Syrie : mais pourquoi veulent-ils éliminer Bachar AL-ASSAD, alors qu’il faudrait le soutenir ?
août 23, 2017
AgoraVox le média citoyen
par Daniel MARTIN (son site)
lundi 12 décembre 2016
La France et les USA ne cessent de s’en prendre au régime de Bachar AL-ASSAD, quitte à faire l’impasse, voire à aider les égorgeurs Islamistes d’Al Quaïda, dont Al-Nosra qui sévissent en Syrie. Passons sur le « voyage humanitaire » auprès des « rebelles » de trois député(e)s, la verte DUFLOT, le LR. MARITON et le PS. MENUCCI… Jean Marc AYRAULT ne déclare-t-il pas ce Dimanche à France-Inter que le problème du terrorisme Islamique n’est pas en Syrie, mais à Mossoul (Irak), alors que Daech vient à nouveau d’entrer à Palmyre, mais repoussé grâce au soutien de l’aviation Russe. Ils en avaient déjà été chassés de la cité neuf mois plus tôt, en mars 2016. Daech avait pris le contrôle de Palmyre en mai 2015 et y avait commis d’effroyables destructions et exécutions. Pour ne pas être en reste, au même moment le secrétaire d’État américain John Kerry dénonce « les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité », dont est coupable selon lui le régime syrien. Autrement dit, en Syrie les crimes et les destructions ne seraient pas commise par les terroristes islamistes égorgeurs d’Al Quaïda et Daech mais par le régime de Bachar AL-ASSAD avec la complicité de POUTINE. Stupéfiant !
« C’est déjà grand savoir que s’orienter dans le dédale de ses ignorances » Pierre DHAYE (1921 -2008)
Pourquoi veulent-ils éliminer Bachar AL–ASSAD et son régime, ultime rempart à Daech ?
Pour essayer de comprendre, rien de mieux qu’un peu de révision historique. Pendant les derniers quatre siècles, de 1516 à 1920, sans frontières apparentes entre ces pays, la Syrie, le Liban, Israël, la Cisjordanie, la Bande de gaza, la Jordanie avec des parties de l’Irak et de la Turquie faisait partie de l’empire Ottoman. Sous l’empire ottoman, il avait plusieurs provinces syriennes, celle d’Alep, de Damas, de Tripoli, de Saïda et celle de Beyrouth, créée en 1888, sans compter le cas du Mont-Liban, qui relevait de certaines de ces provinces tout en bénéficiant d’une certaine autonomie. La Syrie et le Liban en tant que tels et dans leurs frontières actuelles n’existaient pas comme entités politico-administratives : le terme même de « Syrie » est ainsi un terme ancien, réintroduit comme unité politique par la diplomatie et les ambassades étrangères. Le partage du Moyen Orient entre la France et l’Angleterre décidé lors des accords secrets SYKES–PICOT du 16 Mai 1916 qui organisait le futur dépeçage de l’Empire Ottoman divise la Palestine en cinq zones.
Dépeçage de l’empire Ottoman et partage Franco-Britannique en 1918 des provinces Syriennes.
A la sortie de la guerre, les grandes puissances victorieuses ont préparé la chute de l’Empire ottoman et la recomposition territoriale à venir. La France et la Grande-Bretagne s’entendent pour régler le sort des territoires orientaux de l’Empire. Comme puissances victorieuses, elles imposent aux autorités ottomanes de nouvelles frontières sur leur flanc sud, avec la Syrie et l’Irak. Comme puissances mandataires elles tracent des frontières linéaires conventionnelles figurant le lieu de rupture des souverainetés. Comme puissances coloniales elles conçoivent leur installation en Orient comme une opportunité d’agrandissement et de consolidation de leur empire, elles s’efforcent d’étendre leur domination autant que possible.
A cette époque nous venions d’entrer dans la seconde révolution industrielle, l’ère du pétrole pour la mécanisation s’impose. En 1918, la question pétrolière devient donc dominante. Selon l’accord, la France devrait contrôler la région de Mossoul, où se trouvent d’importantes réserves potentielles, mais les Britanniques, eux, ont les droits de concession. D’une part, Le Président du conseil de la 3eme république, Georges CLEMENCEAU veut bien satisfaire le groupe de pression colonial, mais en se limitant à une « Syrie utile » ne comprenant pas « la Terre sainte », mais permettant un accès aux ressources pétrolières. D’autre part une trop grande extension territoriale impliquerait de lourdes charges d’administration sans commune mesure avec les revenus que l’on pourrait en tirer à l’époque. C’est l’abandon de la revendication de la « Syrie intégrale » (on dirait actuellement « Grande Syrie »). Au lendemain de l’armistice, il traite directement et sans témoin avec Lloyd George du partage du Proche-Orient.
Des cinq zones résultant des accords SYKES-PICOT : deux sont placées sous administration directe de la France (littoral syrien jusqu’à la Cilicie) et de la Grande-Bretagne (Mésopotamie en grande partie, jusqu’à l’actuel Koweit), deux ne sont que des zones d’influence, française (zone A, comportant le nord de la Syrie actuelle et Mossoul) et britannique (zone B pour la Transjordanie et le sud de la Syrie actuelle). La Palestine est partagée en plusieurs lots, le nord de la Galilée étant dévolue aux Français, la région d’Acre et de Haïfa formant enclave britannique et les « Lieux saints « placés sous régime international (zone brune). Contrôle de la Syrie à la France…. (Extrait de France Diplomatie et Archives du Ministère des Affaires étrangères, Traités Grande-Bretagne, 19160001)
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En raison du rapport de force qui leur était favorable, les puissances européennes s’étaient habituées à intervenir dans les affaires ottomanes, par le centre de l’empire et par chacune de ses provinces, elles intervenaient, notamment par le biais de la protection des minorités, c’est-à-dire des chrétiens. Au lendemain de la guerre, la France fait partie des gagnants et elle tente alors de s’imposer en Syrie en essayant pendant près de deux ans, entre octobre 1918 et juin 1920, de trouver un arrangement avec les nationalistes arabistes syriens en leur proposant de soutenir les intérêts syriens et notamment leur volonté d’unification des provinces syriennes. Cependant, les nationalistes syriens refusent toute remise en cause de la souveraineté de la Syrie qu’ils veulent alors instaurer. Or la France a besoin d’alliés locaux pour maintenir et renforcer son pouvoir dans la région. Elle se « rabat » alors sur les Libanais (habitants du Mont-Liban) et les libanistes (les partisans d’un projet politique articulé autour du Mont-Liban). Le projet politique des libanistes autour du Liban correspond en fait à l’émancipation des chrétiens du Proche-Orient. Ils acceptent de demander le mandat français en échange de la réalisation de leur projet politique par la France. Le Grand Liban voit donc le jour alors qu’il faudra attendre plusieurs années avant qu’un véritable Etat syrien apparaisse, puisque la France morcelle cette région en de multiples entités.
Corps expéditionnaire de la France en Syrie, déjà en 1923
En 1920 lors de la conférence de San Rémo, la France devenait mandataire de la Syrie. La conférence de San Rémo scelle par ailleurs le destin des provinces arabes sans prendre en considération les revendications des populations sur place et en oubliant définitivement les promesses d’indépendance ou d’autonomie faites pendant la guerre. Les réactions ne se font pas attendre dans le monde arabe : une insurrection populaire réunissant chiite et sunnite éclate en Irak. En Syrie, les nationalistes se radicalisent alors que des violences se succèdent en Palestine. FAYSAL, proclamé roi du royaume arabe de Damas de manière unilatérale par le Congrès arabe le 8 mars 1920 a refusé de se rendre aux pourparlers. Il sait alors que sa position est fortement menacée. Les alliés lui font d’ailleurs comprendre qu’il est sommé de se soumettre aux décisions de San Rémo. Quelques mois plus tard, les troupes françaises du général GOURAUD mettent fin au royaume arabe de Damas, le 23 juillet 1920 GOURAUD fait bombarder le parlement, moyen élégant de dissoudre la représentation nationale syrienne. En mai 1945, le général de GAULLE envoie des troupes en Syrie pour réprimer le mouvement indépendantiste, les Britanniques s’opposent à l’intervention de la France.
Une entreprise de démantèlement de la Syrie pour un retour avant 1918…
Périodiquement, le spectre d’un nouveau « SYKES-PICOT » ou partage du Proche-Orient imposé de l’extérieur resurgit. La prétention occidentale d’une supériorité morale fondée sur l’application de la démocratie et du libéralisme apparaît alors comme une sinistre mystification. C’est peut-être la conséquence la plus néfaste des choix de la période 1916-1920, régulièrement renouvelés depuis.
Il faut rappeler une fois encore que dans un document révélé par l’ONG de Julian ASSANGE, Wikileaks sur son site internet indique, qu’en sa qualité de secrétaire d’Etat aux affaires étrangères des USA, Mme. CLINTON avait envoyé un email qui apporte des détails sur les motivations qui ont poussé Washington à « aider » le peuple syrien à renverser le régime de Bachar Al-ASSAD … « La meilleure manière d’aider Israël à gérer la capacité nucléaire grandissante de l’Iran est d’aider le peuple syrien à renverser le régime de Bachar Al-ASSAD » pouvait-on lire … L’email fait partie de nombreux documents déclassifiés par le Département d’État américain, suite à la découverte du serveur email privé que Mme. CLINTON utilisait chez elle alors qu’elle occupait, entre 2009 et 2013, le poste de secrétaire d’État de l’administration OBAMA.
Il ne faut pas s’y tromper, et ne cesser de rappeler à une opinion publique totalement manipulée que la prétendue « révolution du jasmin » ou celles des « printemps Arabes, ainsi que l’instrumentalisation des groupe terroristes islamistes, dont Daech, fut un scénario écrit depuis longtemps, si on se réfère à un membre influent des proches de BUSH en 2002 : …« D’abord nous devons en finir avec les régimes terroristes, à commencer par les trois grands : Iran, Irak et Syrie. Puis nous nous occuperons de l’Arabie saoudite …Nous ne voulons de stabilité ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Iran ou en Arabie saoudite. Nous voulons que les choses changent. La question n’est pas de savoir s’il faut déstabiliser mais comment le faire. » (The War against the Terror Masters (Guerre contre les maîtres de la terreur), Sept 2002, de Michael LEDEEN, membre du groupe des néo conservateurs de Georges Bush.)
Il faut aussi abattre le régime Syrien de Bachar AL-ASSAD, pour plusieurs raisons :
L’entreprise de démantèlement de l’état Syrien s’inscrit depuis longtemps dans la politique Américano-Israélienne d’atomiser tous les Etats du Moyen Orient au profit de micro-califats en conflits permanents. Cette agression vise également l’élimination de l’arc chiite Hezbollah libanais-Iran, dont l’objectif passe par la destruction de l’Etat laïque Syrien avec en perspectives celui de l’Iran. Les Kurdes, Musulmans Chiites de Syrie et les derniers chrétiens du Moyen Orient seront les premières victimes. Malgré les dérives autoritaires du régime d’ERDOGAN, la Turquie en fidèle allié des USA se poserait en qualité de protecteur des intérêts Américains, ce qui lui permettrait de se retrouver ainsi avec une emprise sur les territoires moyen orientaux de son ancien empire.
Sans oublier qu’avec une ceinture d’Etats en califats Islamiques radicaux plus ou moins atomisés fidèles alliés aux intérêts Américains au Sud de la Méditerranée et les impacts sur les pays du sud de l’Europe, dont la France, c’est affaiblir la concurrence Euro Asiatique au bénéfice des USA qui aujourd’hui souffrent d’une concurrence économique de la part de l’Union Européenne, de la Chine et de la Russie.
On pouvait ne pas avoir une sympathie particulière pour Saddam HUSSEIN, KADHAFI, ou ne pas en avoir pour Bachar Al-ASSAD, mais on ne pouvait que s’inquiéter et s’opposer avec force à la politique de Georges BUSH, ou ceux, qui chaussaient ses bottes, telle la France de SARKOZY en Libye, les Britanniques en Irak lorsqu’ils allaient renverser leur régime, ou François HOLLANDE en Syrie. Les soutiens Français à la rébellion syrienne ont surtout servi les islamistes avec les armes distribuées au Front Al-Nosra (Al-Qaïda), au prétexte « qu’ils sont efficaces contre Bachar AL-ASSAD « … Comment François HOLLANDE ne peut-il pas imaginer qu’abattre AL-ASSAD et son régime ce serait une manière d’ouvrir un boulevard à Daech, Al Quaïda et consort en direction de tous les pays du Nord de l’Afrique, via le Liban, les territoires Palestiniens, ainsi qu’Israël ? Il est évident que les Islamistes de tout poil, Frères Musulmans, Salafistes, Wahabistes et terroristes Islamistes d’Al-Qaïda, Daech, Boko- Aram et d’autres sont en embuscade, prêts à confisquer toute évolution démocratique et des Droits de l’homme à leur profit, dès que les régimes laïcs, ou apparentés comme tels, seraient tombés.
Si l’Egypte ou la Tunisie, après avoir vécu un temps sous « la férule » des islamistes, les ont écarté du pouvoir, le risque de leur retour n’est pas pour autant exclu.
Quand François HOLLANDE, en fidèle auxiliaire des USA, avec l’aide de médias à son service fait un forcing scandaleux, voire mensonger, contre le régime de Bachar AL-ASSAD
Actuellement, avec une partie des responsables politiques Socialistes, centristes et Républicains, mais aussi des Verts et des médias à leur service on n’a jamais assisté à un tel degré de dénigrement du régime Syrien au profit des groupes terroristes Islamiques qui le combattent. C’est une véritable overdose de mensonges enrobés de sensibleries pour un niveau de manipulation jamais atteint. Par exemple quand un soir au 20h de TF1 un reportage d’Alep montrait une petite fille de 10 ans environ qui errait dans les rues bombardées d’Alep, ce reportage a vraiment donné l’impression d’une mise en scène. François HOLLANDE, qui n’a toujours pas digéré l’opposition Américaine aux frappes militaires qu’il avait décidé en Décembre 2013 contre Bachar AL-ASSAD, accélère et fait le forcing via les médias pour profiter des quelques jours restants d’OBAMA pour accroître les sanctions à la Russie. Nouvelles sanctions que le Gouvernement souhaitait et qui avaient été rejeté par l’Assemblée Nationale.
Lorsqu’il s’agit de prétendues frappes russes sur les hôpitaux d’Alep en Syrie. En cliquant sur le lien ci-dessous vous verrez une vidéo qui parle d’elle-même, c’est une conférence de presse aux Etats-Unis donnée par le ministre de la défense américain. Une journaliste russe demande à ce dernier la liste des hôpitaux d’Alep qui ont été bombardés, liste qu’il refuse de donner en lui répondant même qu’elle demande cette liste au ministre de la défense russe, puis lorsqu’elle demande quelles organisations ont formulé ces accusations de bombardements russes il répond qu’elles sont crédibles et corroborent d’autres sources puis il accuse la journaliste d’être à la solde du gouvernement russe . (https://francais.rt.com/international/29060-departement-etat-rejette-question-rt)
Pendant ce temps, plutôt que d’aider le régime Syrien au coté des Russes, le soutien Français apporté aux « rebelles » d’Al quaïda permet à Daech de revenir faire une incursion à Palmyre. Mrs. KERRY et HOLLANDE, qui est donc complice de crimes contre l’humanité commis ou vont encore être commis par les égorgeurs Islamistes de Al Quaïda et Daech ??…
On dit que parfois l’histoire « bégaie », depuis un siècle de nouvelles pages de l’histoire se sont tournées, avec leur cohorte de millions de victimes et sont entrées au panthéon de l’Histoire peu glorieuse de ses politiciens. Aujourd’hui, les intérêts Israélo–Américains se conjuguent avec les ambitions Turques de Mr. ERDOGAN, mais le temps de l’empire Ottoman d’avant 1916 est révolu. Comme, le temps est compté pour Mrs. HOLLANDE et KERRY
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