faut rappeler qu’Idlib est plus ou moins sous contrôle turc », rappelle le géopolitologue. Plutôt plus que moins puisque dans cette région, c’est la monnaie turque qui est utilisée et non la livre syrienne. De surcroît, pas moins de 15.000 soldats turcs stationnent dans la province.
Cette relation dangereuse d’Ankara avec l’hydre djihadiste a été mise à jour dans un rapport divulgué par la Commission turque d’enquête sur les crimes financiers. Outre l’obtention de la nationalité turque de certains combattants de Daech*, ce document vise à démontrer l’ampleur des liens militaires entre Ankara et les djihadistes. Des entreprises turques accusées de fournir pendant plusieurs années des équipements aux terroristes pour fabriquer des drones et des engins explosifs improvisés.
Malheureusement pour la Russie, la stabilité de la Syrie ne dépend pas que d’elle…
*Organisation terroriste interdite en Russie

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