Syrie : Fabius et la fiction de « l’opposition modérée »
janvier 20, 2014
LE PETIT BLANQUISTE
15 janvier 2014
Syrie : Fabius et la fiction de « l’opposition modérée »
Quai d’Orsay.JPGLors d’une conférence de presse tenue le 9 janvier, Fabius s’est exprimé sur la prochaine conférence dite « Genève II » qui sera consacrée à la situation en Syrie et à la recherche d’une solution politique. [1]
Selon lui, cette solution passerait par « l’opposition modérée » …
Or, quatre constations s’imposent immédiatement à propos de cette « opposition modérée » :
1 – Très désunie pour le moment, elle en est encore à s’interroger si elle participera ou non à la conférence ;
2 – Sur le terrain, elle est totalement supplantée par des groupes djihadistes plus ou moins liés à Al-Qaeda ;
3 – Sa modération reste douteuse quand on sait qu’elle accepte dans ses rangs la brigade al-Farouq connue pour ses crimes monstrueux ;
4 – Enfin, dominée par les Frères musulmans, elle tend à s’unir sous le drapeau de l’islamisme et à exiger que la charia soit appliquée en Syrie. ; une perspective que nombre de Syriens, à commencer par les minorités (chrétiens, alaouites, druzes,…), ne peuvent accepter.
Selon la lettre de convocation du secrétaire général de l’ONU, l’objet de la réunion de Genève est de « dégager un gouvernement de transition doté de tous les pouvoirs exécutifs, par discussion entre les parties ». Donc sans aucun préalable…
N’empêche que Fabius décide – unilatéralement et avant toute négociation – que ce gouvernement de transition devra se faire sans Bachar Al-Assad « avec des éléments du régime, et avec l’opposition modérée ».
Dans la foulée, notre ministre renvoie dos à dos, d’un côté, les terroristes financés et armés par le Qatar et l’Arabie saoudite qui combattent sur le sol syrien [2] ; de l’autre, le gouvernement qui s’efforce de protéger sa population.
Par ailleurs, selon une constante qui lui est propre, Fabius ne voit des « exactions » que du côté du gouvernement syrien.
Pas un mot pour déplorer les milliers de victimes civiles des attentats perpétrés par les djihadistes dans les rues de Damas et ailleurs.
Pas un mot pour condamner la persécution sanglante des minorités de Syrie ; dont celle des chrétiens (voir ma note du 10/01/2014).
Pas un mot de compassion pour les journalistes prisonniers des groupes islamistes dans des conditions inhumaines…
Rien qui puisse contrarier l’obsession de Fabius : envers et contre tout, accabler le seul Bachar al-Assad !
Enfin, on retrouve sa duplicité habituelle qui consiste à exiger des « couloirs humanitaires » alors que l’arrière-pensée évidente est de renouveler le scénario libyen : élargir l’action humanitaire qui pourrait être décidée par l’ONU à une intervention militaire ouverte de l’OTAN.
Pour qui roule Fabius ?