Un programme « Pétrole contre nourriture » pour déstabiliser l’Iran ?
juin 9, 2019
France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l’Atlantique
Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.
Publié par Gilles Munier sur 9 Juin 2019, 07:38am
Catégories : #Iran, #Irak, #Trump, #Pétrole, #Proche-Orient
« Pétrole contre nourriture »: un programme génocidaire
Par Gilles Munier/
Selon le site Arab News, des discussions seraient en cours pour obliger l’Iran à accepter de signer un accord « Pétrole contre nourriture » permettant d’« alléger » l’effet grandissant des sanctions économiques qui lui sont imposées par les Etats-Unis et leurs alliés. Espérons qu’il s’agit d’une fausse nouvelle, d’une « fake news »…
Ayant milité pour la levée des sanctions contre l’Irak, été placé en garde à vue en octobre 2005 (incarcération de 72 heures pour interrogatoire), puis jugé huit ans plus tard pour avoir « violé » la résolution de l’ONU dite Pétrole contre nourriture, je ne peux que mettre en garde les négociateurs iraniens qui s’accommoderaient de ce projet dit « humanitaire » conçu par John Bolton et ses conseillers pro-israéliens.
En Irak, les treize années d’embargo international ont provoqué la mort de plusieurs millions de personnes – parmi lesquelles plus d’1,5 million d’enfants -, ont détérioré les infrastructures du pays, et fait imploser la société. Les deux coordinateurs du programme « Pétrole contre nourriture » – l’Irlandais Denis Halliday et l’Allemand Hans von Sponeck – ont démissionné, le considérant à juste titre comme « génocidaire ». Seize ans après le renversement du régime baasiste, l’Irak ne s’est toujours pas relevé des sanctions imposées par l’ONU, bien qu’habillées en 1995 de dispositions soi-disant humanitaires.
Dans le copier-coller du programme « Pétrole contre nourriture » proposé à l’Iran – d’après les « sources sûres » interrogées par Arab News – l’Irak serait « le point de transit des exportations de pétrole et des importations de marchandises ». L’argent des ventes de pétrole iranien, déposé sur un compte ouvert à la Banque centrale irakienne, permettrait aux Américains « de tout contrôler », notamment d’interdire les aides financières accordées à certaines organisations luttant contre l’impérialisme occidental et le sionisme au Proche-Orient.
En Irak et au-delà, la mise en œuvre de la mouture/Iran de Pétrole contre nourriture favoriserait toutes sortes de trafics et développerait la corruption.
Si le président Hassan Rohani signe l’accord dont parle Arab News, il ouvrira la voie à la déstabilisation progressive de l’Iran.