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Professeur belge et avocat du terrorisme antisyrien


Bahar Kimyongür


Dans le petit monde très select des « experts » belges sur la Syrie pris pour référence dans nos médias, certains n’ont pas peur de nous raconter des salades sous de faux airs de science et de neutralité. Après un Pierre Piccinin qui nous a fait passer les égorgeurs du Front Al Nosra, la branche syrienne d’Al Qaïda, pour un « mouvement d’étudiants occidentalisés », voici un Thomas Pierret, maître de conférences à l’université d’Édimbourg qui s’évertue à nous convaincre de l’humanisme des takfiristes en guerre ouverte contre les minorités syriennes.
 
Dans une note datée 28 octobre 2012, l’expert belge sur la Syrie Thomas Pierret déclare ainsi : « Je suis cité dans un article paru dans La Libre Belgique ce 26 octobre à propos du cheikh salafiste syrien Adnan al-Arour. Contrairement à ce qu’indique le titre de l’article, al-Arour n’a jamais juré de passer « les alaouites » au hachoir, mais spécifiquement « ceux qui s’en sont pris à des choses sacrées », une expression qui renvoie particulièrement aux auteurs de viols. »
Dans la vidéo polémique, il n’y a pourtant aucune ambiguïté de la part d’Arour quant au sort qu’il compte réserver aux alaouites. Il lance un avertissement à cette communauté confessionnelle (taïfiyé) en tant que telle et l’accuse, en tant que telle, de violer les choses sacrées (« ta’adana ‘ala hurmat »). On se demande bien pourquoi M. Pierret réduit ainsi le sacré omniprésent et multiforme dans la bouche écumante d’Arour à la seule question de la pudeur et arrondit les angles d’une diatribe qui vise explicitement une communauté composée comme toutes les autres de braves et d’indignes, de criminels et d’innocents, d’humanistes et de tortionnaires.
 
Au début de son discours délirant, Arour qui, soulignons-le, est un disciple du théologien saoudien très conservateur Ibn Baz, commence par distribuer des points aux communautés qui peuplent la Syrie avec une mention (positive) spéciale pour les Turkmènes.
 
Lorsqu’il pointe du doigt les alaouites qui « collaborent avec le régime », le cheikh takfiriste vise indistinctement près de deux millions de fonctionnaires, de soldats, d’ouvriers, de commerçants, de professeurs, de médecins, d’artistes, d’agriculteurs, d’étudiants, d’écoliers, de vieillards, d’enfants…
 
Les alaouites peuvent donc légitimement se sentir visés par les prêches haineux du cheikh exilé et les Syriens qui adhèrent ou non à la « révolution » peuvent eux aussi légitimement s’en indigner.
 
Il convient ici de rappeler qu’Adnane Arour menace devant des millions de téléspectateurs arabophones dont la sensibilité est sans cesse mise à l’épreuve, de hacher des êtres humains et de donner leur chair aux chiens, ce qui n’est pas à prendre à la légère d’autant que sur le terrain, ses (p)artisans charcutiers sont à pied d’œuvre et se plaignent même de ne pas disposer d’armes en suffisance pour terminer le travail.
 
Par ailleurs, vénéré depuis le début du « printemps syrien » en tant que « Cheikh al Sawra » (qui signifie le cheikh de la révolution), Arour jouit d’une popularité sans égal au sein de l’opposition syrienne. A Rastane, il existe même un bataillon de l’ASL lié à la Brigade Khalid Ibn Al Walid qui porte son nom.
 
Thomas Pierret n’en est pas à sa première défense d’Arour.
 
En septembre 2011, il s’en prenait à son confrère Frédéric Pichon dans un commentaire publié sur Facebook : « De la propagande transformée en pseudo-expertise : hier soir sur France 24, un certain Frédéric Pichon affirmait que le cheikh salafiste syrien Adnan al-Arour avait promulgué une fatwa rendant licite le viol des fillettes alaouites. Petit rappel à Mr Pichon : cette fatwa n’a jamais existé que dans l’imagination des propagandistes du régime syrien ».
 
Pourtant, le très sérieux journaliste du Figaro M. George Malbrunot que l’on ne peut
soupçonner de sympathies envers le président Al Assad soulignait lui aussi le 2 septembre 2011 que « des appels à la haine sur une télévision saoudienne du cheikh Adnan al-Arour, ancien membre des Frères musulmans syriens, qui exhortait ses coreligionnaires sunnites à aller « s’occuper » des filles alaouites « entre 14 et 16 ans ».
 
En réalité, de la part d’Arour, des phrases de cet acabit n’étonnent qu’à moitié.
 
Il existe en effet des allégations d’abus sexuels contre le cheikh du temps où il fut soldat dans l’armée syrienne, allégations qui auraient conduit à son exclusion de l’armée. Serait-ce là encore de la propagande du régime baassiste ?
 
Laissons à M. Pierret le soin de vérifier cette énième accusation visant son protégé.
 
En attendant, nous sommes disposés à fournir à cet éminent chirurgien esthétique de la « révolution syrienne », une liste exhaustive des leaders takfiristes qui sévissent actuellement dans le pays avec la bénédiction de certains « services amis ».
 
Le 4 novembre 2012
Bahar Kimyongur
(auteur de Syriana, la conquête continue, Ed. Investig’Action & Couleur Livres, 2011 et porte-parole du Comité contre l’ingérence en Syrie – CIS)
 
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