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Syrie : scénario chimique repris par Washington… Et après??


 
L.Mazboudi

Au minimum, les Etats-Unis s’efforcent de donner l’impression qu’ils veulent intervenir plus efficacement en Syrie. Tout au plus, Ils se préparent à mettre en place une zone d’exclusion à la frontière avec la Jordanie.
Si ce n’est qu’elle est déjà mise!

Obama et Rhodes

Ce jeudi, l’administration américaine a repris à son compte le scénario irakien, propulsé frénétiquement par les Français et Britanniques ces dernières semaines ! 

Après avoir feint d’afficher un scepticisme, le président américain Barak Obama feint aussi de « reconnaitre » que l’armée syrienne régulière a eu recours aux armes chimiques. 

«Après un examen approfondi, la communauté du renseignement (américaine) estime que le « régime »d’Al Assad a utilisé des armes chimiques, dont le gaz sarin, à échelle réduite contre « l’opposition » et à de multiples reprises dans l’année écoulée», a déclaré son conseiller adjoint à la sécurité nationale, Ben Rhodes.
Ces accusations seraient étayées « par des sources d’informations multiples et indépendantes », explique Rhodes, qui ne se donne même pas la peine de les mettre au clair, comme d’habitude !

Et de surenchérir : «  Ce qui  viole les règles internationales et franchit clairement les lignes rouges qui existent depuis des décennies au sein de la communauté internationale ».

Version officielle et médias

S’agissant des mesures américaines qui devraient découler de cette escalade, il existe un vrai clivage entre les mesures annoncées officiellement et celles mises en avant par les medias.

Alors que la présidence américaine  se contente « d’évoquer  une augmentation de l’aide militaire non-létale » et d’assurer qu’elle prendrait « des décisions à son propre rythme », les medias occidentaux se sont mis à laisser planer l’éventualité de la mise en place «d’ une petite zone d’exclusion qui s’étendrait au-dessus de la région frontalière avec la Jordanie », sur la suggestion des responsables militaires américains.
Cette zone s’avancerait d’environ 40 km à l’intérieur de la Syrie et serait en fait opérée par des avions volant en Jordanie et armés de missiles air-air, écrit le Wall Street Journal qui cite sans les nommer des responsables américains.
  

Les militaires estiment qu’une réelle zone d’exclusion au-dessus de la Syrie est extrêmement difficile à mettre en place car il faudrait tout d’abord détruire l’important système de défense anti-aérienne syrien.
  

En revanche, cette petite zone évitant tout survol de la Syrie pourrait être mise en place d’ici un mois, et peut l’être sans résolution du Conseil de Sécurité des Nations unies puisqu’il n’y aura pas de violation de l’espace aérien syrien.

Le double veto sino-russe est toujours vivant dans les mémoires

Informer Moscou

Raison pour laquelle, sur le champ diplomatique, le souci russe subsiste : les Américains ont pris le soin d’informer Moscou, lui dépêchant leurs soi-disant données en main. 

« La Russie n’a pas encore accepté le fait que Bachar Al Assad doit partir. Nous avons fourni aux Russes les données dont nous disposons. Nous leur avons déjà transmis nos estimations sur l’usage d’armes chimiques en Syrie. Nous estimons que la Russie ainsi que tous les membres de la communauté internationale doivent être au courant de l’usage d’armes chimiques où que ce soit », a indiqué Ben Rhodes.

Mais du côté des Russes, la duperie ne passe pas.  

Les accusations des Etats-Unis sur le recours à l’arme chimique par l’armée syrienne ne sont « pas convaincantes », a déclaré vendredi le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov.
 « Nous le disons clairement : ce qui a été présenté par les Américains ne nous semble pas convaincant », a-t-il dit à des journalistes, indiquant qu’une rencontre avait eu lieu entre représentants russes et américains, au cours de laquelle ces derniers avaient exposé leurs informations.
  
Quant au chef de la Commission des Affaires internationales de la Douma (chambre basse du parlement russe) Alexeï Pouchkov, il va plus loin en estimant que ces informations « sont fabriquées de toutes pièces et sont du mème ordre que les mensonges concernant la possession d’armes de destruction massive par Saddam Hussein ».

Damas : rien de nouveau 

I

Il  va de soi que la perception est similaire dans le gouvernement syrien, lequel a accusé « la Maison Blanche d’avoir fait publier un communiqué truffé de mensonges sur le recours aux armes chimiques en Syrie, en se basant sur des informations fabriquées pour tenter de faire endosser au gouvernement syrien la responsabilité d’un tel usage », a indiqué un responsable des Affaires étrangères.
Le ministre de l’information syrien Omran aAl Zohbi a accusé depuis le mois d’avril dernier les puissances occidentales de vouloir instrumentaliser le thème des armes chimiques pour répéter en Syrie le « scénario irakien » qui a mené à la chute du Président irakien Saddam Hussein.

Le ridicule de l’ONU  

Bien entendu, ces accusations arbitraires ont été soutenues au préalable par des positions onusiennes, tellement  contradictoires qu’elle frisent le ridicule. 

Au début du mois de juin, les Nations Unies avaient sacrifié une fois de plus leur crédibilité en se laissant persuader de faire une déclaration,  évoquant «  des motifs raisonnables de penser que des quantités limitées de produits chimiques ont été utilisés», dans quatre évènements (à Khan al-Assal près d’Alep le 19 mars, à Uteibah près de Damas le 19 mars, dans le quartier de Cheikh Maqsoud, à Alep le 13 avril, et dans la ville de Saraqeb le 29 avril) .

Paulo Pinheiro

Comble du ridicule : les seules preuves dont dispose cette organisation ne sont que  «des interviews de victimes, de réfugiés et de personnel médical », comme l’a expliqué le président brésilien de la commission d’enquête de l’ONU, Paulo Pinheiro. L’agence onusienne ne sait même pas la nature de l’agent chimique utilisé. 
Pourtant, un mois auparavant, la responsable de l’ONU Carla Del Ponte avait soupçonné les mercenaires en Syrie d’avoir utilisé du gaz sarin. Une attaque avérée venait d’être effectuée contre un barrage de l’armée nationale syrienne en mars à Khan al-Assal, à Alep, et qui s’est soldée par la mort de 15 militaires par inhalation de produits toxiques.

Une victime de l'attaque de Khan al-Assal

Les images retransmises en direct par les télévisions syriennes des tués, sans traces de blessures, et celles des rescapés, (enfants, femmes et hommes) souffrant de problèmes respiratoires dus à l’attaque, ne pouvaient tromper personne.

Une enquête en emporte le vent

Le gouvernement syrien avait alors exigé une enquête internationale mais sa mise en oeuvre a été torpillée par les Français et les Britanniques qui refusaient la participation ou la présence des responsables officiels syriens lors de son exécution en Syrie. Les autorités syriennes appréhendaient qu’une fois sur place, des enquêteurs ne tentent de sortir un quelconque produit toxique, après l’avoir eux-mêmes inoculé, pour permettre d’accuser la Syrie.

Des victimes civiles de l'attaque chimique contre Khan Al-Assal

Alors que dans leurs medias, les responsables occidentaux, français et britanniques en particulier ,s’acharnaient pour imputer aux Syriens la responsabilité de refuser l’enquête de l’ONU sous prétexte que Damas a rejeté l’élargissement du champ d’action de l’enquête vers d’autres régions qu’Alep pour faire croire que le pouvoir tente de couvrir ses crimes.

Manipulation toujours et encore

Il faut dire que les medias occidentaux aussi se sont mis à la tâche pour accuser le pouvoir syrien. Les déclarations onusiennes rédigées au conditionnel sont traitées comme une confirmation de l’accusation. Le gazage de Khan al-Assal est occulté ainsi que les informations rendant compte de la confiscation par les miliciens de produits chimiques toxiques qu’ils ont testés entre autre sur des lapins, menaçant les Alaouites d’un sort similaire. Et que dire sur l’information occultée sur le gaz sarin retrouvé entre les mains de miliciens du front al-Nosra en Turquie !

la victime présumée d'une soi-disant attaque chimique contre des miliciens à Jobar rapporté par des journaliste français

Et pour faire encore plus crédible, certains journaux ont trouvé bon de dépêcher des journalistes sur place, clandestinement, pour raconter une fois de retour chez eux,comment ils ont été témoins « plusieurs jours d’affilée sur l’utilisation d’explosifs chimiques et de leurs effets sur les combattants », et comment ils ont vu des combattants «commencer à tousser, puis mettre leurs masques à gaz, sans hâte apparemment, mais en réalité déjà exposés. Des hommes s’accroupissent, suffoquent, vomissent»… Sans jamais nous les montrer . Les images qui n’ont rien à voir avec les mots ressemblent à une mise en scène.
De nombreux lecteurs français l’ont bien deviné, à en croire leurs commentaires !

A l’heure ou tout ,ou presque tout ,sur la Syrie est vidéo filmé et posté sur la Toile, rien ne pallie à l’absence de ces soi-disant attaques chimiques.

Preuve irréfutable qu’elles n’ont jamais eu lieu. 

Quand bien même le chef de la diplomatie française  trouve bon de prétendre que ce sont ces journalistes-là qui ont apporté avec eux la preuve du recours aux armes chimiques par les forces gouvernementales,involontairement, il ne fait que confirmer  les craintes de M. Zoebi quant à l’envoi d’enquêteurs sur place! Certes, la diplomatie française est en perte d’intelligence !!

 
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