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« Story Killers » : une société de désinformation israélienne a ciblé le journal Valeurs actuelles


Publié par Gilles Munier sur 17 Février 2023, 09:13am

Catégories : #Désinformation, #Israël

Revue de presse : Ouest-France (16/2/23)*

Une enquête menée par la cellule investigation de Radio France, en collaboration avec le consortium Forbidden Stories, révèle, ce jeudi 16 février 2023, que le journal Valeurs actuelles a publié une tribune qui servait les intérêts de Percepto, une agence israélienne spécialisée dans l’influence, la manipulation électorale et la désinformation.

Après la chaîne BFMTV, le journal Valeurs actuelles. Le second volet d’une enquête menée par la cellule investigation de Radio France , en collaboration avec le consortium Forbidden Stories, a révélé, ce jeudi 16 février 2023, que le magazine Valeurs actuelles a publié une tribune qui servait les intérêts de Percepto, une agence israélienne spécialisée dans l’influence, la manipulation électorale et la désinformation.

Dans un premier temps, la cellule investigation a révélé, mercredi 15 février, qu’une société occulte israélienne était parvenue à faire diffuser sur BFMTV des informations servant les intérêts de ses clients. Une opération d’entrisme rendue possible avec l’aide du journaliste Rachid M’Barki, mis à pied après avoir reconnu une « erreur de jugement journalistique ». Cette fois-ci, le second volet concerne un autre média français et un nouvel acteur israélien.

« Une société à l’avant-garde de la désinformation internationale »

Percepto. Voici le nom de la société qui a œuvré à la publication d’informations biaisées dans différents médias, dont Valeurs actuelles, rapporte la cellule investigation de Radio France. À première vue, cette entreprise de relations publiques et stratégiques installée à Tel Aviv « se targue de démystifier les campagnes de désinformation, en documentant la propagation des fausses nouvelles et en combattant les théories du complot ». Mais l’enquête révèle qu’elle figure « à l’avant-garde de la désinformation internationale ».

D’après l’enquête, cinq salariés français travaillent pour cette société fondée par Royi Burstien, un ancien officier de la direction du renseignement de l’armée israélienne. Parmi eux, une spécialiste en « influence », deux diplômées de Sciences Po Paris, un informaticien et un coordinateur de projet, rapporte la cellule investigation.

Influencer des influenceurs

La spécialité de l’entreprise ? La création d’« avatars profonds » (« deep avatar », en anglais). Il s’agit de personnes fictives qui interagissent avec le monde réel, en dialoguant par e-mail, messageries privées, sur Twitter ou Messenger et même par téléphone, détaille l’enquête. « Notre objectif, c’est qu’un ’deep avatar’ établisse une relation avec de vrais influenceurs pour que ces derniers deviennent nos caisses de résonance », affirmait Royi Burstien aux journalistes d’investigation.

Après avoir créé un scénario dans lequel ils se présentaient comme des entrepreneurs français désireux de nuire à la réputation d’une entreprise concurrente implantée en Afrique francophone, les journalistes d’investigation ont été recontactés par le patron de Percepto, qui leur a proposé d’activer Kémi Séba, un important influenceur franco-béninois. Objectif : utiliser un avatar profond pour l’encourager à son insu à propager le discours de rejet demandé. En bref, influencer l’influenceur.

Un article contre le comité international de la Croix-Rouge

Selon les résultats de cette vaste enquête qui a duré six mois, le journal Valeurs actuelles a donc été utilisé pour diffuser des informations erronées afin de discréditer le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Burkina Faso. En effet, l’ancien président burkinabé, Roch Kaboré, avait « un problème » avec cette ONG, rapporte Royi Burstien aux journalistes. Il a donc contacté Percepto qui a œuvré à faire publier un article par l’hebdomadaire français, qui accusait le CICR d’avoir « noué des alliances ’de fait’ avec des groupes djihadistes pour pouvoir circuler librement ».

L’article en question a pris la forme d’une tribune, signée par Emmanuel Dupuy, un spécialiste des questions de défense et de sécurité régulièrement invité par les médias français. La tribune a ensuite été reprise par deux sites d’informations burkinabés, obligeant le CICR à démentir ces allégations. L’Agence France-presse (AFP), a ensuite publié une dépêche sur ce démenti, diffusée comme toutes ses autres dépêches à l’échelle internationale. Contacté par Forbidden Stories, Emmanuel Dupuy a affirmé ne pas connaître la société Percepto.

*Source : Ouest-France

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