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?Quelques re?fle difficiles sur l’apre?s Ukraine (ancien officier de renseignement ame?ricain)


Voici la meilleure analyse (en 3 pages) que j’ai trouve?e sur le sujet. Elle nous est propose?e par le CF2R (Centre franc?ais de recherche sur le renseignement) qui a traduit un texte de Graham Fuller, un analyste US de haut niveau.

Le paragraphe que je retiendrai plus que les autres :
« Mais l’implication la plus dangereuse est qu’a? mesure que nous nous dirigeons vers de futures crises mondiales,une ve?ritable presse libre et inde?pendante est en train de disparai?tre, tombant entre les mains de me?dias domine?s par les entreprises et proches des cercles politiques, dore?navant soutenus par les me?dias sociaux e?lectroniques, qui manipulent tous le re?cit a? leurs propres fins ».
Bonne information alternative. Vous ne serez pas de?c?us.
Dominique Delawarde
***
Note pour les lecteurs assidus de RI : la qualite? et l’inte?re?t de cette anayse ne sont en rien diminue?s par les remarques que M. Graham Fuller s’est cru oblige? de mettre en pre?ambule de son article et qui consiste a? clamer sa neutralite? et a? pre?venir toute possibilite? d’e?tre soupc?onne? de russophilie ou de poutinophilie. Pour e?tre cre?dibles et lus par le plus grand nombre, les anaystes se sentent aujourd’hui oblige?s d’afficher leur « impartialite? » en condamnant la Guerre, et en criminalisant Poutine et la Russie, me?me si, quelques lignes plus loin dans leur analyse, ils affirment que le ve?ritable
?agresseur n’est ni Poutine, ni la Russie, mais bel et bien
l’OTAN et le camp anglo-ame?ricain. RI ***
par Graham Fuller.
Ancien officier de renseignement ame?ricain, ayant successivement servi a? la CIA – il a e?te? chef de poste a? Kaboul –, puis au National Intelligence Council, dont il fut vice-pre?sident. Il a ensuite rejoint la Rand Corporation en tant que politologue senior spe?cialise? dans le Moyen-Orient.
Il est aujourd’hui professeur d’histoire a? l’Universite? Simon Fraser. Graham E. Fuller est l’auteur de plusieurs livres consacre?s aux questions ge?opolitiques du monde arabe.
Cette tribune est la version franc?aise du texte de Graham Fuller « Some hard thoughts about post Ukraine » publie? sur son site le 19 juin 2022, republie? avec l’autorisation de l’auteur (traduction CF2R).
***
La guerre en Ukraine s’est prolonge?e suffisamment longtemps pour re?ve?ler certaines trajectoires claires. Tout d’abord, deux re?alite?s fondamentales :
1. Poutine doit e?tre condamne? pour avoir lance? cette guerre – comme pratiquement tout dirigeant qui lance une guerre. Poutine peut e?tre qualifie? de criminel de guerre –en bonne compagnie avec George W. Bush, qui a tue? beaucoup plus de gens que Poutine.
2. La condamnation secondaire revient aux E?tats-Unis (OTAN)
qui ont de?libe?re?ment provoque? une guerre avec la Russie en poussant implacablement leur organisation militaire hostile, malgre? les notifications re?pe?te?es de Moscou sur le franchissement des lignes rouges, jusqu’aux portes de la Russie. Cette guerre n’aurait pas du? avoir lieu si la neutralite? ukrainienne, a? la manie?re de la Finlande et de
??
?l’Autriche, avait e?te? accepte?e.
Au lieu de cela, Washington a appele? a? une de?faite nette de la Russie. Alors que la guerre touche a? sa fin, ou? iront les choses ?
Contrairement aux de?clarations triomphalistes de Washington,
la Russie est en train de gagner la guerre et l’Ukraine a perdu la guerre. Tout dommage a? long terme pour la Russie est sujet a? de?bat.
Les sanctions ame?ricaines contre la Russie se sont ave?re?es bien plus de?vastatrices pour l’Europe que pour la Russie. L’e?conomie mondiale a ralenti et de nombreux pays en de?veloppement sont confronte?s a? de graves pe?nuries alimentaires et au risque d’une famine ge?ne?ralise?e.
Des fissures profondes apparaissent de?ja? sur la fac?ade europe?enne de la soi-disant « unite? de l’OTAN ». L’Europe occidentale va ame?rement regretter le jour ou? elle a aveugle?ment suivi le joueur de flu?te ame?ricain dans sa guerre contre la Russie. En effet, il ne s’agit pas d’une guerre ukraino-russe mais d’une guerre ame?ricano-russe mene?e par procuration jusqu’au dernier Ukrainien.
Contrairement aux de?clarations optimistes, l’OTAN pourrait, en fait, en sortir affaiblie.Les Europe?ens de l’Ouest re?fle?chiront longuement quant a? la pertinence et aux cou?ts importants que provoquent les confrontations a? long terme avec la Russie ou d’autres « concurrents » des E?tats-Unis.
L’Europe reviendra to?t ou tard a? l’achat d’e?nergie russe bon marche?. La Russie est a? sa porte et une relation e?conomique naturelle avec elle sera finalement d’une logique e?crasante.
L’Europe perc?oit de?ja? les E?tats-Unis comme une puissance en de?clin dont la « vision » erratique et hypocrite de la politique e?trange?re repose surle besoin de?sespe?re? de pre?server le « leadership ame?ricain » dans lemonde. La
?volonte? de l’Ame?rique d’entrer en guerre dans ce but est de plus en plus dangereuse pour les autres.
Washington a e?galement clairement indique? que l’Europe devait s’engager dans une lutte « ide?ologique » contre la Chine, dans une sorte de combat prote?iforme de la « de?mocratie contre l’autoritarisme ». Pourtant, il s’agit bien d’une lutte classique pour le pouvoir dans le monde. Et l’Europe peut encore moins se permettre de verser dans la confrontation avec la Chine – une « menace » perc?ue principalement par Washington mais peu convaincante pour de nombreux E?tats europe?ens et une grande partie du monde.
L’initiative chinoise « Belt and Road » est peut-e?tre le projet e?conomique et ge?opolitique le plus ambitieux de l’histoire mondiale. Elle relie de?ja? la Chine a? l’Europe par voie ferroviaire et maritime. L’exclusion de l’Europe du projet « Belt and Road » lui cou?tera cher. Notez que « Belt and Road » traverse la Russie.
Il est impossible pour l’Europe de fermer ses portes a? la Russie tout en conservant l’acce?s a? ce me?gaprojet eurasien.
Ainsi, une Europe qui perc?oit les E?tats-Unis comme e?tant de?ja? en de?clin n’a gue?re d’inte?re?t a? rejoindre le wagon de te?te contre la Chine. La fin de la guerre en Ukraine ame?nera l’Europe a? reconside?rer se?rieusement les avantages qu’il y a de soutenir la tentative de?sespe?re?e de Washington de maintenir son he?ge?monie mondiale.
L’Europe traversera une crise d’identite? croissante dans la de?termination de son futur ro?le mondial.Les Europe?ens de l’Ouest en auront assez d’e?tre soumis a? la domination ame?ricaine sur la politique e?trange?re europe?enne, qui dure depuis 75 ans. A? l’heure actuelle, l’OTAN est la politique e?trange?re europe?enne et l’Europe reste inexplicablement timide dans l’affirmation d’une voix inde?pendante. Combien de temps cela va-t-il durer ?
?Nous voyons maintenant comment les sanctions ame?ricaines massives contre la Russie, y compris la confiscation des fonds russes dans les banques occidentales, ame?nent la plupart des pays du monde a? reconside?rer la pertinence de miser entie?rement sur le dollar ame?ricain a? l’avenir. La diversification des instruments e?conomiques internationaux est de?ja? a? l’ordre du jour et ne fera qu’affaiblir la position e?conomique autrefois dominante de Washington et son instrumentalisation he?ge?monique du dollar.
L’une des caracte?ristiques les plus inquie?tantes de cette lutte russo-ame?ricaine en Ukraine est la corruption totale des me?dias inde?pendants. En effet, Washington a remporte? haut la main la guerre de l’information et de la propagande,en orchestrant tous les me?dias occidentaux pour qu’ils chantent le me?me refrain au sujet la guerre en Ukraine.
L’Occident n’a jamais e?te? te?moin d’une telle imposition ge?ne?rale de la perspective ge?opolitique et ide?ologique d’un pays dans son espace. Bien entendu, on ne peut pas non plus faire confiance a? la presse russe.
Au milieu d’un barrage de propagande antirusse virulente dont je n’ai jamais vu l’e?quivalent pendant mes anne?es de guerre froide, les analystes se?rieux doivent creuser profonde?ment ces jours-ci pour avoir une compre?hension objective de ce qui se passe re?ellement en Ukraine.
Si seulement cette domination des me?dias ame?ricains, qui nie presque toutes les voix alternatives, n’e?tait qu’une simple pe?ripe?tie provoque?e par les e?ve?nements en Ukraine. Mais les e?lites europe?ennes se rendent peut-e?tre lentement compte qu’elles ont e?te? pousse?es dans cette position d’« unanimite? » totale ; des fissures commencent de?ja? a? apparai?tre dans l’UE et l’OTAN.
Mais l’implication la plus dangereuse est qu’a? mesure que nous nous dirigeons vers de futures crises mondiales, une ve?ritable
?presse libre et inde?pendante est en train de disparai?tre, tombant entre les mains de me?dias domine?s par les entreprises et proches des cercles politiques, dore?navant soutenus par les me?dias sociaux e?lectroniques, qui manipulent tous le re?cit a? leurs propres fins.
Alors que nous nous dirigeons vers une crise d’instabilite? de plus en plus grande et dangereuse a? cause du re?chauffement climatique, des flux de re?fugie?s, des catastrophes naturelles et probablement de nouvelles pande?mies, le contro?le e?troit des me?dias occidentaux par les E?tats et les entreprises devient tre?s dangereux pour l’avenir de la de?mocratie.
Nous n’entendons plus de voix alternatives sur l’Ukraine aujourd’hui.
Enfin, il est fort probable que le caracte?re ge?opolitique de la Russie ait de?sormais bascule? de manie?re de?cisive vers l’Eurasie. Pendant des sie?cles, les Russes ont cherche? a? e?tre accepte?s en Europe, mais ils ont toujours e?te? tenus a? distance. L’Occident ne veut pas discuter d’une nouvelle architecture strate?gique et de se?curite?. L’Ukraine n’a fait qu’intensifier cette tendance.
Les e?lites russes n’ont plus d’autre choix que d’accepter que leur avenir e?conomique se trouve dans le Pacifique,ou? Vladivostok n’est qu’a? une ou deux heures d’avion des vastes e?conomies de Pe?kin, Tokyo et Se?oul. La Chine et la Russie ont e?te? pousse?es de manie?re de?cisive a? se rapprocher de plus en plus l’une de l’autre, notamment en raison de leur souci commun de bloquer la liberte? d’intervention militaire et e?conomique unilate?rale des E?tats-Unis dans le monde.
L’ide?e que les E?tats-Unis puissent diviser la coope?ration russe et chinoise qu’ils ont provoque?e est un fantasme.
La Russie est brillante sur le plan scientifique, dispose d’une e?nergie abondante et est riche en minerais et me?taux rares, tandis que le re?chauffement climatique va accroi?tre le
potentiel agricole de la Sibe?rie. La Chine dispose des capitaux, des marche?s et de la main-d’œuvre ne?cessaires pour contribuer a? ce qui devient un partenariat naturel a? travers l’Eurasie.
Malheureusement pour Washington, presque toutes ses attentes concernant cette guerre se re?ve?lent incorrectes.En effet, l’Occident pourrait en venir a? conside?rer ce moment comme l’argument final remettant en cause le fait de suivre la que?te de domination mondiale de Washington dans des confrontations toujours plus nouvelles, dangereuses et dommageables avec l’Eurasie.
Et la plupart des autres pays du monde – l’Ame?rique latine, l’Inde, le Moyen-Orient et l’Afrique trouvent peu d’inte?re?ts nationaux dans cette guerre fondamentalement ame?ricaine contre la Russie.

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