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Révolution à Mossoul (témoignage)


Révolution à Mossoul (témoignage)

Publié par Gilles Munier
6 Juillet 2014,

Par Ghassan al-Imam (revue de presse : Al-Sharq al-Awsat – extraits – 24/6/14)*
Traduction par Marcel Charbonnier – Résumé et synthèse par Xavière Jardez

…(…)… Je ne suis certes pas partisan de Daash ni ne soutiens son interprétation et sa mise en application rigoriste de la loi islamique (Charia). Mais les informations fiables que je tiens de sources proches des dirigeants de l’insurrection sunnite à Mossoul confirment que Daash n’est qu’une des composantes de la direction de l’insurrection.

Des officiers supérieurs de l’ancienne armée irakienne en sont les membres les plus éminents. Parmi ceux-ci, deux dirigent maintenant les gouvernorats de Ninive et de Salaheddiine qui a Tikrit pour capitale.

Ces officiers sont les ultimes survivants de ceux qui ont dirigé les opérations pendant la guerre irako-iranienne, à l’issue de laquelle Saddam Hussein, méfiant, a éliminé leurs camarades. Les services secrets d’Al-Maliki et la Garde révolutionnaire iranienne en ont assassiné d’autres, ciblant plus particulièrement les pilotes de l’armée de l’air.

Certains de ces officiers sont baasistes, mais ils ont procédé à une profonde critique de leurs positions passées et conclu qu’il était nécessaire de forger un nouvel Irak fondé sur le pluralisme politique, un arabisme non sectaire et une « entente cordiale » avec les pays arabes du Golfe.

Cependant, face au refus d’Al-Maliki, d’associer les sunnite aux décisions politiques, à l’administration, à l’armée et à la police, déconvenue, désillusion, puis, exaspération ont prévalu parmi les sunnites alors que le premier ministre irakien ouvrait les portes aux partisans de Gardiens de la révolution et aux Brigades d’Al-Qods iraniennes sous la direction d’Al Sulaïman et la participation d’Al-Maliki qui incitent au rassemblement des milices chiites irakiennes pour mener une guerre confessionnelle pour rependre les territoires sunnites entrés en « rébellion ».

Les responsables sunnites pensaient que les tribus arabes chiites du Sud de l’Irak qui avaient combattu durant la guerre Iran-Irak entreraient, elles aussi en rébellion, faisant passer leur appartenance irakienne et arabe devant toute autre considération. Mais elles ont été matées puisque un certain nombre de leurs chefs et officiers ont été assassinés par les services secrets iraniens qui avaient, aussi, ordonné à Al-Maliki de les soudoyer pour obtenir leur silence et leur loyauté.

Au sein du mouvement sunnite, on trouve des officiers démissionnaires et des militaires baasistes dont ceux de l’entourage d’Izzat al-Douri, des organisations islamistes comme Daash (Etat islamique en Irak et au Levant- EIIL) constituée de membres des tribus irakiennes et syriennes… (…)… Puis, il y a les hommes du cheikh Harith al-Dari à la tête des Waqf (biens islamiques de main morte Ndt) et diverses directions et façades politiques, telle la famille Al-Nujafi, famille compromise par ses liens avec Al-Maliki.

Il est certain que le mouvement sunnite est parvenu à modérer Daash en empêchant une interprétation rigoriste de la Charia, le démantèlement de l’administration en vigueur ou la capture des dépôts de la Banque centrale et des banques dans les régions « libérées » de l’Irak. La plupart des civils qui ont fui Mossoul et d’autres villes soit un demi-million d’habitants sont rentrés chez eux depuis le Kurdistan où ils s’étaient réfugiés.

Néanmoins, Daash a commis des erreurs lors de sa progression fulgurante. Elle n’a proféré aucune menace ou émis de provocation vis-à-vis des Etats-Unis. Elle a aussi claironné sa détermination à s’emparer de Bagdad et des lieux saints de Nadjaf et Kerbala, ce qui était largement au-dessus de ses moyens sur le terrain.

Que penser de sa déclaration de la suppression des frontières entre l’Irak et la Syrie?

Les mêmes tribus sunnites vivent de chaque côté de la frontière imposée par les accords Sykes-Picot, il y a un siècle, par les puissances coloniales et les relations qu’elles entretiennent sont bien plus vitales que cette frontière tracée au cordeau. Si Hafez Al -Assad a hésité à détruire les lignes arrière de l’armée irakienne lors de la guerre Iran-Irak, c’est parce que les tribus sunnites de l’est de la Syrie veillaient. Mais Saddam Hussein a commis l’erreur de ne pas conclure l’union entre la Syrie et l’Irak à la fin des années 1970. S’il l’avait fait, la propagande américaine n’aurait pu qualifier les sunnites d’Irak « de simple minorité ».

*Titre original : « Que signifie l’effondrement des frontières entre l’Irak et la Syrie ?(en arabe)
http://classic.aawsat.com/leader.asp?section=3&issueno=12992&article=776779#.U7Qm6LFs5qM

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