Palmyre: le terrorisme, arme d’une guerre hybride
juin 4, 2017
Russie politics
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 1er juin 2017
Deux fois en une semaine, la Russie a arrêté une tentative de Daesh sur Palmyre. Il est surprenant de noter que chaque rencontre internationale où il est question de renforcer la coopération avec la Russie dans la lutte contre le terrorisme, s’accompagne de tentatives de percée des groupes islamiques. Coïncidences certainement. A moins qu’il ne soit temps de reconnaître que le terrorisme est utilisé comme arme dans cette guerre hybride. Que cette guerre est une négation de la civilisation. Que nous revenons à la barbarie.
Le 25 mai, une colonne de 39 pick-up avec de l’artillerie et 120 hommes se dirigeait de Rakka vers Palmyre. Ayant tiré les leçons des évènements précédents, la Russie a développé sa surveillance et ses techniques de renseignement dans la région. Des drônes surveillent en permanance Rakka et ses alentours. Elle a ainsi su en avance les déplacements prévus par les terroristes et l’aviation a bombardé la colonne.
Une seconde tentative a eu lieu dans la nuit du 29 au 30 mai. Cette fois-ci trois colonnes de véhicules, avec armement et 80 terroristes, sortent à nouveau de Rakka pour se diriger vers Palmyre, en espèrant bénéficier de la protection de l’obscurité. L’aviation russe a bombardé ces colonnes et détruit les armements. Comme le précise les sources russes, ces terroristes ont été armés par les « Forces démocratiques syriennes », mais également par les Etats Unis, la Grande Bretagne et la France. Ce qui confirme encore une fois, si besoin est, que la coalition russe et la coalition américaine n’ont pas les mêmes ennemis.
Enfin, le 30 mai, la Russie a lancé 4 missiles de croisière Kalibr sur des objectifs cachés de Daesh à l’est de Palmyre. Tous furent détruits.
Lorsque l’on regarde froidement la manière dont les terroristes sont armés et financés, l’on en arrive forcément à se demander dans quelle mesure cette menace n’est pas virtuelle? Cela ne signifie pas qu’elle n’existe pas, des gens meurent réellement sous le coup de réels attentats. Elle est virtuelle dans le sens où la menace est ailleurs, où l’on inverse la cause et les conséquences. Le terrorisme n’est pas la cause de la menace, il en est la conséquence.
Pour reprendre l’expression de « guerre hybride » si chère à l’Occident, les groupes terroristes sont les armées de ces guerres hybrides – et sales. Car le droit de la guerre ne s’applique pas à eux. Les soldats des armées régulières sont un minimum obligés par une règlementation internationale qui interdit la torture et la barbarie, sinon la responsabilité de l’Etat est engagée. Nous revenons à cette période barbare, puisque les Etats utilisent contre d’autres Etats des terroristes, qui peuvent accomplir toute la sale besogne.
Il y a bien sûr des dégâts collatéraux, des attentats en Europe ou aux Etats Unis, mais ils sont finalement très utiles pour justifier, d’une part, la mise en place d’une législation liberticide qui ne serait pas autrement acceptée par les populations occidentales et, d’autre part, le renforcement de la globalisation: la menace étant globale, la lutte ne peut être nationale. Les Etats fournissent les forces militaires, mais ne décident pas. En tout cas, tous les Etats ne sont pas autorisés à décider.
Dans ce contexte, nous risquons de parler encore très longtemps de la lutte contre le terrorisme, tant que cette guerre sale ne sera pas terminée. Tant que nous ne reviendrons pas à un mode politique plus civilisé. Et cela va prendre du temps …
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Source : Russie Politics
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