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Un dépositaire libanais attaque sa banque, prend ses employés en otage et réclame son argent… Fin de la prise d’otages.


Publié par Gilles Munier sur 13 Août 2022, 11:42am

Catégories : #Liban

Par la rédaction d’Al Manar (11/8/22)*

Evènement inédit depuis l’éclatement de la crise économique et financière au Liban en 2019, un Libanais armé retient en otage depuis le début d’après-midi de ce jeudi 11 août des employés d’une banque de Beyrouth. Il réclame son épargne de plus de 200.000 dollars.

La banque en question est la Fédéral Bank, située à proximité de la très commerçante rue Hamra. Elle est depuis entourée d’un imposant cordon de sécurité, a constaté un journaliste de l’AFP.

En colère, le dépositaire, Bassam cheikh Hussein, selon les médias libanais, « est entré avec un fusil de chasse et des matériaux inflammables et a menacé les employés pour qu’ils lui donnent son épargne», a expliqué l’une de ces sources.
Une autre source a précisé que le quadragénaire avait «répandu de l’essence et fermé la porte de la banque».

Selon l’agence d’information libanaise NNA, l’homme a «menacé de s’immoler par le feu et de tuer tout le monde en braquant son pistolet sur la tête du directeur d’agence».

Il a déclaré avoir pris d’assaut la banque parce que son père «a été admis à l’hôpital il y a quelque temps pour une opération et ne pouvait pas la payer».

Son frère Atef al-Cheikh Hussein était sur les lieux. «Mon frère a 210.000 dollars en banque et veut obtenir seulement 5000 dollars pour payer les factures d’hôpital», a-t-il déclaré aux journalistes, seloh l’AFP, ajoutant qu’il se rendrait dès qu’il aurait son argent. D’après lui, son frère s’est emparé d’une arme «à la banque et ne l’avait pas apportée avec lui». «Peu importe s’il va en prison, l’important est qu’on soulage notre détresse (financière)», a-t-il ajouté.

Une vidéo mise en ligne montre deux négociateurs qui réclament à l’assaillant –qu’ils appellent Bassam– de libérer deux clients. Brandissant son arme et une cigarette, il a ensuite libéré un otage, selon un correspondant de l’AFP sur place, alors que des dizaines de passants et de proches des otages se rassemblaient à la banque pour lui apporter leur soutien.

En raison des politiques financières du gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, soutenu par les Etats-Unis, de concert avec celles d’une classe politique corrompue, le Liban croupit sous une dette publique de près de 100 milliards de dollars (99,8 m$ en février 2022).

C’est l’une des pires crises socio-économiques dans l’histoire du monde depuis 1850, selon la Banque mondiale.

De ce fait, la monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur et environ 80% de la population a plongé dans la pauvreté, notamment du fait des restrictions bancaires draconiennes qui les empêchent d’avoir librement accès à leur argent déposé dans leur grande majorité en dollars lorsqu’il s’échangeait à 1500 livres.

Et quand il leur est permis de les soutirer, c’est en quantité très limitée, dont la moitié en livres libanaises, avec une parité en deca de celle en vigueur dans les marchés parallèles.

En juin 2021, la Banque du Liban a promulgué le décret 158 toujours en vigueur : il autorise aux dépositaires de retirer 800 dollars par mois seulement, dont la moitié en dollars américains et les 400 restants en livres libanaises pour 12 000 le dollar. Alors que dans le marché, le dollar a franchi les 30 000 livres. Plus est-il cette décision ne concernait que ceux qui détenaient un compte bancaire en dessous de 50 milles dollars. Quitte aussi à ce qu’ils ne retirent que 4800 dollars par an.

Sachant que le nombre des dépositaires les libanais est estimé a 1.451.829 qui détenaient avant la crise quelque 107, 28 m$ fin mars 2021, selon le centre LCPS (The Lebanese Center for Policy Studies). Il faut imaginer le désastre qui s’est abattu sur la majorité d’entre eux.

En revanche, et en même temps, les banques ont facilité le transfert à l’étranger des fonds des élites financières et politiques.

En décembre 2021, la procureure générale de la cour d’appel du Mont Liban, la Juge Ghada Aoun a accusé le gouverneur de la Banque du Liban d’avoir facilité le transfert de 5 milliards de dollars à l’étranger en dépit de l’instauration par l’Association des Banques du Liban d’un contrôle informel des capitaux.

Selon la Banque des compromis international, les fonds transférés depuis Liban vers les paradis fiscaux, entre octobre 2019 et mi 2020 ont atteints les 10,8 m$.
C’est donc les Libanais moyens qui paient les frais de cette crise, alors que les oligarques libanais sont épargnés. De même que les banques.

Les banques doivent supporter les pertes

Le vice-Premier ministre du gouvernement intérimaire au Liban, Saadeh Al-Shami, a appelé les banques libanaises à commencer à supporter les pertes résultant de l’effondrement financier par le biais de leur capital, niant que l’État s’appuie sur un fonds souverain ou des réserves d’or pour indemniser les déposants qui ont perdu leur épargne.

« Les banques doivent d’abord commencer avec leur capital avant qu’un déposant ne soit affecté », a-t-il réclamé, selon Reuters.
Et de conclure : « Nous n’allons pas appliquer le principe de Robin des Bois à l’envers, en prenant des pauvres pour donner aux riches, c’est inacceptable. Les banques doivent faire des sacrifices » pour protéger les déposants.

Mais ces banques n’en font qu’à leur tête, et l’Etat libanais est incapable de les obliger à faire ce qu’elles ne veulent pas faire.

C’est dans ce contexte que Bassam cheikh Hussein a entrepris son mouvement de détressé. Jusqu’à l’heure de l’écriture de l’article, il campe sur sa position et réclame ses 210 mille dollars, assure le correspondant d’al-Manar sur place.

D’innombrables Libanais l’ont soutenu sur les réseaux sociaux.
« Nous sommes tous Bassam cheikh Hussein », ont écrit certains.

Cette affaire s’est finalement terminée avec le moins de mal possible. Vers 18:30 , le dépositaire Bassam s’est rendu aux forces de sécurité libanaises après un accord en fonction duquel la banque s’est engagée à lui donner 30 mille dollars de son dépôt bancaire. Il avait lâché les otages avant de sortir.

*Source : Al Manar

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