Syrie : le conflit qui a causé un préjudice irréparable au patrimoine de l’UNESCO
octobre 3, 2012
Konstantin Garibov
Le conflit armé en Syrie est à l’origine de la disparition d’une perle de l’architecture moyenâgeuse du Proche-Orient. Dans le centre-ville historique d’Alep, à la place du plus grand souk antique du monde, Al-Madina , il ne reste que des cendres. L’incendie a détruit quelque 500 boutiques et pavillons de marchands.
Là, où au 14e siècle on faisait déjà le commerce de la soie en provenance de Chine, à présent on voit que des ruines, conséquence des affrontements entre les rebelles et l’armée gouvernementale.
Le Comité général de la révolution syrienne a incrimé aux rebelles la destruction de ce monument historique. Ils ont choisi le marché couvert pour base de leurs tirs sur les troupes gouvernementales. Les combats ont duré deux jours. Et quand l’incendie a éclaté, les tireurs d’élite ont empêché les propriétaires de sauver leurs boutiques. Les commerçants ont accusé les rebelles d’avoir rasé le souk, les qualifiant de bandits. Pour le ministère français des AE, la responsabilité de la destruction du monument du patrimoine mondial incombe aux autorités syriennes.
La directrice générale de l’UNESCO Irina Bokova a appelé les groupes armés et les troupes syriennes à tout faire pour sauvegarder l’antique Alep. Prévenir de nouveaux actes de vandalisme en Syrie au 21e siècle est très difficile, estime le politologue Sergueï Démidenko :
« Il n’existe absolument aucun mécanisme, à moins que les autorités syriennes n’en assurent la protection par des méthodes les plus dures : exécuter sommairement les pillards, etc. Autrement, il sera impossible d’éviter le désastre. Il est inutile de compter sur des rebelles pour sécuriser de tels sites s’ils en prennent le contrôle. Ne serait-ce parce que les rebelles auront beaucoup d’autres chats à fouetter que de protéger des unités du patrimoine culturel ».
Les guerres en Afghanistan, Irak, Libye ont causé la destruction de dizaines de monuments de la culture mondiale. En Irak les chenilles des chars américains ont écrasé les ruines de Babylone, et le sol historique est imprégné de gasole. La guerre civile en Libye n’a pas épargné les monuments culturels d’une valeur universelle du pays .
La guerre civile en Syrie a déjà provoqué un regain d’activité du marché noir des antiquités. Les monuments historiques sont pillés. Les extrémistes troquent des objets d’art contre des armes. Les actes de ce genre sont devenus courants. On voit des contrebandiers professionnels et des pillards commencer à opérer en Syrie. Après la razzia des collections et des monuments archéologiques en Irak, en Afghanistan et en Libye, ils montent leurs filières criminelles en Syrie.