Syrie : Genève-2 et les illusions saoudiennes
novembre 7, 2013
Jeudi 7 novembre 2013
Revue de presse : Rossiïskaïa gazeta (quotidien russe – dans Médiarama – 7/11/13)*
Selon Guennadi Gatilov, vice-ministre russe des Affaires étrangères qui a participé aux négociations trilatérales Onu-USA-Russie sur le problème syrien, «nous avons senti que les Américains n’avaient pas suffisamment de leviers pour consolider l’opposition syrienne». Pendant ce temps les monarchies du Golfe cherchent à éliminer du champ diplomatique leurs principaux concurrents en Syrie – les Iraniens – et les autorités iraniennes laissent entendre que Genève-2 n’aurait aucune utilité sans la participation de Téhéran. Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a déclaré sur France 24 que les conseillers militaires et les volontaires iraniens qui combattaient du côté d’Assad avec les chiites libanais pourraient quitter la Syrie – mais seulement si les islamistes sunnites étrangers, financés par l’Arabie saoudite et le Qatar, quittaient également le pays. Moscou prône une implication active des médiateurs iraniens dans le dialogue sur la Syrie. Mais Washington et l’émissaire de l’Onu et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi s’y opposent, explique Guennadi Gatilov.
En fin de semaine les dirigeants de la Coalition nationale syrienne d’opposition se réuniront à Istanbul et devront prendre une décision sur leur participation aux négociations de paix à Genève. Pour l’instant les opposants d’Assad n’ont pas reçu de garanties selon lesquelles la démission du président syrien serait annoncée pendant la conférence de Genève. Or le principal sponsor de l’opposition, l’Arabie saoudite, insiste sur cette condition pour que la conférence se tienne. Riyad souhaite en effet que Genève-2 prive le président syrien du moindre rôle dans le processus de transition et refuse d’évoquer d’autres options pour mettre fin au conflit syrien.
De son côté Moscou a encore confirmé que Damas était prêt à envoyer à Genève une délégation du gouvernement syrien. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré qu’il était nécessaire de renoncer une bonne fois pour toutes aux illusions sur la possibilité de «trancher le nœud syrien grâce à une intervention étrangère». La délégation russe espère que cette approche sera reflétée dans le communiqué final de Genève-2 si la conférence avait lieu.
Les illusions de l’Arabie saoudite, qui pense qu’elle réussira indirectement à renverser le régime d’Assad et installer au pouvoir en Syrie un gouvernement sunnite, n’empêcheront pas la communauté internationale de préparer une «feuille de route» pour régler le conflit syrien.
*http://gallery.mailchimp.com/fdeacba4fa4c5ec4d8ce5787c/files/Mediarama_457.pdf