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Vladimir Poutine : un coup plus loin


Publié par Gilles Munier sur 25 Février 2022, 08:07am

Catégories : #Poutine, #Ukraine, #Macron, #Biden

Par Régis de Castelneau (revue de presse : Vu du droit – 24/2/22)*

L’intervention militaire russe en Ukraine constitue une surprise et il est nécessaire d’apporter quelques compléments à l’article que nous avons publié il y a deux jours. Nous entrons probablement dans une phase d’accélération comme l’Histoire en a toujours connu. Mais qui plonge justement dans un inconnu difficilement prévisible

Nous avions pointé la probable fin d’un cycle historique entamé avec l’effondrement de l’Union soviétique. Et par référence à la débandade américaine en Afghanistan actant la fin de l’ère des « guerres de 20 ans ». Il est possible avec l’intervention russe en Ukraine que nous venions de rentrer brutalement et plus loin que l’on pouvait le supposer dans la nouvelle séquence. Caractérisée par le déclin de l’empire américain et l’émergence de ces grands rivaux comme d’abord la Chine et ensuite la Russie, que la stupide stratégie américaine mise en œuvre depuis 30 ans a rejeté vers l’Asie.

Répétons que la façon dont le camp occidental a récemment et délibérément piétiné tous les principes du droit international devait conduire inéluctablement à brutal retour de boomerang. Ce que les Russes font aujourd’hui, les Américains l’on fait aux quatre coins de la planète parfois avec un cynisme écœurant comme les deux symboles de la Serbie et l’Irak. L’opération entamée par la Russie est la jumelle de celle des Balkans avec génocide inventé, bombardement de populations civiles et amputation d’un territoire national. On pourrait aussi faire référence à la destruction de l’État libyen, là aussi sur la base de massacres inventés par BHL occulte ministre des affaires étrangères, dictant leur conduite à des dirigeants ineptes. Mais il faut être clair, si les agressions occidentales étaient condamnables, celle de la Russie aujourd’hui l’est tout autant.

Simplement en attendant de plus amples informations, il semblerait que l’objectif annoncé par Vladimir Poutine soit celui, non seulement de protéger les républiques séparatistes qu’il vient de reconnaître, mais également de « démilitariser et dénazifier l’Ukraine ». Donc Moscou a décidé semble-t-il d’aller encore « un coup plus loin » en ne se contentant pas de la neutralisation de l’Ukraine que nous avions décrite, mais en procédant de force à la création d’un État tampon. Et elle bénéficie pour le justifier de l’invraisemblable aveuglement diplomatique dont l’Occident a fait preuve. D’abord en passant son temps à maltraiter et à humilier la Russie depuis la chute de l’Union soviétique. Ensuite à ne pas comprendre le changement qui s’est produit à l’automne dernier quand les Russes ont clairement dit qu’eux aussi pouvaient fixer des lignes rouges et que le refus de renoncer à faire rentrer l’Ukraine dans l’OTAN en était une. Enfin en continuant à soutenir un régime corrompu faisant mener une guerre atroce contre les habitants de l’Est ukrainien par des néonazis avérés. Il est surprenant que personne n’ait relevé ce qu’a dit Vladimir Poutine dans son discours du 21 février à propos du massacre de la maison des syndicats « nous savons qu’ils sont, nous connaissons leurs noms, nous les prendrons et nous les punirons ». La complaisance occidentale avec l’incontestable présence active en Ukraine d’un fort courant néonazi héritier de ceux qui furent les collaborateurs de la Shoah, était quelque chose de scandaleux.

Vladimir Poutine avait obtenu avec la reconnaissance des républiques séparatistes une neutralisation de fait de l’Ukraine pour assez longtemps. Il a semble-t-il décidé de rapidement de jouer un coup de plus avec la création d’un État tampon institutionnalisé. On voit difficilement comment les occidentaux pourraient s’y opposer efficacement, autrement que par des surenchères verbales et des sanctions contre-productives.

Alors bien sûr il est toujours inquiétant de voir les armes se mettre à parler, surtout quand les protagonistes ont de quoi détruire plusieurs fois la planète.

Mais concernant les responsabilités, on rappellera cependant ce que disait Montesquieu : « Les responsables des guerres ne sont pas ceux qui les déclenchent, mais ceux qui les ont rendues inévitables… »

*Source : Vu du droit

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