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Le Hezbollah condamne de plus en plus fermement la politique de Ryadh.


Nasser Chararah – Al-Monitor

Lors d’un long entretien télévisé le 3 décembre avec le chroniqueur d’Al-Monitor, Jean Aziz, le Secrétaire général du Hezbollah , Sayyed Hassan Nasrallah, a tancé le Royaume d’Arabie saoudite, accusant ses services de renseignement dirigés par le prince Bandar bin Sultan, de financer des opérations de kamikazes islamistes contre le Liban et la Syrie.

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Le principal dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’adresse à ses partisans dans la banlieue de Beyrouth, le 14 novembre 2013 – Photo : REUTERS/Khalil Hassan

La violence de l’ attaque a montré que Nasrallah se dissociait de la position de son allié iranien qui affirme que « l’israël » était  responsable des attentats-suicides qui ont visé l’ambassade d’Iran à Beyrouth le 19 novembre dernier. Sayyed Nasrallah a estimé que l’Iran, en tant que nation, veut légitimement protéger ses intérêts et que les attentats contre les ambassades étaient un signe de la colère et du dépit de l’Arabie saoudite envers l’accord sur le nucléaire conclu à Genève entre Téhéran et les ocidentaux.

Auparavant,sayyed Nasrallah n’avait jamais mentionné l’Arabie saoudite  dans ses critiques. Cette attaque récente frontale  reflète toutefois la profondeur de la crise qui est parvenue au point de troubler les relations entre les deux parties. Une source du Hezbollah s’exprimant à Al -Monitor a décrit le niveau de tensions comme le résultat d’une annonce par Riyadh d’une guerre sécuritaire et politique déclarée contre le parti du Hezbollah.

Lacrise actuelle entre l’Arabie saoudite et le Hezbollah concerne le refus de Riyadh de l’influence iranienne dans le monde arabe – en particulier au Levant, comme en Syrie, en Irak et au Liban. La colère de Ryadh contre le parti s’est accrue après que le Hezbollah ait étendu ses activités au-delà du Liban pour jouer un efficace rôle militaire  en Syrie. Riyadh met en avant la participation du parti àla bataille de Qousair comme la preuve du développement de l’influence du Hezbollah au-delà des frontières du Liban .

Le 28 novembre , le Conseil de coopération du Golfe a annoncé l’imposition de sanctions supplémentaires à l’encontre des intérêts du Hezbollah au sein de ses États membres. Il a également menacé d’étendre les sanctions si la présence militaire du parti en Syrie se poursuivait. En réponse , Sayyed Nasrallah a affirmé que toute personne qui pense que son parti va se retirer de Syrie à la suite de pressions sécuritaires, économiques ou politiques se trompe lourdement. Auparavant, dans un discours prononcé le 16 août , il avait déclaré qu’il « n’hésiterait pas à aller combattre personnellement , si la bataille pour défendre la Syrie exigeait que lui et son parti le fassent ».

L’état d’esprit qui règne à l’intérieur du Hezbollah est que les services d’espionnage de l’Arabie saoudite mène une politique d’agression et une campagne de mobilisation sans précédent contre le parti, dans le but d’affaiblir sa volonté politique, et notamment son niveau de participation dans la guerre en Syrie. Le parti estime en particulier que le prince Bandar bin Sultan est directement derrière les attentats de ces derniers mois visant la banlieue sud de Beyrouth, un des bastions du Hezbollah. Des extrémistes salafistes ont revendiqué la responsabilité de ces attaques, les justifiant comme étant une réplique au rôle joué par le Hezbollah dans la guerre syrienne.

Dans la lutte contre la campagne lancée par l’Arabie saoudite – campagne qui inclut la participation de l’alliance du 14 mars, un rival du Hezbollah au Liban – le Parti de Dieu n’a cessé de justifier sa présence militaire en Syrie dans le cadre d’ une guerre préventive pour empêcher les dizaines de milliers d’extrémistes islamistes d’atteindre la frontière syro-libanaise. Selon l’analyse faite par le Hezbollah, après avoir atteint la frontière, ces extrémistes transformeraient le Liban en un autre Irak où la violence sectaire et terroriste est aujourd’hui très largement répandue. De leur côté, l’alliance du 14 Mars et les États du Golfe soutiennent que les attentats survenus au Liban sont une réaction « normale » de défense de la part des factions salafistes en Syrie contre la participation du Hezbollah à la guerre .

L’espoir de mettre un terme à la spirale infernale des conflits sectaires tournent actuellement autour d’un possible rapprochement irano-saoudien. Mais même cette lueur d’ espoir est l’objet de grandes réserves, au moins du point de vue d’une source proche du Hezbollah qui a parlé à Al-Monitor sous couvert d’anonymat et a noté que la question du dialogue irano-saoudien était épineuse. La même source a ajouté que, même si le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif parvenait à obtenir une visite en Arabie Saoudite,ceci ne garantissait pas la fin de la détérioration des relations entre les deux pays, car Téhéran rejette la volonté de Riyadh de voir le président syrien écarté du pouvoir.

De plus l’Iran ne cessera pas de soutenir le Hezbollah au Liban, en dépit de la volonté des Saoudiens de voir le parti mis sur la touche comme condition préalable à tout accord politique entre les deux pays.

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* Nasser Chararah est contributeur pour le Liban Pulse Al-Monitor, ainsi que pour plusieurs journaux et magazines arabes. Il est l’auteur de plusieurs livres sur le conflit israélo-Hezbollah. Il est également directeur de l’Institut libanais pour les études et publications et a également travaillé pour le Centre de recherche palestinien.

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