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Réponse de Mme Simone Lafleuriel-Zakri au texte : Honte aux chrétiens syriens


De Simone lafleuriel-Zakri

Cet humble mot à  propos du

Texte « Marie Seurat »  paru dans le  journal Le Monde   Débats, décrytages  du Dimanche et lundi19 septembre  et dont le titre est

« HONTE aux chrétiens  syriens »

 

La plus que demie  page « Décryptage et débats » consacrée   par Le Monde   au coup de colère de Madame  Marie Seurat  contre sa communauté chrétienne  de Syrie  ne pouvait, il me semble, qu’attirer l’attention des  lecteurs intéressés par  la Syrie en général mais encore attentifs mais dépassés par la   complexe « question des chrétiens d’Orient » et par le devenir  de   cette communauté  religieuse de   Liban Irak Egypte…et de Syrie comme    de Navarre  tant elle est aussi de tous les exils.

Les inquiétudes et  les appréhensions de ces chrétiens d’Orient confrontés aux évolutions récentes de la région  « arabe »  nous  sont, certes,   déjà   connues, comme le sont  les causes de leurs peurs et comme leurs prises de position réservées ou engagées qui, ces jours,  se multiplient :  celle très explicite    de Mère Agnès-Myriam  de la Croix qui semble répondre à l’expression de la révolte sans aucun doute aussi sincère  de Mme Seurat.

Vus de Paris, l’angoisse de ces chrétiens d’Orient semble compréhensible et leurs arguments, admissibles  face  à l’irrésistible percée des partis  islamistes là où sont tombées de terribles dictatures (Egypte,Libye,Tunisie).  Pourtant, ici ou là, des spécialistes du fait arabe  expliquent aussi  – et   c’est la thèse de l’écrivaine-  que le danger n’est pas si certain, et les peurs, injustifiées !  que  de toutes les façons, il faut que ces sociétés  passent par l’arrivée au pouvoir inévitable de cette composante qui fait pourtant en inquiète plus d’un  mais  démocratie  obligeant ( voir  le  Hamas en Palestine même si pour cela votants ou pas sont pénalisés ( !)) ;  que, par ailleurs, la laïcité vue à  l’aune  de la nôtre, ne va pas de soi dans ces sociétés très   confessionnelles  et multiples  à l’infini. Mme Seurat, elle-même, pense  que son avènement n’est pas possible avant longtemps, peut-être  pas avant un demi ou un siècle (  interview France 24)..

Certains  de ces experts  avancent que la démocratie, dans forme« démocratique confessionnelle »   servie par une Eglise civile, celle que  Mme  Seurat appelle de ses voeux, elle seule, et   comme au Liban gouverné  avec sa composante chrétienne (chef de l’Etat,) et sunnite chiite druze pour les autres membres, serait à même  d’  organiser  et d’ encadrer cette cohabitation.

De plus le monde arabe n’a guère le choix  ! C’est ce que lui  serinent ses amis occidentaux  incontournables, ainsi qu’aux opposants et autres rebelles par nous  adoubés. Seul ce modèle serait politiquement correct y compris avec les risques de l’islamisme. Bien sûr celui ci les  a souvent servi,   peut être encore  utilisé pour la défense de leurs  intérêts bien compris  Les USA et Israël  le reconnaissent qui  s’accordent  sur l’utilité de cette  force très religieuse. Israël assure même que son arrivée au pouvoir  dans la zone, mettra un peu plus de désordre dû à la recomposition des pouvoirs par exemple,ce qui lui laissera du  temps pour vaquer à ses propres « occupations ».

Israël d’ailleurs est promu bon exemple type « d’Etat démocratique », bi ou multi -confessionnel ( !) quand, à l’opposé, les deux seuls   Etats  de la région  dotés d’une constitution laïque  (avec les réserves que l’on peut faire), : les frères ennemis baathistes  laïcs et nationalistes, Syrie-Irak, ne sont présentés  que comme des dictatures ayant joué de la laïcité pour mieux s’imposer.  Et régner ! L’Irakienne nationaliste mais forcée de  composer avec des communautés fortes ( kurdes,   chrétiens  intégrés au gouvernement mais chiites sous surveillance car  soupçonnée d’être  « travaillée »  par l’Iran ; La syrienne à composante alaouite, ne désirant pas apparaître comme minoritaire,et jouant sur la corde qui rassemble : la    nationaliste.

 

  Un peu d’histoire

Pour en revenir à la situation des chrétiens d’Orient, ces experts  nous  alertaient  donc,   depuis quelques  années   et toujours à l’occasion   d’événements sanglants (-Irak ou Egypte avec les Coptes),   de   leur situation de plus en plus délicate alors même qu’ils sont une composante historiquement incontournable de l’histoire arabe et arabo musulmane. Elle est  à la base de cette longue histoire  (voir le rôle des Assyriens par exemple et  de cette antique communauté syriaque dont se réclame Marie Mamarbachi.   A des syriaques-  de langue ‘internationale » araméenne- et  connus comme savants,lettrés  et  traducteurs du grec à l’arabe, nous devons  par exemple avec  commentaires,   critiques et enrichissements,  la trransmission  de la connaissance antiqueet  grecque et en grec, au monde arabo-musulman et à l’Occident. L’araméen, la forme  syriaque ensuite furent   langue de grande diffusion et dans divers domaines..

  Minoritaire et la syriaque la plus minoritaire  des minorités!

  La communauté chrétienne orthodoxe syriaque  en Syrie est   devenue  de plus en plus  minoritaire  pour diverses raisons dont ces situations  douloureuses généralement peu évoquées.   Mme Seurat fait, en début de texte, allusion rapide à l’émigration forcée de ses coreligionnaires, de l’Anatolie  turque vers la Jéziré syrienne. Ce fut   en raison des persécutions ethnico-religieuses Jeunes Turcs au début du 20e siècle dans l’empire  ottoman. Ces persécutions s’exercèrent  non seulement, sur les chrétiens orthodoxes arméniens majoritaires  mais  sur   ces Syriaques, des Kurdes et des tribus bédouines (Chawaya). Elles  culminèrent  en 1915  : génocide dit arménien  mais qui  décima aussi   ces « suryans ».  Certains pour mieux se mettre à l’abri deviendront catholiques et d’autres. j’en connais   dans le quartier syrian d’Alep …musulmans ;  cela  à l’époque des mandats et du début des années 1920 à  l’indépendance. ! Le mandat français, pour mieux régner, travaillait en effet pour des raisons  évidentes (et comme aujourd’hui et partout, les grandes puissances + USA)  à  diviser  les Syriens et à renforcer l’esprit communautaire : identitaire ou confessionnel (voir Etat des Alaouites, et chrétiens au Liban, etc ).

La communauté chrétienne se rapprocha alors de la puissance mandataire (la France mère de l’Eglise), et affronte à cette même période l’hostilité des Druzes ( massacres, Beyrouth, Damas, et ailleurs et épisode Abdelkader) La syriaque se démarquera plus tard,  en  fin du mandat, des Kurdes (qui les  considèrent comme proches d’eux),    en raison  du   désir d’Etat indépendant de ces derniers.

Par contre c’est une tout autre cause  qui  provoqua le départ de la Jésiré  puis  cet exil  que Mme  Seurat évoque, des Syriaques  vers Damas et Alep, puis vers  le Liban et le monde entier. Certaines grandes familles aristocratiques  chrétienne ou non, propriétaires terriens dont ces planteurs  de coton de la Jeziré ( au centre de la Syrie et aux bords de l’ Euphrate) et  dont est issue l’écrivaine, quittèrent   leurs terres  (années 1960,  et 1965  pour l’exil de la famille Seurat)  à  la prise de pouvoir  du parti baath qui s’attaqua à  l’ancien système féodal. Il fit sa réforme agraire, distribua les terres, nationalisa les industries, écarta les grandes familles bourgeoises y compris sunnites, des villes dont Homs,Hama et Lattaquié et,bien sûr, Damas et…Alep. Le but du baath était alors  de faire émerger une classe moyenne populaire, rurale plutôt que seulement  citadine, mais  aux activités sous contrôle strict du seul Etat, et  capable de faire  face à cette classe aisée, traditionnelle considérée d’ailleurs comme incapable de se réformer, divisée, méprisante et corrompue  ( !)(voir le portrait qu’en fait ailleurs  Marie Seurat).  Qui  plus  est, cette grande bourgeoisie était largement hostile aux baathistes (y compris dans la tribu « haute »des Alaouites quand les Assad sont de la partie la plus modeste d’où la division de la tribu alaouite, encore aujourd’hui,  sur l’adhésion au régime et le rapprochement opéré par les Assad avec d’autres composantes dont la chrétienne.

Il faut remarquer ici que parmi les opposants, se retrouvent bien évidemment les descendants de ces  grands propriétaires terriens et grandes familles industrielles, avec     arguments à leur   rejet  du pouvoir n place, que    les résultats obtenus de ces nationalisations ne furent pas  des meilleurs  ( Il faut dire que   ce  genre   d’opérations  non spécifique à la seule Syrie et à cette  époque,  ne s’est jamais faite  facilement !). Ils prétendent  que de là  vient le retard  la   Syrie. Il faut dire aussi que cette époque est marquée par les guerres avec Israël et dont l’importance e de l’armée. En fait ce n’est vraiment que sous Bachar al Assad, que le système à vocation  socialiste  commencait  à se  libéraliser même si à plusieurs reprises, et sous le règne du  père, diverses  réformes furent menées mais  par une administration  mal formée, laxiste et  débordée : en exemple : les  dé-et re bédouinisation des  tribus syriennes, qui pourtant  ces mois, multiplient les appuis à Bachar  al Assad que ce soit dans la badiya de Homs, de la région de Hassaké ou  à Alep (Begghara par ex.).

Ajoutons pour  cette  communauté  chrétienne que, si elle   est minoritaire, et dans le cas des Syriaques, » la plus minoritaires des minorités », c’est en raison d’un  facteur démographique particulier à la Syrie.  Alors que la population syrienne pour la partie musulmane (sauf alaouite) et hors certains centres urbains, peine à faire sa transition démographique –un grand souci  que le gouvernement actuel  essaie  pourtant de traiter y compris ces temps et  avec l’aide de l’OMS,  les familles chrétiennes, elles, sont moins  prolifiques.

De plus et contrairement aux Alaouites qui ne font pas plus  d’enfants mais les gardent ( !) au pays et de préférence dans leur  région alaouite élargie  de Homs à la côte,  les familles chrétiennes émigrent, largement aidées en cela par la bienveillante protection des Etats  laïcs mais tellement chrétiens, d’Occident. !Une  importante communauté syriaque est même installée  dans les pays nordiques ; Suède et Norvège, en plus de l’Australie, les USA…Ces pays favorisent  cette  émigration considérée de qualité, cultivée et artiste, qui prie comme eux , même  si  avec  signe  de croix  gauche-droite ou  droite–gauche, avec un doigt ou deux doigts, et etc !

Chrétiens syriens et printemps, été, automne syriens… 

Ces derniers mois,  la communauté chrétienne d’un monde arabe de plus en plus majoritairement musulman, est confrontée à ces « printemps arabes » dont l’ évolution ne lui paraît   pas   évidente  et  est même perçue synonyme d’insécurité et de retour aux catacombes.  (voir Mère Agnès …)

Les  chrétiens de la société syrienne  sont  bien intégrés à l’ensemble de la société  syrienne. Le régime alaouite minoritaire s’était  appuyé sur  eux pour faire  contrepoids   à la composante sunnite.  Les chrétiens   voulurent  oublier leurs peurs  anciennes et le divers épisodes d’affrontements sanglants avec les musulmans (druzes ou kurdes, Frères musulmans.   Bon gré mal gré, ils se tenaient, ces derniers temps,  à l’écart des mouvements de révolte en cours (mais n’en déplaise aux Marie Seurat et autres opposants, tout comme la  majorité de la population syrienne dont les sentiments d’une de ses  parties est  occultée  par les médias :   les ruraux par exemple  et ces bédouins cités plus haut  avec  leurs chefs des  grandes tribus :  Fadel,   Sba,a,   Rouala , etc..

De jour en jour plus  alarmés  les dignitaires chrétiens  :«  ces patriarches «  rudement interpellés dans la page du Monde », s’expriment aujourd’hui et émettent des réserves sur le «  printemps été   automne «  et peut-être  hiver, printemps  et plus si  affinités » syrien   en évolution !

Qui s’en étonnerait ou  penserait   s’en étonner quand les événements  occupent non seulement  l’esprit de    chaque syrien et quand  ces populations sur la réserve sont  largement  prises en otages entre forces en présence et des deux côtés, armées ! Un fait  que ne nie pas l’écrivaine ! Dans son interview télévisée, elle  en informe son   interlocuteur si peu informé des  trafics d’armes qui s’amplifient ces mois à chaque frontière, et  à destination des opposants syriens.  Le journaliste est  si étonné de la déclaration qu’il la lui   fait répéter : «  mais oui, répète t-elle,  armée !  et   de plus en plus !  ». «  Mais voyons tout le monde le sait   lance–t-elle encore légèrement agacée. Elle   veut   pourtant croire ou faire croire que la violence, pour  l’instant et  un moment seulement  n’est que du côté du régime et de son armée!

 

Honte  aux  chrétiens syriens (?)

Marie Seurat et les chrétiens d’Orient  dans « le Monde » et..à la télé

Voilà pour ces quelques  précisions sur   une situation très complexe, celle de cette société  chrétienne syrienne et  syriaque dans le cas de Mme Seurat, et  sur quelques points qu’elle  ne pouvait  développer  ce  qui n’était d’ailleurs pas  le sujet.

Nous aurions aimer  en rester là,   considérant que    Marie Mamarbachi a ses raisons d’être hostile au régime. Elle  est née dans « cette  illustre famille  syriaque de grands planteurs de coton, » qui fut dépossédée par le baath.

2)  Madame Mamarbachi  épouse Seurat  tient sans doute toujours le régime syrien  pour responsable directement ou indirectement, de  l‘assassinat de son époux : Michel Seurat, otage au Liban et comme beaucoup d’autres à cette époque,  du Hezbollah ou d’une fraction du Hezbollah (dont certains disent qu’elle obéissait plutôt  à l’Iran ( !, ?)

3) Syrienne,  même si en exil à Paris et ayant passé plus de quarante hors du pays, (à part quelques années   dans dans la sphère des chercheurs dont Michel Seurat du CNRS, était un brillant élément),   elle a   tout à fait le droit de  faire entendre son opposition !   Elle a  même toute   légitimité pour se faire entendre  de revenir  en Syrie,  à Damas qui ne bouge guère ou   même dans son impassible Alep, et de se joindre aux actions des opposants démocrates et aux manifestes de  ses intellectuels syriens amis  dont tous    respectent les prises de position.

Il nous souvient,quand elle  écrit avoir  jusqu’à ces derniers temps, appuyé le président syrien ; qu’elle  défendit, en son temps, la visite  à Paris de Bachar al Assad. Elle dit alors  de lui qu’il était comme «  un cheval qui se cabre «  et donc, qu’il ne convenait  pas de cravacher ce président aimable qui n’était en quête que d’une très  légitime « légitimité ». ! Entre parenthèses notons que  Marie Seurat raconte ailleurs qu’elle aime faire du cheval en forêt de Chantilly,  d’où sans doute cette  expérience du bon usage de la cravache et d’où les coups cinglants assénés aujourd’hui  aux « patriarches  chrétiens!

Mais si  nous insistons sur le contenu de son texte violement engagé, c’est que nous découvrons, assez étonnés, que les  réactions et implications chrétiennes au plus  haut niveau    qui   nous semblaient  normales  de la part de ces chrétiens en péril  et de  leurs  patriarches, non seulement sont  exécrables  pour d’autres membres de cette communauté dont Madame Mamarbachi Seurat  et le célèbre opposant chrétien  Michel Kilo qu’elle cite. Pire, ces sommités religieuses sont déclarées indignes, honteuses, serviles !  Ce qui nous laisse pantois, c’est, encore  le ton cinglant employé par cette dame, chrétienne par culture   plus que par conviction   -voir France 24 ) Les mots  pour  dénoncer « les agissements   honteux »  de   ces pourtant très, très  hautes autorités religieuses sont    méprisants  voir insultants. On en reste bouche bée! Nous qui, au contraire d’elle et par ailleurs   n’avons jamais eu aucune affinité  avec tous ces hommes de religion en noir ou en atours chamarrés rouge et or !

Qu’entre chrétiens mal en point, on puisse ainsi « se traiter   comme on dit sur le banc des écoles a donc de quoi  nous surprendre, nous lecteurs  laïcs et athées de surcroît !

le  titre  du Monde nous avait déjà  « mis au parfum ». Que l’on en juge   : Le« Honte aux chrétiens syriens »  est lancé  à la face du lecteur éberlué de plus  est  assez ignorant de la question pour pouvoir se  retrouver facilement dans cette Pléiade de grands acteurs de la cause religieuse ! Le« chapeau » en rajoute,qui nous présente ses  « patriarches » comme de serviles collaborateurs ! Et quels collaborateurs, des servants dociles, la peur au ventre  et  courbés,  aux ordres du chef Assad . :

  Ah vous « Nos » Eminences, taisez-vous ! 

A ces chrétiens syriens et de toutes les diverses  communautés chrétiennes  citées  en fin de texte, est   délivré par  Mme  Marie Seurat dont on ne peut que relever le courage,  non pas un message mais  une  injonction  sans réplique, cet ordre crié. « Taisez–vous ! »      De plus, « leurs Eminences », les Patriarches doivent  cesser leur collaboration avec « des assassins » ou au moins de la « fermer » s’abstenir illico d’un quelconque soutien   au régime syrien  en place et, surtout, ils ne doivent  aller confier  doutes et tiraillements  dans les officielles oreilles parisiennes (par  ailleurs assez peu complaisantes puisqu’il est dit ailleurs que la réception d’un de ces « éminents patriarches  chrétiens à l’Elysée  fut des plus froides). Si l’on voulait en rire, on dirait  que cela ressemble à s’y méprendre à la récente  injonction de notre  ministère des Affaires Etrangères :une copie de l’ordre donné » par Juppé, aux  derniers  soutiens du régime Assad., de s’abstenir sinon…!

Relisons    l’ordre : « Et de grâce O Eminences,… Taisez vous !  Epargnez à notre peine    la honte d’une alliance avec les assassins !  »

Parmi ceux qui doivent se taire,et je cite, il y a  le « entre chèvre et chou : «  Sa Béatitude (les majuscules sont de Mme Seurat) Grégoire III Laham, patriarche non seulement d’Antioche et de tout l’Orient mais aussi d’Alexandrie et de Jérusalem », (mais pour al Qods sans doute aussi  aux ordres  du tandem :Natanyalibermann), ; Sa Béatitude est    qualifiée de servile tout autant que cet autre : « le maronite »  qui n’est autre que le libanais Bechara RaÏ, patriarche  de l’Eglise chétienne maronite, et que  ces   Eminences, évêques ou archevêques, ceux qui,  il n’y a pas si longtemps, et dans leurs plus  beaux atours, donnaient à baiser leur main  ornée de pierres précieuses   à la très dévote Marie Marmarbachi –Seurat agenouillée. Mais en  ces jours, elle avoue  puis menace:

« Je me courbais alors devant eux pour implorer leur clémence…Je ne m’inclinerai plus devant vous, éminences, je ne vous baiserai plus la main. L’améthyste à votre doigt risquerait de m’écorcher la lèvre.. »

N’oublions pas  non plus  dans la liste infamante   établie par Marie, « ce pasteur protestant, lui, aveugle et sourd : « quand les canons des frégates ( !) amarrées sur les plages bombardaient  Lattaquié ! » ( tiens, Mme Seurat est une inconditionnelle  des infos : Rami abdelrahmane-OSDH  !)      Comme elle est  lyrique, cette  évocation, des   « frégates » syriennes (toujours graçieuses et légères si même guerrières  les frégates !) « amarrées aux plages » d de la Méditerranée – mer syrienne par excellence, et bombardant de leurs canons bien astiqués, les populations désarmées. On imagine  les volutes de fumée sombre  obscurcissant   les cieux   trop bleus et allant   sans aucun doute  voiler  l’abominable  spectacle  au regard  des   dieux antiques-  toujours aussi silencieux et indifférents-  -dieux et déesses tutélaires qui hantent justement cette  région de Lattaquié : dieu des orages  ou  de la guerre, et Mot aussi : dieu de la mort .

Mais revenons donc  à cette autre  peinture sans  poésie   celle-là,  de ces malheureux   patriarches jetés   en pâture  aux lecteurs de  notre excellente  presse française.

Les  « Vos Excellences » de Marie  Seurat  ressemblent   mais comme l’ensemble  des Eglises d’Orient   à ces   « trois singes   : épaules voûtées, genoux relevés, mains sur les yeux,  la bouche, les oreilles ».  Comme eux,  elles  ont décidé de ne rien  voir, rien entendre, ne parler de rien         de ce qui se passe dans  leurs pays et pourtant « sous les yeux de tous les Syriens ».

« Son Eminence-Votre éminence », « le maronite »      Monseigneur RaÏ,  lui, est décrit  comme   plus  laid que les autres, car  en plus d’être ce singe accablé de trop de soumission, c’est « un greffon qui peine à prendre, qui doit cesser de faire semblant de croire que son  salut est lié aux alliances sur des sables  mouvants » ! Un traitement spécial que signe un  terrible mépris. !

Entre  parenthèses, Mme  Seurat conseille en fait à ce «  greffon  avorté»  de sauter en marche du train bondé de  voyageurs  quand  le conducteur est devenu fou et que le convoi va  plonger dans le ravin, avec tous les passagers.

Son Eminence  maronite   en plus,  à le tort  de  se permettre  de donner des  leçons «   à Nos  Prélats de France et  de leur raconter  qu’il  y  a « une mentalité propre  à l’Orient  :«  Mais quelle est donc cette mentalité de l’Orient Votre Eminence ? s’indigne Marie, celle des despotes décrite dans les récits des voyageurs où le grand vizir (le maronite) se délecte  devant le supplice de l’empalement ou de l’écorchement ? châtiments typiquement orientaux  paraît-t-il ( ndl :à vérifer, pas sûr  il me semble qu’en Occident aussi, mais c’est une autre histoire ! ).

Il manque enfin  à la liste infamante des non opposants chrétiens et serviles : le Métropolite de Sébaste ; de    Palestine, l’archevêque Rydrom, chef des Eglises orthodoxes de Chicago,USA ‘) mais oui ! et d’autres sans doute  et à venir…

Consternés  nous sommes !

Et bien, tous ces  illustres  patriarches chefs d’Eglises de très antique origine, ils sont vraiment plus affreux  que nous, les athées, le pouvions l’imaginer, nous    si peu au courant que nous sommes des vilaines actions de  ces chefs religieux ! Mais comment  pouvions  le supposer ? Je n’en reviens pas !

Ces  «  Leurs  Eminences » je  les ai   vues qui  officiaient à Pâques, entourés de tous leurs fidèles dans les nombreuses églises syriennes que je fréquente par     curiosité .Comment aurais-je pu imaginer qu’il n’y avait là qu’une assemblée de …valets !  Et que va penser d’eux  maintenant, notre ex président français Giscard d’Estaing qui fut  invité, il n’y a pas si longtemps  à   disserter   par  des francophones alépins dont   certains très influents s’enorgueillissent d’être de très anciennes familles chrétiennes. A l’heure dite, notre ex-président les  vit venir s’installer  au plus près de  sa tribune et dans les fauteuils à eux seuls réservés. Alors que ces Eminences  traversaient la  foule intimidée, il nous avait paru, à nous   même, athées   impressionnés par leurs gravité  et… leurs riches atours, que c’était  un spectacle plutôt  réconfortant pour la Syrie, et surtout  à les voir saluer cordialement   les illustres et d’obédience aussi variée les cheikhs de la communauté musulmane. Marie Seurat n’avait pas encore pris la peine, alors, de nous avertir qu’il  n’y avait là que brochettes de coquins !

L’aurions nous cru d’ailleurs, et le croyons nous encore aujourd’hui  ? C’est difficile  même si la notoriété et l’autorité de Mme Seurat devrait  suffire à nous  persuader

Quand même, Ils sont vraiment  mis trop   bas   ces chrétiens syriens de si lointaine origine  et à la si longue histoire. Ces patriarches  à qui  cette dame plus française que syrienne, ordonne « de la fermer » ! Inconscients  patriarches que  Michel Kilo  menace  «  pour    ramener à la raison ces illustres enfants de Jésus devenus  irresponsables, de  poser  avec d’autres chrétiens laïques,  la première  pierre de  son Eglise  à lui : une Eglise civile  (!,)  L’idée  nous paraît   assez anachronique. Ces opposants démocrates chrétiens civils,  que ne passent-ils  par-dessus toutes ces Eglises qui, d’ailleurs, prédit Mme Seurat seront « bientôt en ruines,  englouties dans les sables mouvants » et ce, malgré la « soumission et servilité »  de leurs   fidèles serviteurs   mais «  serfs voire  moutons peureux, pris au lasso et enfermés dans l’enclos de leurs  Eglises »

Sur ces ruines annoncées, on aurait voulu entendre que ces rebelles bâtiraient   un monde  différent. Mais comment peuvent-ils, ces chrétiens laïcs, renoncer à ce qui est leur véritable carte d’identité…Problème  !

Ces chrétiens dansent aussi, ces   enfants   de Jésus oublieux de « Sa » parole  !

Le violent coup de colère de Marie Seurat ne  vise   pas seulement  pas seulement les  patriarches responsables   et  de tous ces fidèles grecs orthodoxes, arméniens  orthodoxes, arméniens  catholiques et syriaques, jacobites,  chaldéens  et autres et tous vilipendés !

Un autre lot  de « serviles collaborateurs adorateurs  perdus du Christ, aux  turpitudes  honteuses » sont   dénoncés par Madame Seurat. Ce sont les jeunes syriens      et  ceux  qui,  en particulier, dansent !

Et oui « ils dansent » les jeunes chrétiens d’Alep que   Marie Seurat  « balance »  avec tant de mépris. Ce  sont d’abord ceux, plus coupables, qui ont ouvert cet été 2012, deux  « boîtes de nuit  »  dans leur quartier d’Azizié :deux boîtes   chics – c’est vrai, on m’en a parlé- où la jeunesse, danse, certes  friquée des beaux quartiers, chrétiens mais aussi musulmans et des athées qui n’osent se déclarer –trop dangereux-     !  Marie Seurat écrit   « j’ai honte pour eux …Ce ne sont pas des chrétiens ! je ne sais plus  ce qu’ils font et ce qu’ils sont »

Et oui c’est vrai, Madame, ces jeunes, ils dansent ! mais    en Syrie  comme dans  les  pays en guerre  !  Ensemble, ils   dansent  et  se  fichent d’être chrétiens ou musulmans  comme ils me l’ont confié, dans un autre lieu  « honteux «  un bar » où  ils avaient organisé une sauterie « disco  à laquelle  j’étais conviée ( !). Et sans doute ils se  fichent aussi de votre honte à vous,  la grande dame parisienne qui aime faire du cheval  à Chantilly pour se détendre. elle qui n’a que peu vécu en Syrie et  s’est tenue loin de son pays  quand ces jeunes eux, traînaient toutes ces dernières années  leurs  angoisses, leur  ennui  et leur désarroi dans leurs quartiers  denses et  sans grâce de l’Alep chrétienne dont  l’arménienne. Ils ne lisent pas le Monde non  plus ! Jeunes et sûrement angoissés,  ces chrétiens   jugés  perdus pour leur église  essaient  peut-être  d‘oublier ce qui s’annonce ; ce qu’ils croient voir s’annoncer et d’oublier le silence du dieu que  cette dame  continue d’adorer ! ils n’ont peut-être pas envie de ce que Marie Seurat entrevoit mais en l’acceptant  elle, à Paris où elle vit  : « du « passage au tamis » ou de la  vie aux catacombes que craint Mère Agnès » et même si « l’histoire doit  suivre son cours  qu’on le veuille ou pas » ;

Pas sûr Mme Seurat que ce destin les enchante !

Alors ces jeunes  s’amusent  dans ces boîtes de nuit ou ailleurs, mais  à l’abri du regard oppressant de cheikhs enturbannés et de nombreuses éminences à la croix !

Ils dansent, car ils affrontent non seulement  les problèmes  de  toutes les jeunesses de ce monde déboussolé, mais encore les embargos et les sanctions, et les  menaces de  récession   de guerre économique qui vont les frapper en premier !

Pour eux et en Syrie désormais, ces peurs bien réelles se nourrissent  des jours et des années incertains  à  venir,  des déclarations de ces divers  postulants à la tête de leur pays, déposant chacun, de Paris, Londres ou  Ankara  leur  curriculum indéfini, encouragés et  soutenus qu’ils sont par ces donneurs de leçon occidentaux qui,  sous leurs jeunes  yeux,  et  maintes fois, ont faitet font (à propos de l’Etat Palestine,  la  preuve   de leurs duplicité  et cupidité !

Ces jeunes syriens,  appréhendent,  Madame,   ces temps déjà perdus  où il faudrait  mieux s’occuper des exigences de leurs jeunes corps, de leur  besoin d’amour, de la famille ou de l’avenir à construire ! A cela vient encore  s’ajouter  la répression ordinaire et habituelle  qu’exercent sur eux et depuis leur enfance, leurs    familles et communautés.

« Ils dansent »  ce constat étonné  de Michel Kilo ; l’opposant de toujours, Mme Seurat le reprend  d’ailleurs de l’auteur d’un roman israélien  décontenancé à la vue de « danseurs   palestiniens «  s’éclatant » malgré tout !

On pourrait  demander à Marie Seurat même née comme elle veut l’affirmer  Mamarbachi, et de famille   illustre de la  Jeziré, ce qu’elle connaît d’ailleurs  de ces jeunes Alepins d’aujourd’hui. Que  sait-elle de leur désespoir !

Il m’a semblé à moi, ces derniers temps, très heureux que ces jeunes, chrétiens ou pas   soient   oublieux  -et je cite le texte de Marie S. : «  des paroles de Jésus rapportées par Matthieu  :  heureux ceux qui sont persécutés par la justice car le royaume des cieux est à eux » Je suis    heureuse de constater que de ce royaume des cieux qu’on ne cesse de leur  faire  miroiter « urbi et ordi »  et vice et versa….  ils s’en f…. »

Il  m’a semblé très bien, au contraire, que ces jeunes syriens  aient aujourd’hui, à Alep, à Damas et ailleurs et comme partout chez nous,en Occident,  des  cafés, restaurants, boîtes et  nombreux  lieux  de rencontre de leur âge où  ils peuvent, filles et garçons ensemble  au moins pour quelques heures, et oublieux des événements,  respirer, chanter, danser et …se parler …Il n’y   a pas tant de pays arabes aujourd’hui à part le Liban peut–être qui leur offrent ces instants de liberté !

Et que peuvent-ils faire dans la complexité de leur situation, sinon essayer d’oublier en dansant la guerre civile qui se profile à leur horizon ?

De plus  il est étrange que Madame  Seurat qui n’est en Syrie que de  temps à autre et pas sur le terrain,  profond,  ne s’interroge pas ,  mais pas une minute, sur ce fait avéré que ce n’est pas toute la Syrie qui se soulève et qui adhère au programme d’ailleurs indéfini d’oppositions  disparates ! Plus de  20 millions d’habitants,  ruraux comme citadins, bédouins aussi de la steppe lointaine,  villageois comme  grands commerçants et   artisans, gens de service réduits au chômage et qui sont plus préoccupés de trouver de quoi survivre. Une majorité qui  ne bouge pas,  ou qui fuit  les combats, contre une minorité  de  groupes,  ici et là, se regroupant dans  des régions particulières, une population tout entière qui sombre dans une crise économique renforcée par ces sanctions iniques !

Et enfin,  pas un mot de réprobation pour l’insupportable ingérence  occidentale récurrente, constante, dans les affaires syriennes  et aucune allusion à la très réelle machination US mais relayée par les politiciens européens, destinée à affaiblir toute la région quand s’approche le temps de s’opposer aux désirs d’Etat des Palestiniens   et le temps  de faire diversion en  agitant le « danger du nuclaire iranien  !

Marie Seurat révoltée,dont nous reconnaissant la sincérité et le courage, se dit non spécialiste du fait politique et  des analyses  géopolitiques. Elle dit encore qu’elle agit comme elle le sent, intuitivement  !

Très bien…mais est-ce suffisant ? Est-elle si sûre de ne pas être aussi de ces trois singes qui ne voient, n’écoutent et ne regardent que ce qui les arrangent  !

Est si facile de tout comprendre, de se retrouver  dans cette géopolitique si manipulée  et depuis si longtemps !

Est –t-elle si crédible   quand  elle ne  doit pas se donner   de mal pour aller dénoncer toute sa communauté chrétienne syrienne  angoissée et peut-être  en perdition, à nous autres, étrangers à  l’affaire,  et dans un   discours si politiquement correct  qu’il ne peut que nous plaire, à nous et à  nos  médias   complaisants !

Sait-elle combien, par contre il sera difficile à ces « chrétiens angoissés » tout comme aux autres Syriens moins médiatisés, de  dire, avec leurs  bouches à eux,  les  raisons de leur angoisse ! de témoigner avec leurs yeux à eux et comme le pasteur protestant traité de menteur,  de ce qu’ils voient même si c’est différent de ce que voient les opposants et ce que nous disent  les seuls  relais complaisants (OSDH et consorts).

 

S.lafleuriel-Zakri

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