Syrie : Nouveau plan d’attaque contre Damas ?
février 22, 2014
Nouveau plan d’attaque contre Damas?
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Par Rafic Nasrallah
Mondialisation.ca, 20 février 2014
Sous le titre « Les maîtres espions se réunissent pour discuter de la Syrie » et la plume de David Ignatius [1], le Washington Post nous apprenait le 19 février que des chefs des Services de renseignement, arabes et occidentaux, s’étaient réunis à Washington, en un conclave de deux jours, la semaine dernière ; autrement dit, parallèlement à la tenue de la deuxième session de la Conférence de Genève 2 pour la paix en Syrie… Il n’y avait là que du beau monde venant de Turquie, du Qatar, de la Jordanie et d’autres puissances régionales « qui ont soutenu » les terroristes massacrant la Syrie et les Syriens, mais qu’il qualifie – comme il se doit – de « rebelles » ! Ceci, nous dit-il, sous les bons auspices du prince Mohammed Bin Nayef, ministre saoudien de l’intérieur, censé remplacer le prince Bandar Bin Sultan et coordonner « la politique de lutte contre le terrorisme du royaume » ; fonction qui le met en étroite liaison avec la CIA et d’autres Services de renseignement occidentaux.
En bref, il s’agissait d’une tentative pour renforcer la faiblesse de la soi-disant « opposition modérée » qui a perdu du terrain face aux forces loyalistes et aux « combattants djihadistes proches d’Al-Qaïda ». D’où la nécessité d’un débat sérieux sur l’opportunité de leur fournir des armes plus modernes, tels des missiles antiaériens tirés à l’épaule ; les Saoudiens disposant d’un stock qu’ils seraient prêts à expédier, à la seule condition d’être soutenus par l’Administration Obama… qui serait réticent !
Toujours selon M. Ignatius, il est trop tôt pour dire si les décisions de ce conclave sont purement « cosmétiques » ou présagent de modifications réelles sur le champ de bataille. En tout cas, la CIA s’est efforcée d’organiser la formation de ces combattants dits « modérés ». Ainsi, des camps d’entraînement, principalement en Jordanie, sont à même de traiter 250 combattants environ par mois, plus de 1.000 combattants ayant déjà bénéficié de ce programme… Des pays arabes ont exhorté les États-Unis à doubler cette capacité de formation, mais les autorités US veulent s’assurer que « les forces rebelles » sont capables d’absorber des combattants supplémentaires…
Telles sont les informations données par M. Ignatius sous la rubrique « opinion ». Mais s’agit-il d’une simple opinion ou d’une certitude ?
En effet, il se trouve que différentes sources fiables n’ont cessé d’envisager le recours à une « solution militaire » par les pays de l’OTAN et leurs alliés, en désespoir de cause, quoi qu’en dise M. John Kerry [2].
Ici, nous rapportons une information qu’a tenu à divulguer, en direct, M. Rafic Nasrallah, éminent jounaliste et Directeur du Media Training Center de Beyrouth, qui n’a cessé de répéter, depuis le début des prétendus printemps arabes, que la Syrie est le « dernier rempart face au chaos » [3]. Ceci, lors d’une émission TV consacrée à l’odieux double attentat qui a ensanglanté, le jour même, la région de Bir Hassan [4], à Beyrouth. [NdT].
[…]
M. Rafic Nasrallah : Je voudrais commencer par une information d’une extrême importance concernant la situation en Syrie. Si vous le permettez, je voudrais lire mes notes. J’espère que les frères syriens qui m’écoutent ne penseront pas que je théorise, et il est probable que mes informations soient déjà en leur possession. Quoi qu’il en soit, elles sont très précises et tournent autour de ce qui devrait se passer au Nord de la Jordanie en direction de Damas ; sujet que j’ai abordé quasi-quotidiennement depuis trois mois !
M. Taoufic Choumane : À qui vous adressez-vous particulièrement ?
M. Rafic Nasrallah : À ceux que le sujet intéresse.
M. Taoufic Choumane : Allez-y, s’il vous plaît
M. Rafic Nasrallah : R.M = Rihab Massoud. Il est actuellement adjoint du chef des Renseignements saoudiens après avoir été attaché à l’Ambassade [d’Arabie saoudite] à Washington. C’est lui qui a supervisé l’entraînement de 7000 mercenaires qui ont rejoint 5000 autres au Nord de la Jordanie, après avoir été munis de véhicules blindés, affichant d’ores et déjà les slogans des différentes brigades de l’ « opposition », pour entrer dans Damas !
M. Taoufic Choumane : À partir de la province de Daraa ?
M. Rafic Nasrallah : Oui… Cet homme s’est rendu hier à Ryad et a informé les autorités compétentes de la date définitive [de l’attaque]… De l’heure H ! Ceci, alors qu’il avait été décidé que l’attaque aurait lieu pendant la deuxième session de Genève 2, pour mettre la délégation [de la République arabe] syrienne devant le fait accompli… Attaque qui n’a pas eu lieu pour des raisons logistiques.
Je ne préciserai pas l’heure exacte, quoique mes renseignements soient très précis. Mais, je dirai que cette attaque est imminente [expression exacte utilisée : elle est désormais dans le creux dans la main].
M. Taoufic Choumane : En effet, hier, ou le jour d’avant, nous avons entendu dire que l’ « opposition » était fin prête pour mener l’assaut contre Damas.
M. Rafic Nasrallah : Attention ! L’attaque se fera par le Sud-Ouest de la région frontalière : Daraa, Al-Quneitra, puis la frontière… Plus précisément du côté de Sahm al-Joulane, Al-Nafiä, vers la province de Quneitra ; avec, à partir de là, un détour vers l’Est pour rejoindre le point de l’ « avancée terrestre » qui se fera à partir du Sud-Est du côté de Samâd et d’Al-Maniiya. Je ne sais pas si ces appellations sont correctes, parce que je ne connais pas la région.
M. Taoufic Choumane : Ceux que cela intéresse le sauront !
M. Rafic Nasrallah : Oui… Ceci jusqu’au « courant d’eau » à l’Est de Damas ; puis, tentative d’irruption dans la capitale !
À ce stade, qui sera là pour les accueillir sur le terrain ? Quelles cellules [dormantes] ? Qui exploitera les réconciliations qui ont eu lieu ? De quelle façon ? Je n’ai pas à m’exprimer sur ces sujets. Mais telle est la situation.
Ils [les mercenaires] disposent de véhicules blindés, de nouvelles armes, de missiles anti-hélicoptère, de l’artillerie, de la logistique, et surtout du « brouillage israélien ». En effet, l’ouverture de points de passage entre le Golan occupé et le territoire syrien devrait laisser entrer les blessés soignés [en Israël], et le reste… Nous avons bien assisté au « test » d’hier ! [5 ?].
C’est donc par cette information que j’ai voulu aborder cette émission, juste pour l’Histoire et la Géographie !
M. Taoufic Choumane : L’information est certainement arrivée à destination… à ceux que cela intéresse ! Vous avez dit Rihab Massoud ?
M. Rafic Nasrallah : Oui… Rihab Massoud. Je ne tiens pas ces informations d’un quelconque service de renseignements, mais de sources particulières issues des pays du Golfe. Telle est la dernière attaque prévue en direction de Damas. Après cela, la crise syrienne prendra une autre direction [selon que l’attaque réussisse ou échoue]. Si l’attaque échoue, ce sera les élections présidentielles…
Maintenant, il est évident que les Russes sont au courant de cette opération, et là, votre attention devrait se porter sur le « pourquoi du timing » des événements en Ukraine pour les distraire, et aussi sur celui des réconciliations survenues hier [6]. Le timing est là !
Des « réconciliations piégées » que les médias nous ont données à voir d’une façon plutôt naïve : un barbu à côté d’un officier de l’armée nationale syrienne ! Certes, les réconciliations sont souhaitables pour arrêter tout ce sang qui coule ; puisque, tôt ou tard, des émissaires se mettront autour d’une table [de négociation], et trépigneront avant d’apposer leurs signatures au bas de documents, alors que les martyrs seront des morts… comme dans toutes les guerres !
M. Taoufic Choumane : S’agissant des réconciliations de Babillah… en effet, une barbe jusqu’à la poitrine !
M. Rafic Nasrallah : Oui… Le type est là, debout, comme si de rien n’était, comme si tout était normal !
M. Taoufic Choumane : Et sur une photo de l’Agence France Presse…
M. Rafic Nasrallah : Je disais que la réconciliation doit avoir lieu, mais sans ainsi heurter les parents des victimes dont le sang n’a pas encore séché, ou dont le corps n’a pas encore été identifié… Je sais que certains [Syriens] seront fâchés de m’entendre parler ainsi. Mais je le dis parce que je tiens à eux !
Rafic Nasrallah
19/02/2014
Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca
Source : Al-Etejah TV