La milice du front an Nosra, ou Jabhat an-Nosra, qui est la plus armée, la plus organisée, la plus entrainée, la plus disséminée sur l’ensemble du sol syrien qui est  aussi la plus riche et la plus criminelle surtout, soulève bien des questions sur sa véritable identité et ses origines.

Inscrite sur la liste des organisations terroristes par Washington, les Américains seraient persuadés qu’elle est liée à Al-Qaïda en Irak (AQI). Nombreux sont les médias qui l’assurent aussi.

Mais certains sites liés aux services de renseignements occidentaux opèrent une certaine différence.  Comme c’est le cas d’Intelligence online qui n’exclut pas les liens de ce groupuscule avec Al-Qaïda, mais révèle que

 c’est l’Arabie saoudite qui l’a fondé ,via son chef des renseignements le prince Bandar Ben Sultan, surtout que celui-ci entretient des liens étroits avec des milices armées en Irak. Le site renvoie son information à des documents top secrets qui auraient été exfiltrés du ministère saoudien de l’intérieur et qui révèlent qu’un responsable militaire saoudien est chargé d’approvisionner les groupuscules armés en Syrie en fonds et en armes.

Le front al-Nosra bras armé des Frères Musulmans

Or il existe une autre version sur l’identité du front an-Nosrat et les parties qui l’ont fondé,  qui nie catégoriquement ses liaisons à la nébuleuse d’Al-Qaïda, quoique le porte-parole de cette dernière, Ayman Al-Zawahiri ,se soit  affiché pour lui marquer son soutien sur la chaine de télévision qatarie al-Jazira.

Le journaliste libanais vivant en France Nidal Hamadé relate cette version sur la foi de « sources informées de ce dossier », comme il le signale, et selon lesquelles le front an-Nosra a été fondé en Turquie, par le commandement des Frères Musulmans syriens, en particulier sur la décision de son vice-secrétaire général Farouk Tayfour. Celui-ci est considéré comme le véritable chef de la confrérie ,du fait d’avoir fait partie de l’avant-garde qui a participé à la bataille de Hama en 1981.

Hamadé assure que les chefs de guerre du front al-Nosra sur le  terrain  prennent leurs directives du bureau de Tayfour situé à Istanbul et d’une cellule d’opérations installée sur la frontière entre la Turquie et la Syrie.

Cette version est corroborée par les faits sur le terrain, sachant que la circulation des éléments de la Jabhat, via la frontière avec la Turquie, se fait sans aucune entrave des autorités turques. Certaines opérations se sont faites littéralement via les frontières turques, comme c’est le cas de l’attaque contre la localité syrienne limitrophe de Ra’s el-Aïn, dans le gouvernorat à majorité kurde de Hassaké.

Et des officiers occidentaux aussi

Toujours selon les sources de Hamadé, la milice qui accueille dans ses rangs des djihadistes étrangers,  compte des officiers français, américains, qataris et turcs, comme l’a révélé le journal satirique français Le Canard Enchainé.
L’information pourrait sembler paradoxale car elle irait  à l’encontre de l’inscription de la milice sur la liste américaine des organisations terroristes.
 

Pour expliquer cette décision, Hamadé estime que les États-Unis ont délibérément inscrit le front an-Nosra sur cette liste , afin d’étudier la réaction des Frères Musulmans et des groupes politiques représentés au sein du Conseil nationale syrien (CNS) et qu’ils ont obtenu satisfaction lorsque le chef du CNS, George Sabra, et celui de la coalition, Maaz el-Khatib, sont montés au créneau pour la critiquer.
Il s’agirait donc d’un leurre américain tendu  aux  opposants syriens qui auraient caché leur soutien tacite à la milice. Ce qui n’explique pas la présence des officiers occidentaux dans ses rangs.

La couverture d’Al-Qaïda pour les massacres et les crimes

L ’explication pourrait se trouver dans le fait que  tous les Occidentaux  évitent  de mentionner publiquement cette milice.

Il est clair que la confrérie des Frères musulmans opte pour une bataille sans merci avec le régime syrien, par les massacres sanguinaires et lesdestructions perpétrées contre les symboles de l’Etat syrien, ses partisans et sympathisants, sans compter les militaires et autres éléments des forces de sécurité. Or, pour éviter d’être incriminée au cas où le régime syrien résisterait aux velléités de le renverser, il lui serait donc préférable de les attribuer à une certaine Jabhat al-Nosra, liée à Al-Qaida, nébuleuse qui se fait un plaisir de revendiquer les actes les plus meurtriers, tant que ce sont des djihadistes qui les commettent. 

Au cas où le régime tomberait, ce groupuscule devrait changer de nom ou disparaitre à tout jamais.

Charia contre Israël et pétrole

Au mois de décembre dernier, le chef du front an-Nosra ,Abou Mohammad Joulani ,a été claire sur ses intentions en déclarant que son groupe compte s’emparer du pouvoir et qu’il a pour objectif d’instaurer le califat en Syrie .

Nombreux sont les partis politiques islamistes ,dont les Frères Musulmans et al-Tahrir, qui disent s’attendre à ce que le front an-Nosra réalise cet objectif. Selon Fabrice Blanche,spécialiste français de la Syrie et du Liban  et maitre de conférences à l’Université de Lyon , » an-Nosra n’est pas venue en Syrie pour partir ».
 
Mais ce qu’il ne dit pas est que les dirigeants occidentaux semblent tout à fait dans le coup. L’accord serait d’ores et déjà conclu : charia contre la sécurité d’Israël et le pétrole. L’ex chef de la diplomatie française, Alain Juppé, l’aurait laissé entendre, un 16 avril 2011, lors d’une conférence à l’Institut du Monde Arabe à Paris !