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Palestine : Edward W. Saïd, un combattant de la justice Par : Jamal Kanj


 

Les semaines passées ont marqué le neuvième anniversaire de la mort du grand intellectuel palestinien Edward Saïd. Il mourut à New York après 12 ans de combat contre la leucémie lymphocytaire.

Il est né à Jérusalem, 12 ans avant de se joindre à des centaines de milliers de compatriotes contraints tout au long de la vie au voyage dans l’exil ou dans les camps de réfugiés.
Il était une figure de proue des universités américaines et un critique culturel distingué pour son livre le plus connu L’Orientalisme, publié en 1978.
Dans celui-ci, il estime que la perception occidentale de l’Orient est fondée sur une rationalisation coloniale faussée, égocentrique afin de justifier la domination impériale.
Selon lui : « les savants occidentaux se sont approprié la tâche de l’exploration et de l’interprétation des langues de l’Orient, de l’histoire et de la culture pour eux-mêmes, avec l’implication que l’Orient n’était pas capable de composer son propre récit. »
Plus de 30 ans après sa publication, L’Orientalisme continue de dominer le discours académique et partial des médias occidentaux lors de la couverture de l’Orient.
Dans la foulée de L’Orientalisme, Saïd a écrit La Question de la Palestine en 1979 suivi par L’islam dans les médiasComment les médias et les experts façonnent notre regard sur le reste du monde en 1983, dans lequel il a utilisé la théorie de l’orientalisme contemporain exposée à la partialité des médias couvrant le monde islamique.
En couvrant le sujet de l’islam, il affirme que la plupart des experts occidentaux les plus professés ont été politiquement motivés par l’intérêt et sous influence par le biais de préjugés culturels.
Il argumente de façon convaincante que « la contre-vérité et le faux au sujet de l’islam » sont propagés et filtrés dans les médias occidentaux sous couvert de l’objectivité, de la démocratie et de la liberté.
J’ai eu la chance de l’avoir rencontré à une table en petit comité lorsqu’il a été invité à l’Université de Californie, à San Diego, en 1989 en qualité de professeur.
Il a fait preuve de beaucoup d’éloquence en critiquant les lacunes des dirigeants palestiniens et à en articuler le cas de la Palestine devant une salle de conférence comble jusque tard dans la nuit.
Après avoir rencontré et étudier Saïd, vous ne pouviez pas vous empêcher de penser que vous étiez en compagnie d’un génie. Il était un pianiste accompli et faisait autorité sur des sujets allant de la littérature et la politique à la culture, l’art et la musique.
Son mémoire « Out of Place », mémoire qu’il a écrit au crépuscule de sa vie, était la quintessence de l’histoire palestinienne de l’aspiration d’un peuple à un lieu d’appartenance. C’est un récit auquel les Palestiniens qui ont connu la réussite en exil ou vécu dans des camps de réfugiés pouvaient s’identifier.
J’ai lu beaucoup de livres de Saïd et je dois confesser que la plupart ne sont pas faciles à lire. Son écriture est un objet de défi pour le plus érudit et intellectuel des lecteurs.
Les chercheurs exceptionnels sont généralement célébrés en Occident. Saïd était le récipiendaire de nombreux prix académiques, mais l’absence de reconnaissance officielle de son talent de la part des États-Unis est principalement due à sa lutte sans relâche contre le plus puissant et organisé des groupes de pression en Amérique.
Par exemple, la charge de l’antisémitisme est devenue une arme psychologique dans les mains des sionistes, qu’ils utilisent pour endormir les adversaires d’Israël et étouffer ses détracteurs.
Ledit interrogé sur ce dilemme en détail dans son livre de 2003 Culture et Résistance, soulignant qu’« il y a une grande différence entre reconnaître l’oppression juive et s’en servir comme couverture pour l’oppression d’un autre peuple. »
À une époque où il est devenu commode pour les intellectuels occidentaux d’ignorer la brutalité d’Israël pour éviter la colère des organisations nationales juives, il refusait de se taire. Pour Saïd, « l’injustice devait être corrigée, non rationalisée. »

Jamal Kanj (www.jamalkanj.com) écrit une chronique hebdomadaire sur les questions arabes et est l’auteur de Les enfants de la catastropheVoyage d’un camp de réfugiés palestiniens en Amérique. Cet article a été publié initialement par le journal Gulf Daily News.

Source :
Edward Saïd : A Champion of Justice

Traduction : MecanoBlog

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