Pour Pâques, l’EI détruit une église en Syrie
avril 6, 2015
L’ORIENT LE JOUR
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Pour Pâques, l’EI détruit une église en Syrie
Le patrimoine archéologique en général et chrétien en particulier, est dans la ligne de mire du groupe Etat islamique, en Syrie et en Irak. Le dimanche de Pâques, l’EI a bombardé l’église de la Vierge Marie, à Tall Nasri, dans la province de Hassaka, dans le nord-est de la Syrie. (Sur la photo, une église assyrienne à Hassaka. Bertramz/Wikimedia Commons)
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Les jihadistes publient sur internet une vidéo les mettant en scène en train de détruire à coups de fusils et de pioches des antiquités sur le site irakien de Hatra.
06/04/2015
Des combattants de l’organisation Etat islamique (EI) ont détruit à l’explosif une église syrienne vieille de 80 ans le dimanche de Pâques dans la province de Hassaka (nord-est), rapporte lundi l’agence officielle de presse syrienne SANA. L’agence, qui ne fait pas mention de victimes, précise que l’édifice visé, l’église de la Vierge Marie, se trouve à Tall Nasri, une localité assyrienne située dans une zone où des milices chrétiennes et kurdes combattent les jihadistes de l’Etat islamique.
Une information également rapportée par le réseau assyrien des droits de l’homme (RADH).
« L’EI a bombardé vers 09h00 (06h00 GMT) l’église de la Vierge Marie de Tall Nasri, après que des combattants kurdes du YPG et des Assyriens ont tenté de pénétrer dans la localité », a déclaré ce réseau.
L’EI s’est emparé en février de 14 villages assyriens sur 35 dans la région, dont Tall Nasri. Il y a enlevé 220 Assyriens, une communauté de 30 000 âmes, parmi les plus anciennes converties au christianisme.
L’EI a, par ailleurs, publié sur internet, dimanche, une vidéo mettant en scène des jihadistes détruisant à coups de fusils et de pioches des antiquités sur le site irakien de Hatra, dont la destruction a été dénoncée il y a un mois par l’Unesco. Hatra, cité antique vieille de 2 000 ans inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, est située à 100 km au sud de Mossoul, dans le nord de l’Irak.
« L’Etat islamique nous a envoyés pour détruire ces idoles parce qu’elles sont vénérées à la place de Dieu », explique l’un des deux jihadistes s’exprimant dans la vidéo de 7 minutes, qui n’est pas datée. « Des organisations apostates ont assuré que la destruction de telles antiquités était un crime de guerre, donc nous allons les détruire », poursuit-il.
Sur les images, on voit des insurgés arracher des sculptures murales, les viser au fusil d’assaut et endommager une statue à coups de pioche. Les pièces montrées dans la vidéo sont cependant constituées de tiges métalliques, indiquant qu’il pourrait s’agir d’antiquités ayant été restaurées ou de répliques plus récentes.
Hatra, ville fortifiée mêlant architectures orientale et occidentale, était particulièrement bien conservée. Elle est située à une soixantaine de km au sud-ouest de Mossoul, le fief des jihadistes en Irak, où ils ont réduit en miettes des dizaines d’oeuvres dans le musée de la ville. L’EI s’en est également pris à la cité antique de Nimroud, joyau archéologique inestimable également dans le nord du pays, où des jihadistes ont pénétré au volant de bulldozers. « La destruction délibérée de notre héritage culturel commun constitue un crime de guerre et une attaque contre l’humanité dans son ensemble », avait déclaré, à l’époque, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon.
Nimroud est l’une des villes phares de l’empire assyrien, où ont été exhumés en 1988 plus de 600 bijoux, décorations et pierres précieuses, l’une des plus importantes découvertes archéologiques du XXe siècle.
La plupart des objets inestimables provenant de Nimroud sont exposés dans des musées en Irak ou en Europe, mais le site abrite toujours des bas-reliefs et de colossaux « lamassu », ces taureaux ailés à face humaine.
L’Unesco a vivement dénoncé les attaques des jihadistes contre le patrimoine irakien, affirmant dans un tweet posté après la diffusion de la vidéo sur Hatra : « Nous devons nous ériger contre les forces qui cherchent à diviser l’Irak ».
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