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Syrie : le casse-tête


http://www.lejourdalgerie.com/Editions/030312/une/Lejour.htm
par Ahmed Halfaoui

La «révolution» libyenne a offert et continue d’offrir ses morceaux d’anthologie, en termes de déclarations des «révolutionnaires» et autres CNT. La «révolution» syrienne aussi, bien que beaucoup moins lotie en réussite. Par exemple, lorsque des bandes armées ont fait leur apparition à Homs elles ont dit qu’elles étaient là pour «protéger les civils». Défaites par les forces armées syriennes, elles expliquent qu’elles se sont retirées tactiquement de Baba Amr «par souci pour les vies des civils restants». Comprenne qui pourra.

Intervient, dans les heures qui suivent, le CNT syrien hyper médiatisé, fidèle à son rôle, qui appelle la «communauté internationale et les pays arabes et islamiques à intervenir immédiatement pour prévenir un éventuel massacre dans les prochaines heures contre des dizaines de milliers d’enfants, de femmes et de personnes âgées».

Le quidam qui voudrait comprendre ce qui se passe réellement a là de quoi se demander où se trouve la logique de telles contorsions. Qu’à cela ne tienne. Il faut plutôt s’intéresser à ce qui se passe là où se concocte les intentions réelles.

Il faut commencer par le scénario, appliqué à la Libye, qui n’a pas été changé, mais qui a dû être revu grâce à l’irruption russo-chinoise sur la scène. A ce titre, la réunion des «amis du peuple syrien» semblait aussi inutile, qu’elle correspondait à une forme de fuite en avant. Le «Canard enchaîné» nous apprend que non et que le décorum cachait bien des choses. Pendant que les «amis» étaient amusés pour la galerie, ils servaient  à leur insu (sauf pour les maîtres d’ouvrage) de couverture à autre chose de moins loquace, pas médiatique du tout, mais de plus entreprenant. Le journal  a eu accès aux propos d’un «haut responsable» français des Affaires étrangères. Une réunion parallèle se tenait (les chefs d’Ennahda étaient-ils au courant ?), qui regroupait les services secrets qui savaient, désormais, qu’ils ne pouvaient pas «refaire le même coup qu’avec la Libye», à cause du fait, pensent-ils, que «l’armée syrienne est plus solide que l’armée de Kaddafi» et que «l’ONU ne donnera pas cette fois-ci son feu vert». Ils sont arrivés à la conclusion qu’il faut un coup d’état. On peut s’arrêter à cet aspect des choses et s’en tenir au factuel.Pourtant nous avons la preuve que ne sont pas à l’ordre du jour le peuple syrien et la démocratie. La fiction de l’insurrection populaire armée et le CNS, eux-mêmes, est abandonnée, au profit d’un style plus direct. Seul ombre au tableau, pour ses concepteurs,                 l’alerte étant donnée,  il y a loin de la coupe aux lèvres, selon les données actuelles. Pour cela, il y en a qui doivent enrager de ne pas y avoir pensé plus tôt. Ce qui est plutôt rassurant pour ceux qui croient qu’il est permis d’espérer un dégel de la société syrienne, qui s’ébroue et qui est entrée dans une dynamique où il sera plus difficile d’empêcher que la citoyenneté prenne le dessus et sur les supplétifs du néocolonialisme et sur le système qui paralyse son énergie. Une citoyenneté que les prédateurs et leurs alliés de la région veulent  étouffer.   

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