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Offensive de la Turquie en Syrie: cette carte résume les quatre enjeux Zone tampon, positions américaines, fuite de jihadistes… tout comprendre à l’attaque turque contre les Kurdes.


INTERNATIONAL
13/10/2019

Le HuffPost avec AFP

TURQUIE – Cinq jours après le début de l’offensive turque dans le nord-est de la Syrie contre une milice kurde soutenue par les Occidentaux, les Unités de protection du peuple (YPG), qui a entraîné la mort de plus de 150 personnes dont au moins une cinquantaine de civils, la situation ne cesse d’empirer dans la région.

Au niveau diplomatique, après Emmanuel Macron samedi, Angela Merkel a enjoint ce dimanche 13 octobre Recep Tayyip Erdogan de cesser au plus vite son offensive. Celle-ci risque de créer “une situation humanitaire insoutenable” et d’“aider” Daech ”à réémerger dans la région”, a appuyé dans la soirée le président français depuis l’Élysée, où il tient un conseil restreint de défense dans la soirée.

Ce week-end, l’Allemagne et la France ont aussi annoncé qu’elles suspendaient les ventes d’armes “susceptibles d’être utilisées” par Ankara dans le cadre de son opération militaire.

Pour y voir plus clair dans ce nouveau front ouvert en Syrie, un pays en guerre depuis 2011, la carte ci-dessous pointe bien les quatre grands enjeux actuels dans la région frontalière avec la Turquie. Chaque point est développé sous la carte.
Offensive de la Turquie en Syrie: cette carte résume les quatre
AFP

• Ankara veut instaurer une “zone tampon”

Avec son offensive, la Turquie cherche à instaurer une “zone de sécurité” de 32 kilomètres de profondeur (la ligne pointillée sur la carte) pour séparer sa frontière des territoires aux mains du YPG, une milice kurde qualifiée de “terroriste” par Ankara.
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À la faveur de la guerre complexe en Syrie déclenchée en 2011, la minorité kurde a instauré une autonomie de facto sur de vastes régions du nord et nord-est du pays, le long de la frontière turque. Ces secteurs sont sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance dominée par les YPG.

Par ailleurs, les Kurdes syriens ont annoncé ce dimanche soir avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l’armée syrienne près de la frontière turque.

“Afin de faire face à l’agression turque et empêcher qu’elle se poursuive, nous sommes parvenus à un accord avec le gouvernement syrien pour que l’armée se déploie le long de la frontière turco-syrienne dans le but de soutenir les Forces démocratiques syriennes (FDS)”, a annoncé dans un communiqué l’administration kurde.

• Les fuites de jihadistes et de leurs proches

Actuellement, 12.000 jihadistes membres l’État islamque -des Syriens, des Irakiens mais aussi 2500 à 3000 étrangers originaires de 54 pays (notamment des Français)- sont détenus dans les prisons kurdes (les carrés verts sur la carte), selon leurs statistiques officielles. Les camps de déplacés accueillent par ailleurs 12.000 étrangers, 8000 enfants et 4000 femmes dont certains sont des proches de jihadistes.

Selon les autorités kurdes, le chaos sécuritaire pourrait permettre à des cellules dormantes du groupe jihadiste de libérer les milliers de leurs combattants et leurs familles qui sont retenus dans des prisons ou des camps de déplacés.

Vendredi, les forces kurdes ont affirmé que cinq jihadistes de Daech s’étaient échappés d’une prison après des raids aériens turcs ayant visé ses environs. Ce dimanche, les autorités kurdes ont aussi annoncé la fuite de près de 800 proches de jihadistes de Daech d’un camp de déplacés, ce qui “inquiète” la France. Des familles de jihadistes français se trouvant en Syrie ont par ailleurs pressé ce dimanche le gouvernement de les rapatrier d’“urgence”, eux et leurs enfants.

• Que font les États-Unis?

Le chef du Pentagone Mark Esper a annoncé ce dimanche le retrait d’un millier de soldats américains stationnés dans le nord de la Syrie (les triangles bleus sur la carte), sur ordre de Donald Trump, évoquant sur la chaîne CBS une “situation intenable” pour des troupes qui “peuvent se retrouver prises en étau” entre les Kurdes et les Turques.

Des troupes américaines s’étaient retrouvées vendredi sous le feu de positions turques près de la ville de Kobané, dans le nord de la Syrie, selon le Pentagone.

“Nous n’avons pas abandonné les Kurdes”, s’est défendu Mark Esper alors que les critiques de la communauté internationale pleuvent sur ce qui est considéré comme un désengagement. Le président américain a évoqué ce dimanche la possibilité de sanctions économiques fortes contre Erdogan et les autorités turques.

• L’afflux de déplacés

L’offensive turque a déjà contraint quelque 130.000 personnes à fuir leurs foyers, a indiqué ce dimanche l’Onu en estimant que ce nombre pourrait atteindre 400.000. Un total bien trop élevé pour qu’ils soient pris en charge dans les camps de déplacés (les points violets sur la carte).

“Nous envisageons un scénario selon lequel jusqu’à 400.000 personnes pourraient être déplacées dans les zones touchées et au-delà” et qui pourraient avoir besoin “d’aide et de protection”, a précisé à l’AFP par courriel Jens Laerke, un porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires (Ocha), qui dépend du secrétariat des Nations Unies.

Les Nations Unies avaient annoncé vendredi que quelque 100.000 personnes avaient été contraintes de quitter leurs foyers depuis le début de l’offensive turque le 9 octobre.

Mais d’autres déplacements en provenance des zones rurales autour des localités de Tell Abiad et Ras al-Ain pourraient avoir lieu, “les estimations actuelles (des mouvements de population) dépassant le chiffre de 130.000 personnes, a averti ce dimanche l’OCHA dans un document d’évaluation et de prospective. “Les chiffres exacts ne peuvent pas être encore déterminés”, selon la même source.

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