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Syrie : De la noblesse des comportements !


 Par Dr Bassam Abou Gazalé

Quel bonheur que de compter des amis réunissant patriotisme et culture, telle Madame le Docteur Ghada al-Yafi qui ne cesse de nous surprendre par ses textes témoignant de ces deux qualités à la fois ! Elle nous a adressé, et nous l’en remercions, ces quelques lignes rappelant le comportement  du Patriarcat orthodoxe arabe de Damas face à la famine qui a frappé le Levant [Bilad el-Cham] lors de la Première Guerre mondiale. Nous ne pouvons que nous incliner et rendre hommage à ces grands  hommes de notre Histoire, nobles en leur âme et inébranlables dans leur foi. Ne peut-on définir cette foi par ce qu’en a dit le Prophète Muhammad : « Je n’ai été envoyé que pour parfaire la noblesse des comportements » [makarim’l akhlaq] ? Restriction qui ne signifie rien d’autre sinon que son message, tout autant que ceux des prophètes qui l’ont précédé, fait que la religion relève de « la noblesse des comportements » ! Ce texte de Madame Ghada al-Yafi, le voici :

Lors de la « famine de Safar Barlik » survenue pendant la guerre de 1914-1918, le Patriarcat orthodoxe de Damas a ouvert ses portes à tous les affamés, même ceux venant de Beyrouth et quelle que soit leur confession.  Le Patriarche Grégorius Haddad ne s’est pas contenté d’hypothéquer les biens du patriarcat et tous ses monastères pour pouvoir emprunter les sommes nécessaires, mais il a aussi vendu les vases sacrés en or ou argent, témoins à la fois du patrimoine spirituel et historique de son Église profondément enracinée en terre syrienne; tout comme il a vendu la croix en diamant qui ornait sa poitrine et qui lui avait été offerte par le tsar de Russie en 1913.

Le prix du blé était tellement exorbitant, que son successeur Alexandros Tahan a fini par se séparer de tous les avoirs du Patriarcat pour rembourser les dettes cumulées et les intérêts excessifs. Ainsi, ce Patriarcat a fini par perdre toutes ses propriétés, mais a offert le plus bel exemple de fraternité, de patriotisme et d’humanité.

Le patriarche Grégorius mourut en 1928. Cinquante mille damascains musulmans étaient présents à ses funérailles, priant pour l’âme de celui qu’ils appelaient désormais « Muhammad Gregorius ».

Ce même patriarche avait dirigé, entre 1916 et 1918, les chrétiens engagés au côté du Sharif Hussein et de son fils, le prince Fayçal, dans leur lutte pour la libération  du joug ottoman et avait fait acte d’allégeance à Fayçal devenu roi de Syrie en 1920.

Puis, lorsque le héros national Youssef al-Azmeh est tombé à la bataille de Mayssaloun [24 juillet 1920, NdT] et que le Général français Gouraud est entré dans Damas, le Patriarche Grégorius était le seul à accompagner le Roi Fayçal sur le quai de la Gare. Le jeune roi a pleuré lorsque le Patriarche lui a dit : « Cette main qui t’a reconnu te restera loyale à jamais ! ». Fayçal a voulu baiser la main tendue, mais Grégorius l’a retirée et a déposé un baiser sur son front.

Bel exemple de patriotisme, en effet.  Le roi de Syrie, fils du roi des Arabes et du Sherif de la Mecque qui tente de baiser la main du Patriarche grec orthodoxe ! C’est ce que nous racontent nos grands parents… C’est ce qui est inscrit dans l’Histoire… Mais certains arabes ne lisent plus…

Dr Bassam Abou Gazalé

Article original : Sirajuna

 

http://www.sirajuna.com/EachArticle.aspx?aId=411

Article traduit de l’Arabe par Mouna Alno-Nakha

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