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Une firme de renseignement émiratie recruterait des vétérans israéliens


Publié par Gilles Munier sur 2 Novembre 2019, 14:51pm

Catégories : #Emirats, #Mossad

Selon les médias, DarkMatter offrirait aux vétérans de l’Unité 8200 des primes et des propriétés en front de mer à l’étranger, inquiétant l’establishment israélien de la Défense

Par Times of Israël staff (revue de presse – 20/10/19)*

Une firme de renseignement privée du Golfe aurait recruté des vétérans d’une unité de cyberdéfense de l’armée israélienne, promettant des primes à hauteur de millions de dollars et des propriétés luxueuses sur front de mer, suscitant une certaine inquiétude au sein de l’establishment de la défense.

Deux reportages d’investigation récents publiés dans les médias israéliens ont affirmé que DarkMatter, une société basée aux Emirats arabes unis, cherchait activement à intégrer à ses rangs des vétérans de l’Unité 8200.

Selon un article paru dans le Yedioth Ahronoth, publié vendredi, les vétérans de cette unité renommée d’espionnage ont reçu des offres régulières de salaires dépassant les 100 000 dollars par mois, avec des primes et des propriétés de luxe à Chypre pour rendre l’accord plus attractif.

Le Yedioth a expliqué que plusieurs firmes recrutaient des Israéliens mais n’a explicitement nommé que DarkMatter.

Israël et les Emirats arabes unis n’entretiennent pas de liens diplomatiques, mais ils coopéreraient de manière étroite sur la question de l’Iran, leur ennemi commun.

Plusieurs ex-soldats qui n’ont pas été identifiés ont raconté comment ils avaient été contactés par des firmes de renseignements étrangères « sorties de nulle part » qui leur avaient soumis des offres d’emploi lucratives. Les chasseurs de tête internationaux ont ainsi expliqué à un vétéran de l’Unité 8200 – identifié seulement sous la lettre « A » – qu’un salaire inférieur à moins de 40 000 dollars par mois ne « méritait pas d’être pris en compte », ajoutant que les entreprises qui désiraient l’embaucher lui « proposeraient des conditions et des avantages qu’aucune autre firme ne serait en mesure de lui offrir ».

« A » et d’autres vétérans ont indiqué qu’un salaire de 100 000 dollars par mois (primes non-comprises) leur avait été proposé ainsi qu’une « habitation avec vue sur la mer ».

Officiellement, DarkMatter est une firme de cybersécurité privée basée à Abu Dhabi. Selon des sources, la firme fournit des renseignements au gouvernement des Emirats arabes unis. Les Emirats sont accusés d’avoir pris pour cible des activistes des droits de l’Homme, des journalistes et d’autres occidentaux.

Selon un second article qui a été publié mercredi dans le quotidien commercial TheMarker, DarkMatter possède un bureau, à Chypre, qui emploie des développeurs de logiciel israéliens.

Un responsable de la Défense qui a été identifié sous la lettre « Y » s’est exprimé auprès de TheMarker, mettant en garde contre le « trafic de facto de la propriété intellectuelle israélienne sans supervision aucune de la part du ministère de la Défense ».

« Ils font venir ces jeunes à Chypre en les achetant avec des salaires extraordinaires », a-t-il expliqué, ajoutant qu’il avait eu connaissance de chercheurs qui avaient été approchés par DarkMatter avec des salaires proches d’un million de dollars par an.

DarkMatter, pour sa part, n’a pas répondu à la demande de commentaires de TheMarker.

DarkMatter a été fondé en 2015 par Faisal al-Bannai, entrepreneur dans le secteur des communications. La firme emploie actuellement environ 650 personnes dans plusieurs pays, notamment à Chypre, à Singapour, en Finlande et au Canada.

Al-Bannai avait déclaré l’année dernière que DarkMatter était une firme totalement privée avec une base de clientèle constituée à 80 % d’agences gouvernementales et à 20 % d’agences commerciales. Il s’était toutefois refusé à donner les noms de ses clients spécifiques, mais certaines informations laissent entendre qu’ils comprendraient la Signals Intelligence Agency, équivalent émirati de la NSA.

Au cours de l’interview, al-Bannai avait reconnu que DarkMatter recrutait des analystes des renseignements occidentaux, majoritairement issus de la NSA et de la CIA, pour leur expérience.

Alors qu’il n’avait aucunement mentionné un recrutement parmi les Israéliens, al-Bannai avait indiqué pendant l’entretien que « le seul pays de la région fort dans le secteur de la cybersécurité, c’est Israël… À part Israël, il n’y a rien ».

En 2017, le New York Times avait fait savoir que le NSO Group, une société privée israélienne spécialisée dans la cybersécurité, avait perdu les services de nombreux employés, tous vétérans de l’Unité 8200.

Le reportage avait fait savoir qu’un enquêteur privé embauché par le NSO Group avait découvert que les ex-salariés s’étaient installés à Chypre et qu’ils travaillaient dorénavant dans une structure de recherche et développement appartenant à DarkMatter. Des sources avaient également dit au Times que les bureaux de DarkMatter, à Singapour, étaient dirigés par des programmeurs israéliens.

Le Yedioth a précisé que DarkMatter installait également des ressortissants israéliens dans des hôtels et dans des stations balnéaires en Thaïlande où ils travaillaient en free-lance.

Il est difficile de dire si ces vétérans ont obtenu la permission de la part du ministère de la Défense de travailler sur des projets de renseignement étrangers. Le ministère a refusé de s’exprimer suite aux reportages parus dans TheMarker et dans le Yedioth.

Quoi qu’il en soit, le nombre croissant d’Israéliens offrant une expertise acquise en Israël dans le secteur de la cyberdéfense inquiète l’establishment de la défense, a noté le Yedioth.

« C’est insensé », a expliqué au Yedioth un ancien officiel sécuritaire. Quand j’ai quitté l’armée israélienne, j’ai dû attendre deux ans avant d’obtenir l’autorisation d’entrer dans le secteur privé. Cela ne semble pas être le cas pour ces gens là… On peut quitter son travail, un jour, dans une unité de renseignement militaire et travailler pour DarkMatter dès le lendemain. »

L’unité 8200 – qui est à peu-près l’équivalent de la NSA (National Security Agency) aux Etats-Unis – est respectée pour ses prouesses informatiques et est considérée comme un incubateur majeur pour la culture des start-ups high-tech en Israël.

Certains vétérans de l’Unité ont déclaré à TheMarker et au Yedioth qu’ils avaient rejeté ces offres lucratives parce qu’ils se sentaient mal à l’aise à l’idée d’aider un gouvernement étranger qui pourrait se montrer hostile envers l’Etat juif.

« J’ai reçu un message sur WhatsApp en hébreu de la part du chasseur de tête qui savait tout de moi et de mon domaine d’expertise », a déclaré une ancienne recrue de l’Unité 8200. « Il m’a dit que [les anciens militaires] faisaient du travail en free-lance pour des compagnies israéliennes et internationales. »

« Y » explique avoir rejeté l’offre même si le chasseur de tête lui a proposé « beaucoup d’argent… des montants déments ».

*Source : The Times of Israël

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