Aller à…
RSS Feed

Pour resserrer l’emprise des Etats-Unis sur l’Europe Ukraine, nouveau Rideau de Fer.


http://www.legrandsoir.info/ukraine-nouveau-rideau-de-fer.html

10 juin 2014

Pour resserrer l’emprise des Etats-Unis sur l’Europe
Ukraine, nouveau Rideau de Fer.
Diana JOHNSTONE

Les dirigeants de l’OTAN sont actuellement en train de se livrer à une mascarade en Europe qui vise à ériger un nouveau rideau de fer entre la Russie et l’Occident.?

Avec une étonnante unanimité, les dirigeants de l’OTAN feignent d’être surpris par des événements qu’ils avaient planifiés des mois à l’avance. Des événements qu’ils ont délibérément déclenchés sont présentés comme une « agression russe » soudaine, imprévue et injustifiée. Les États-Unis et l’Union européenne se sont lancés dans une provocation agressive en Ukraine dont ils savaient qu’elle forcerait la Russie à réagir de manière défensive, d’une façon ou d’une autre.?

Ils ne pouvaient pas savoir exactement comment le président russe Vladimir Poutine réagirait lorsqu’il verrait que les États-Unis étaient en train de manipuler les conflits politiques en Ukraine pour installer un gouvernement pro-occidental décidé à rejoindre l’OTAN. Il ne s’agissait pas d’une simple question de « sphère d’influence » dans le « voisinage immédiat » de la Russie, mais d’une question de vie ou de mort pour la marine russe, ainsi que d’une grave menace à sa sécurité nationale sur ses frontières.?

Un piège a ainsi été tendu à Poutine. Quoi qu’il fasse, il serait perdant. Soit il ne réagirait pas assez, et trahirait les intérêts nationaux fondamentaux de la Russie, en permettant à l’OTAN de positionner ses forces hostiles dans une position d’attaque idéale.?

Soit il réagirait de manière excessive, en envoyant des forces russes envahir l’Ukraine. L’Occident y était préparé, prêt à hurler que Poutine était « le nouvel Hitler », sur le point d’envahir une pauvre Europe sans défense qui ne pouvait être sauvée (une fois de plus) que par ces généreux Américains.?

En réalité, la réponse défensive russe était une solution intermédiaire très raisonnable. Grâce au fait que l’écrasante majorité des habitants de la Crimée se sentait Russe, ayant été des citoyens russes jusqu’à ce que Khrouchtchev attribue de façon frivole ce territoire à l’Ukraine en 1954, une solution pacifique et démocratique fut trouvée. Les Criméens ont voté pour leur retour à la Russie lors d’un référendum qui était parfaitement légal selon le droit international, mais en violation de la Constitution de l’Ukraine, laquelle était alors en lambeaux, ayant juste été violée par le renversement du président dûment élu du pays, Victor Ianoukovitch, renversement facilité par des milices violentes. Le changement de statut de la Crimée a été obtenu sans effusion de sang, par les urnes.??

Néanmoins, les cris d’indignation de l’Ouest furent tout aussi hystériques et agressifs que si Poutine avait réagi de façon excessive et soumis Ukraine à une campagne de bombardement à l’américaine, ou avait carrément envahi le pays – chose qu’on attendait peut-être de sa part.

Le Secrétaire d’Etat américain John Kerry a dirigé le chœur d’indignation des bien-pensants en accusant la Russie de choses dont son propre gouvernement est coutumier. « On ne peut pas envahir un autre pays sous un prétexte bidon pour faire valoir ses intérêts. Il s’agit d’un acte d’agression sous des prétextes montés de toutes pièces », pontifia Kerry. « C’est vraiment un comportement du 19e siècle au 21e siècle ». Au lieu de rire face à cette hypocrisie, les médias, politiciens et commentateurs américains ont repris avec zèle le thème de l’agression expansionniste inacceptable de Poutine. Les Européens, obéissants, leur ont faiblement fait écho.

Tout avait été planifié à Yalta

En septembre 2013, l’un des plus riches oligarques de l’Ukraine, Viktor Pinchuk, finança une conférence stratégique d’élites sur l’avenir de l’Ukraine qui s’est déroulée dans le même Palais à Yalta, en Crimée, où Roosevelt, Staline et Churchill s’étaient réunis pour décider de l’avenir de l’Europe en 1945. Parmi les médias spécialisés qui rendaient compte de cette conférence, largement ignorée par les médias de masse,The Economist, écrivit de cette « démonstration de diplomatie féroce » que : « L’avenir de l’Ukraine, un pays de 48 millions d’habitants, et de l’Europe se décidait en temps réel. » Parmi les participants se trouvaient Bill et Hillary Clinton, l’ancien chef de la CIA le général David Petraeus, l’ancien secrétaire américain au Trésor, Lawrence Summers, l’ancien président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, Shimon Peres, Tony Blair, Gerhard Schröder, Dominique Strauss-Kahn, Mario Monti, le président lituanien Dalia Grybauskaite, l’influent ministre des Affaires étrangères polonais, Radek Sikorski. Tant le président Viktor Ianoukovitch, renversé cinq mois plus tard, que son successeur récemment élu Petro Porochenko étaient présents. L’ancien secrétaire à l’énergie américain, Bill Richardson était là pour parler de la révolution du gaz de schiste que les États-Unis espèrent utiliser pour remplacer les réserves de gaz naturel de la Russie et ainsi affaiblir cette dernière. Le centre de la discussion portait sur « l’Accord de libre-échange approfondi et complet » (ALEAC) entre l’Ukraine et l’Union européenne, et la perspective de l’intégration de l’Ukraine à l’Occident. Le ton général était euphorique devant la perspective de briser les liens de l’Ukraine avec la Russie en faveur de l’Occident.?

Une conspiration contre la Russie ? Pas du tout. Contrairement à Bilderberg, les délibérations ici n’étaient pas tenues secrètes. Face à plus d’une dizaine de personnalités américaines de haut niveau et un large échantillon de l’élite politique européenne se trouvait un conseiller de Poutine nommé Sergueï Glaziev, qui a clairement explicité la position de la Russie.?

Glazyev a introduit une dose de réalisme politique et économique dans la conférence. Forbes a rendu compte à l’époque de la « différence frappante » entre les points de vue russes et occidentaux « non pas sur l’opportunité de l’intégration de l’Ukraine avec l’UE, mais plutôt sur son impact probable. » Contrairement à l’euphorie de l’Ouest, le point de vue russe était fondé sur des « critiques économiques très précises et pointues » sur l’impact de l’accord sur l’économie de l’Ukraine, en notant que l’Ukraine souffrait d’un énorme déficit extérieur, financé par des emprunts à l’étranger, et que l’augmentation substantielle d’importations de l’Occident qui résulterait de l’accord ne pouvait que faire gonfler le déficit. L’Ukraine « soit se retrouvera en cessation de paiements, soit devra être renflouée par un important plan de sauvetage ».

Le journaliste de Forbes a conclu que « la position de la Russie est beaucoup plus proche de la vérité que les belles paroles émanant de Bruxelles et de Kiev. »?

Quant à l’impact politique, Glazyev a souligné que la minorité russophone dans l’Est de l’Ukraine pourrait être incitée à diviser le pays en signe de protestation contre la rupture des liens avec la Russie, et que la Russie serait légalement en droit de les soutenir, selon le Times de Londres.?

En bref, lors de la planification de l’intégration de l’Ukraine dans la sphère occidentale, les dirigeants occidentaux étaient parfaitement conscients que cette initiative entraînerait de sérieux problèmes avec les Ukrainiens russophones, et avec la Russie elle-même. Plutôt que de chercher à trouver un compromis, les dirigeants occidentaux ont décidé d’aller de l’avant et de condamner la Russie pour tout ce qui pouvait mal tourner. La première chose qui a mal tourné fut la reculade de M. Ianoukovitch devant la perspective d’un effondrement économique qui serait impliqué par l’accord commercial avec l’Union européenne. Il a repoussé la signature, dans l’espoir d’obtenir de meilleures conditions. Puisque rien de tout cela n’avait été expliqué clairement à la population ukrainienne, des protestations indignées s’ensuivirent, qui ont été rapidement exploitées par les États-Unis… contre la Russie.?

L’Ukraine, comme pont… ou comme talon d’Achille

L’Ukraine, un terme qui signifie frontière, est un pays sans frontières historiques clairement définies qui a été étendu à la fois trop à l’Est et trop à l’Ouest. L’Union soviétique était responsable de cette situation, mais l’Union soviétique n’existe plus, et le résultat est un pays sans identité unifiée et qui pose problème pour lui-même et pour ses voisins.

Il a été étendu trop à l’Est, en intégrant un territoire qui pourrait tout aussi bien appartenir à la Russie, dans le cadre d’une politique générale visant à distinguer l’URSS de l’empire tsariste, par l’élargissement de l’Ukraine au détriment de sa composante russe et pour démontrer ainsi que l’Union soviétique était vraiment une union entre des républiques socialistes égales. Tant que toute l’Union soviétique était gérée par une direction communiste, ces frontières n’avaient pas trop d’importance.??

Le territoire de l’Ukraine a été étendu trop à l’Ouest à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Union soviétique victorieuse a déplacé la frontière de l’Ukraine pour y inclure les régions de l’Ouest, dominées par la ville diversement nommée Lviv, Lwow, Lemberg ou Lvov, selon qu’elle appartenait à la Lituanie, la Pologne, l’Empire des Habsbourg ou l’URSS, régions qui sont devenues un foyer de sentiments anti-russes. Cela fut sans doute conçu comme une mesure défensive, pour neutraliser des éléments hostiles, mais cela a créé cette nation fondamentalement divisée qui constitue aujourd’hui une mare d’eaux troubles parfaite pour des puissances hostiles qui veulent venir y pêcher.?

L’article de Forbes précité soulignait que : « Au cours de la majeure partie des cinq dernières années, l’Ukraine jouait à un double jeu, en racontant à l’UE qu’elle était intéressée par la signature de l’ALEAC tout en racontant aux Russes qu’elle était intéressée à se joindre à l’union douanière ». Soit Ianoukovitch n’arrivait pas à se décider, soit il essayait d’obtenir le maximum de chaque côté, en faisant monter les enchères. Quoi qu’il en soit, il n’a jamais été « l’homme de Moscou », et sa chute doit beaucoup sans doute au fait qu’il a joué sur deux registres opposés, un jeu dangereux.

On peut néanmoins affirmer qu’il fallait quelque chose qui jusqu’à présent semblait faire totalement défaut en Ukraine : une direction reconnaissant la nature divisée du pays et œuvrant avec diplomatie pour trouver une solution capable de satisfaire les populations locales et leurs liens historiques avec l’Occident catholique et la Russie. En bref, l’Ukraine pourrait être un pont entre l’Orient et l’Occident – ce qui, d’ailleurs, était précisément la position russe. La position de la Russie n’a pas été de diviser l’Ukraine, encore moins de la conquérir, mais de faciliter son rôle de pont. Cela impliquerait un degré de fédéralisme, d’administration locale, qui, jusqu’ici, fait entièrement défaut dans ce pays, avec les gouverneurs locaux non pas élus mais nommés par le gouvernement central à Kiev. Une Ukraine fédérale pourrait à la fois développer des relations avec l’UE et maintenir ses relations économiques vitales (et rentables) avec la Russie.

Mais un tel arrangement nécessiterait que l’Occident soit prêt à coopérer avec la Russie. Les États-Unis ont ouvertement opposé leur veto à cette possibilité, préférant exploiter la crise afin de marquer au fer rouge la Russie comme étant « l’ennemi ».?

Plan A et Plan B

La politique étatsunienne, déjà évidente lors de la réunion de septembre 2013 à Yalta, a été mise en œuvre sur le terrain par Victoria Nuland, ancienne conseillère de Dick Cheney, vice-ambassadrice à l’OTAN, porte-parole de Hillary Clinton et épouse du théoricien néo-conservateur Robert Kagan. Son rôle de premier plan dans les événements en Ukraine prouve que l’influence des néo-conservateurs au Département d’État, établie sous Bush II, a été maintenue par Obama, dont la seule contribution visible au changement de la politique étrangère a été la présence d’un homme d’origine africaine à la présidence, présence calculée pour démontrer au monde entier les vertus multiculturelles des États-Unis. Comme la plupart des présidents récents, Obama est là en tant que vendeur temporaire des politiques formulées et exécutées par d’autres.?

Comme Victoria Nuland s’en est vantée à Washington, depuis la dissolution de l’Union soviétique en 1991, les États-Unis ont dépensé cinq milliards de dollars pour gagner de l’influence politique en Ukraine (c’est ce qu’on appelle « la promotion de la démocratie »). Cet investissement n’est pas « pour le pétrole », ni pour obtenir un avantage économique immédiat. Les principaux motifs en sont géopolitiques, parce que l’Ukraine est le talon d’Achille de la Russie, le territoire ayant le plus grand potentiel pour causer des ennuis à la Russie.?

Ce qui a attiré l’attention du public sur le rôle de Victoria Nuland dans la crise ukrainienne fut son emploi d’un vilain mot, lorsqu’elle dit à l’ambassadeur des États-Unis, « Fuck the UE ». Mais l’agitation autour de son mauvais langage a voilé ses mauvaises intentions. La question était de savoir qui allait arracher le pouvoir des mains du président élu Viktor Ianoukovitch. Le choix de la chancelière allemande Angela Merkel portait sur l’ancien boxeur Vitaly Klitschko. La rebuffade grossière de Nuland signifiait que c’étaient les États-Unis, et non pas l’Allemagne ni l’Union européenne, qui allaient choisir le prochain chef, et ce ne serait pas Klitschko, mais « Yats ». Et en effet ce fut Yats, Arseni Iatseniouk, un technocrate de seconde zone soutenu par les États-Unis et connu pour son enthousiasme pour les politiques d’austérité du FMI et pour l’adhésion à l’OTAN, qui a obtenu le poste. Ce qui a abouti à la mise en place d’un gouvernement parrainé par les États-Unis, soutenu dans les rues par une milice fasciste avec peu de poids électoral mais beaucoup d’agressivité armée, qui a organisé l’élection du 25 mai, dont la zone russophone de l’est a été largement exclue.?

Le plan A du putsch de Victoria Nuland était probablement d’installer, et rapidement, un gouvernement à Kiev qui adhérerait à l’OTAN, permettant ainsi aux États-Unis de prendre possession de la base navale de la mer Noire, à Sébastopol en Crimée, base indispensable pour la Russie. La réintégration de la Crimée à la Russie fut un mouvement défensif nécessaire de Poutine pour l’empêcher.?

Mais la tactique de Nuland était en fait un stratagème pour gagner sur tous les tableaux. Si la Russie ne réussissait pas à se défendre, elle risquait de perdre la totalité de sa flotte sud – une catastrophe nationale absolue. D’autre part, si la Russie réagissait, ce qui était le plus probable, les États-Unis remportaient une victoire politique, ce qui était peut-être l’objectif principal de Nuland. Le mouvement totalement défensif de Poutine fut dépeint par les grands médias occidentaux, en écho aux dirigeants politiques, comme une manifestation gratuite de « l’expansionnisme russe », que la machine de propagande compara à Hitler s’emparant de la Tchécoslovaquie et la Pologne.?

Ainsi, une provocation flagrante de l’Ouest, en exploitant la confusion politique ukrainienne contre une Russie fondamentalement sur la défensive, a réussi de manière surprenante à produire un changement total dans l’air du temps, changement artificiellement produit par les médias occidentaux. Soudain, on nous dit que « l’Occident épris de liberté » est confronté à la menace de « l’expansionnisme agressif russe ». Il y a trente ans, les dirigeants soviétiques ont cédé la boutique, en ayant l’illusion qu’un renoncement pacifique de leur part pourrait conduire à un partenariat amical avec l’Occident, et en particulier avec les États-Unis. Mais ceux qui aux États-Unis n’ont jamais voulu mettre fin à la guerre froide sont en train de prendre leur revanche. Peu importe le « communisme » ; si, au lieu de préconiser la dictature du prolétariat, le leader actuel de la Russie est tout simplement un peu vieux jeu, les médias occidentaux sauront en faire un monstre. Les États-Unis ont besoin d’un ennemi pour pouvoir en sauver le monde.?

Le retour du racket de la « Protection »

Mais tout d’abord, les États-Unis ont besoin de l’ennemi russe pour « sauver l’Europe », ce qui est une autre manière de dire « afin de continuer à dominer l’Europe ». Les décideurs à Washington semblaient inquiets que la focalisation d’Obama sur l’Asie et la négligence de l’Europe pourraient affaiblir le contrôle des États-Unis sur ses alliés de l’OTAN. Les élections du 25 Mai au Parlement européen ont révélé une grande désaffection à l’égard de l’Union européenne. Cette désaffection, notamment en France, est liée à une prise de conscience croissante que l’UE, loin d’être une alternative potentielle aux États-Unis, est en réalité un mécanisme qui verrouille les pays européens dans une mondialisation définie par les États-Unis, les soumettant au déclin économique et à la politique étrangère étatsunienne, y compris les guerres.?

L’Ukraine n’est pas la seule entité qui a été trop étendue. L’UE aussi. Avec 28 membres de différentes langues, cultures, histoires et mentalités, l’UE n’est pas en mesure de s’entendre sur une politique étrangère autre que celle imposée par Washington. L’extension de l’UE aux anciens satellites d’Europe de l’Est a totalement détruit toute possibilité de consensus profond entre les pays de la Communauté économique d’origine : France, Allemagne, Italie et les pays du Benelux. La Pologne et les pays baltes voient l’adhésion à l’UE comme utile, mais leurs cœurs sont en Amérique – où beaucoup de leurs dirigeants les plus influents ont été éduqués et formés. Washington est en mesure d’exploiter l’anti-communisme, les sentiments anti-russes et même la nostalgie pro-nazie de l’Europe du nord-est pour lancer la fausse alarme « les Russes arrivent ! » afin de gêner le partenariat économique grandissant entre l’ancienne UE, notamment l’Allemagne, et la Russie.?

La Russie n’est pas une menace. Mais pour les russophobes bruyants dans les Etats baltes, l’Ukraine occidentale et la Pologne, l’existence même de la Russie est une menace. Encouragée par les États-Unis et l’OTAN, cette hostilité endémique constitue la base politique pour un nouveau « rideau de fer » destiné à atteindre l’objectif énoncé en 1997 par Zbigniew Brzezinski dans Le grand échiquier : garder le continent eurasien divisé afin de perpétuer l’hégémonie mondiale des États-Unis. L’ancienne guerre froide a servi à cela, en cimentant la présence militaire des États-Unis et leur influence politique en Europe occidentale. Une nouvelle guerre froide peut empêcher l’influence américaine d’être diluée par de bonnes relations entre l’Europe occidentale et la Russie.?

Obama est venu en Europe en brandissant la promesse de « protéger » l’Europe, en installant des troupes dans des régions aussi proches que possible de la Russie, tout en ordonnant en même temps à la Russie de retirer ses propres troupes, sur son propre territoire, encore plus loin de l’Ukraine troublée. Cela semble destiné à humilier Poutine et à le priver de soutien politique chez lui, au moment où des protestations s’amplifient dans l’Est de l’Ukraine contre le leader russe, où on lui reproche d’avoir abandonné les habitants de cette région aux tueurs envoyés par Kiev.?

Pour resserrer l’emprise des États-Unis sur l’Europe, les États-Unis utilisent cette crise artificielle pour exiger que leurs alliés endettés dépensent encore plus pour la « défense », notamment par l’achat de systèmes d’armes américains. Bien que les États-Unis soient encore loin d’être en mesure de répondre aux besoins énergétiques de l’Europe avec leur gaz de schiste, cette perspective est saluée comme un substitut aux ventes de gaz naturel russe – stigmatisées comme un « moyen d’exercer une pression politique », pressions dont les hypothétiques ventes de gaz US seraient innocentes. Des pressions sont exercées sur la Bulgarie et même la Serbie pour bloquer la construction du gazoduc South Stream qui acheminera le gaz russe vers les Balkans et l’Europe du Sud.?

Les Pions en Normandie

Aujourd’hui, le 6 Juin, le soixante-dixième anniversaire du débarquement donne lieu en Normandie à une gigantesque célébration de la domination américaine, avec Obama menant le bal du gratin des dirigeants européens. Les derniers des vieux soldats et aviateurs survivants présents sont comme les fantômes d’une ère plus innocente lorsque les États-Unis n’étaient qu’au début de leur nouvelle carrière de maîtres du monde. Les survivants sont réels, mais le reste n’est que mascarade. La télévision française est noyée dans les larmes de jeunes villageois en Normandie qui ont appris que les États-Unis étaient une sorte d’Ange Gardien qui a envoyé ses garçons mourir sur les plages de Normandie par pur amour pour la France. Cette image idéalisée du passé est implicitement projetée sur l’avenir. En soixante-dix ans, la guerre froide, la narration de la propagande dominante et surtout Hollywood ont convaincu les Français, et la plupart des gens en Occident, que le Jour-J fut le point tournant qui a gagné la Seconde Guerre mondiale et sauvé l’Europe de l’Allemagne nazie.?

Vladimir Poutine est arrivé à la célébration, où il a été minutieusement ignoré par Obama, arbitre auto-proclamé de la vertu. Les Russes rendent hommage à l’opération Jour-J qui a libéré la France de l’occupation nazie, mais ils – et les historiens – savent ce que la majorité de l’Occident a oublié : que la Wehrmacht fut défaite de façon décisive non pas par le débarquement de Normandie, mais par l’Armée rouge. Si le gros des forces allemandes n’avait pas été enlisé dans une guerre déjà largement perdue sur le front de l’Est, personne ne célébrerait le jour J comme il l’est aujourd’hui.?

On entend dire que Poutine est « le meilleur joueur d’échecs », qui a remporté la première partie de la crise ukrainienne. Il a sans doute fait de son mieux, dans une crise qu’on lui a imposé. Mais les États-Unis ont des rangs entiers de pions que Poutine n’a pas. Et il ne s’agit pas uniquement d’un jeu d’échecs, mais d’un jeu d’échecs combiné avec du poker associé à la roulette russe. Les États-Unis sont prêts à prendre des risques que les dirigeants russes plus prudents préfèrent éviter … aussi longtemps que possible.

Peut-être l’aspect le plus extraordinaire de la comédie actuelle est la servilité des « anciens » Européens. Ayant apparemment abandonné toute la sagesse européenne accumulée, apprise des guerres et des tragédies, et même inconscients de leurs propres intérêts, les dirigeants européens d’aujourd’hui montrent une obéissance qui suggère que la libération de 1945 était en fin de compte une conquête qui perdure.

Est-ce que la présence en Normandie d’un dirigeant russe à la recherche de la paix peut faire une différence ? Il suffirait que les médias de masse disent la vérité, et que l’Europe produise des dirigeants raisonnablement sages et courageux, pour que toute la machine de guerre factice perde de son éclat, et que la vérité commence à percer. Une Europe en paix est toujours possible, mais pour combien de temps encore ?? ?

Diana Johnstone

Diana Johnstone est l’auteure de La croisade des fous : Yougoslavie, première guerre de la mondialisation. Elle peut être contactée à diana.johnstone@wanadoo.fr

Traduction VD pour le Grand Soir sous le regard attentif de l’auteure

>
> ========================================

> Message du 10/06/14 17:13
> > De : « claude.karnoouh@sfr.fr »
> > Objet : Very important paper…
> >
> > http://www.counterpunch.org/2014/06/06/washingtons-iron-curtain-in-ukraine/
>

Weekend Edition June 6-8, 2014

Tightening the U.S. Grip
on Western Europe

Washington’s Iron Curtain in Ukraine
by DIANA JOHNSTONE

> NATO leaders are currently acting out a deliberate charade in Europe, designed to reconstruct an Iron Curtain between Russia and the West.

> With astonishing unanimity, NATO leaders feign surprise at events they planned months in advance. Events that they deliberately triggered are being misrepresented as sudden, astonishing, unjustified “Russian aggression”. The United States and the European Union undertook an aggressive provocation in Ukraine that they knew would force Russia to react defensively, one way or another.

> They could not be sure exactly how Russian president Vladimir Putin would react when he saw that the United States was manipulating political conflict in Ukraine to install a pro-Western government intent on joining NATO. This was not a mere matter of a “sphere of influence” in Russia’s “near abroad”, but a matter of life and death to the Russian Navy, as well as a grave national security threat on Russia’s border.

> A trap was thereby set for Putin. He was damned if he did, and damned if he didn’t. He could underreact, and betray Russia’s basic national interests, allowing NATO to advance its hostile forces to an ideal attack position.

> Or he could overreact, by sending Russian forces to invade Ukraine. The West was ready for this, prepared to scream that Putin was “the new Hitler”, poised to overrun poor, helpless Europe, which could only be saved (again) by the generous Americans.

> In reality, the Russian defensive move was a very reasonable middle course. Thanks to the fact that the overwhelming majority of Crimeans felt Russian, having been Russian citizens until Khrushchev frivolously bestowed the territory on Ukraine in 1954, a peaceful democratic solution was found. Crimeans voted for their return to Russia in a referendum which was perfectly legal according to international law, although in violation of the Ukrainian constitution, which was by then in tatters having just been violated by the overthrow of the country’s duly elected president, Victor Yanukovych, facilitated by violent militias. The change of status of Crimea was achieved without bloodshed, by the ballot box.

> Nevertheless, the cries of indignation from the West were every bit as hysterically hostile as if Putin had overreacted and subjected Ukraine to a U.S.-style bombing campaign, or invaded the country outright – which they may have expected him to do.

> U.S. Secretary of State John Kerry led the chorus of self-righteous indignation, accusing Russia of the sort of thing his own government is in the habit of doing. “You just don’t invade another country on phony pretext in order to assert your interests. This is an act of aggression that is completely trumped up in terms of its pretext”, Kerry pontificated. “It’s really 19th century behavior in the 21st century”. Instead of laughing at this hypocrisy, U.S. media, politicians and punditry zealously took up the theme of Putin’s unacceptable expansionist aggression. The Europeans followed with a weak, obedient echo.

> It Was All Planned at Yalta

> In September 2013, one of Ukraine’s richest oligarchs, Viktor Pinchuk, paid for an elite strategic conference on Ukraine’s future that was held in the same Palace in Yalta, Crimea, where Roosevelt, Stalin and Churchill met to decide the future of Europe in 1945. The Economist, one of the elite media reporting on what it called a “display of fierce diplomacy”, stated that: “The future of Ukraine, a country of 48m people, and of Europe was being decided in real time.” The participants included Bill and Hillary Clinton, former CIA head General David Petraeus, former U.S. Treasury secretary Lawrence Summers, former World Bank head Robert Zoellick, Swedish foreign minister Carl Bildt, Shimon Peres, Tony Blair, Gerhard Schröder, Dominique Strauss-Kahn, Mario Monti, Lithuanian president Dalia Grybauskaite, and Poland’s influential foreign minister Radek Sikorski. Both President Viktor Yanukovych, deposed five months later, and his recently elected successor Petro Poroshenko were present. Former U.S. energy secretary Bill Richardson was there to talk about the shale-gas revolution which the United States hopes to use to weaken Russia by substituting fracking for Russia’s natural gas reserves. The center of discussion was the “Deep and Comprehensive Free Trade Agreement” (DCFTA) between Ukraine and the European Union, and the prospect of Ukraine’s integration with the West. The general tone was euphoria over the prospect of breaking Ukraine’s ties with Russia in favor of the West.

> Conspiracy against Russia? Not at all. Unlike Bilderberg, the proceedings were not secret. Facing a dozen or so American VIPs and a large sampling of the European political elite was a Putin adviser named Sergei Glazyev, who made Russia’s position perfectly clear.

> Glazyev injected a note of political and economic realism into the conference. Forbes reported at the time on the “stark difference” between the Russian and Western views “not over the advisability of Ukraine’s integration with the EU but over its likely impact.” In contrast to Western euphoria, the Russian view was based on “very specific and pointed economic criticisms” about the Trade Agreement’s impact on Ukraine’s economy, noting that Ukraine was running an enormous foreign accounts deficit, funded with foreign borrowing, and that the resulting substantial increase in Western imports ccould only swell the deficit. Ukraine “will either default on its debts or require a sizable bailout”.

> The Forbes reporter concluded that “the Russian position is far closer to the truth than the happy talk coming from Brussels and Kiev.”

> As for the political impact, Glazyev pointed out that the Russian-speaking minority in Eastern Ukraine might move to split the country in protest against cutting ties with Russia, and that Russia would be legally entitled to support them, according to The Times of London.

> In short, while planning to incorporate Ukraine into the Western sphere, Western leaders were perfectly aware that this move would entail serious problems with Russian-speaking Ukrainians, and with Russia itself. Rather than seeking to work out a compromise, Western leaders decided to forge ahead and to blame Russia for whatever would go wrong. What went wrong first was that Yanukovych got cold feet faced with the economic collapse implied by the Trade Agreement with the European Union. He postponed signing, hoping for a better deal. Since none of this was explained clearly to the Ukrainian public, outraged protests ensued, which were rapidly exploited by the United States… against Russia.

> Ukraine as Bridge…Or Achilles Heel

> Ukraine, a term meaning borderland, is a country without clearly fixed historical borders that has been stretched too far to the East and too far to the West. The Soviet Union was responsible for this, but the Soviet Union no longer exists, and the result is a country without a unified identity and which emerges as a problem for itself and for its neighbors.

> It was extended too far East, incorporating territory that might as well have been Russian, as part of a general policy to distinguish the USSR from the Tsarist empire, enlarging Ukraine at the expense of its Russian component and demonstrating that the Soviet Union was really a union among equal socialist republics. So long as the whole Soviet Union was run by the Communist leadership, these borders didn’t matter too much.

> It was extended too far West at the end of World War II. The victorious Soviet Union extended Ukraine’s border to include Western regions, dominated by the city variously named Lviv, Lwow, Lemberg or Lvov, depending on whether it belonged to Lithuania, Poland, the Habsburg Empire or the USSR, a region which was a hotbed of anti-Russian sentiments. This was no doubt conceived as a defensive move, to neutralize hostile elements, but it created the fundamentally divided nation that today constitutes the perfect troubled waters for hostile fishing.

> The Forbes report cited above pointed out that: “For most of the past five years, Ukraine was basically playing a double game, telling the EU that it was interested in signing the DCFTA while telling the Russians that it was interested in joining the customs union.” Either Yanukovych could not make up his mind, or was trying to squeeze the best deal out of both sides, or was seeking the highest bidder. In any case, he was never “Moscow’s man”, and his downfall owes a lot no doubt to his own role in playing both ends against the middle. His was a dangerous game of pitting greater powers against each other.

> It is safe to say that what was needed was something that so far seems totally lacking in Ukraine: a leadership that recognizes the divided nature of the country and works diplomatically to find a solution that satisfies both the local populations and their historic ties with the Catholic West and with Russia. In short, Ukraine could be a bridge between East and West – and this, incidentally, has been precisely the Russian position. The Russian position has not been to split Ukraine, much less to conquer it, but to facilitate the country’s role as bridge. This would involve a degree of federalism, of local government, which so far is entirely lacking in the country, with local governors selected not by election but by the central government in Kiev. A federal Ukraine could both develop relations with the EU and maintain its vital (and profitable) economic relations with Russia.

> But this arrangement calls for Western readiness to cooperate with Russia. The United States has plainly vetoed this possibility, preferring to exploit the crisis to brand Russia “the enemy”.

> Plan A and Plan B

> U.S. policy, already evident at the September 2013 Yalta meeting, was carried out on the ground by Victoria Nuland, former advisor to Dick Cheney, deputy ambassador to NATO, spokeswoman for Hillary Clinton, wife of neocon theorist Robert Kagan. Her leading role in the Ukraine events proves that the neo-con influence in the State Department, established under Bush II, was retained by Obama, whose only visible contribution to foreign policy change has been the presence of a man of African descent in the presidency, calculated to impress the world with U.S. multicultural virtue. Like most other recent presidents, Obama is there as a temporary salesman for policies made and executed by others.

> As Victoria Nuland boasted in Washington, since the dissolution of the Soviet Union in 1991, the United States has spent five billion dollars to gain political influence in Ukraine (this is called “promoting democracy”). This investment is not “for oil”, or for any immediate economic advantage. The primary motives are geopolitical, because Ukraine is Russia’s Achilles’ heel, the territory with the greatest potential for causing trouble to Russia.

> What called public attention to Victoria Nuland’s role in the Ukrainian crisis was her use of a naughty word, when she told the U.S. ambassador, “Fuck the EU”. But the fuss over her bad language veiled her bad intentions. The issue was who should take power away from the elected president Viktor Yanukovych. German Chancellor Angela Merkel’s party been promoting former boxer Vitaly Klitschko as its candidate. Nuland’s rude rebuff signified that the United States, not Germany or the EU, was to choose the next leader, and that was not Klitschko but “Yats”. And indeed it was Yats, Arseniy Yatsenyuk , a second-string US-sponsored technocrat known for his enthusiasm for IMF austerity policies and NATO membership, who got the job. This put a U.S. sponsored government, enforced in the streets by fascist militia with little electoral clout but plenty of armed meanness, in a position to manage the May 25 elections, from which the Russophone East was largely excluded.

> Plan A for the Victoria Nuland putsch was probably to install, rapidly, a government in Kiev that would join NATO, thus formally setting the stage for the United States to take possession of Russia’s indispensable Black Sea naval base at Sebastopol in Crimea. Reincorporating Crimea into Russia was Putin’s necessary defensive move to prevent this.

> But the Nuland gambit was in fact a win-win ploy. If Russia failed to defend itself, it risked losing its entire southern fleet – a total national disaster. On the other hand, if Russia reacted, as was most likely, the US thereby won a political victory that was perhaps its main objective. Putin’s totally defensive move is portrayed by the Western mainstream media, echoing political leaders, as unprovoked “Russian expansionism”, which the propaganda machine compares to Hitler grabbing Czechoslovakia and Poland.

> Thus a blatant Western provocation, using Ukrainian political confusion against a fundamentally defensive Russia, has astonishingly succeeded in producing a total change in the artificial Zeitgeist produced by Western mass media. Suddenly, we are told that the “freedom-loving West” is faced with the threat of “aggressive Russian expansionism”. Some forty years ago, Soviet leaders gave away the store under the illusion that peaceful renunciation on their part could lead to a friendly partnership with the West, and especially with the United States. But those in the United States who never wanted to end the Cold War are having their revenge. Never mind “communism”; if, instead of advocating the dictatorship of the proletariat, Russia’s current leader is simply old-fashioned in certain ways, Western media can fabricate a monster out of that. The United States needs an enemy to save the world from.

> The Protection Racket Returns

> But first of all, the United States needs Russia as an enemy in order to “save Europe”, which is another way to say, in order to continue to dominate Europe. Washington policy-makers seemed to be worried that Obama’s swing to Asia and neglect of Europe might weaken U.S. control of its NATO allies. The May 25 European Parliament elections revealed a large measure of disaffection with the European Union. This disaffection, notably in France, is linked to a growing realization that the EU, far from being a potential alternative to the United States, is in reality a mechanism that locks European countries into U.S.-defined globalization, economic decline and U.S. foreign policy, wars and all.

> Ukraine is not the only entity that has been overextended. So has the EU. With 28 members of diverse language, culture, history and mentality, the EU is unable to agree on any foreign policy other than the one Washington imposes. The extension of the EU to former Eastern European satellites has totally broken whatever deep consensus might have been possible among the countries of the original Economic Community: France, Germany, Italy and the Benelux states. Poland and the Baltic States see EU membership as useful, but their hearts are in America – where many of their most influential leaders have been educated and trained. Washington is able to exploit the anti-communist, anti-Russian and even pro-Nazi nostalgia of northeastern Europe to raise the false cry of “the Russians are coming!” in order to obstruct the growing economic partnership between the old EU, notably Germany, and Russia.

> Russia is no threat. But to vociferous Russophobes in the Baltic States, Western Ukraine and Poland, the very existence of Russia is a threat. Encouraged by the United States and NATO, this endemic hostility is the political basis for the new “iron curtain” meant to achieve the aim spelled out in 1997 by Zbigniew Brzezinski in The Grand Chessboard: keeping the Eurasian continent divided in order to perpetuate U.S. world hegemony. The old Cold War served that purpose, cementing U.S. military presence and political influence in Western Europe. A new Cold War can prevent U.S. influence from being diluted by good relations between Western Europe and Russia.

> Obama has come to Europe ostentatiously promising to “protect” Europe by basing more troops in regions as close as possible to Russia, while at the same time ordering Russia to withdraw its own troops, on its own territory, still farther away from troubled Ukraine. This appears designed to humiliate Putin and deprive him of political support at home, at a time when protests are rising in Eastern Ukraine against the Russian leader for abandoning them to killers sent from Kiev.

> To tighten the U.S. grip on Europe, the United States is using the artificial crisis to demand that its indebted allies spend more on “defense”, notably by purchasing U.S. weapons systems. Although the U.S. is still far from being able to meet Europe’s energy needs from the new U.S. fracking boom, this prospect is being hailed as a substitute for Russia’s natural gas sales – stigmatized as a “way of exercising political pressure”, something of which hypothetic U.S. energy sales are presumed to be innocent. Pressure is being brought against Bulgaria and even Serbia to block construction of the South Stream pipeline that would bring Russian gas into the Balkans and southern Europe.

> From D-Day to Dooms Day

> Today, June 6, the seventieth anniversary of the D-Day landing is being played in Normandy as a gigantic celebration of American domination, with Obama heading an all-star cast of European leaders. The last of the aged surviving soldiers and aviators present are like the ghosts of a more innocent age when the United States was only at the start of its new career as world master. They were real, but the rest is a charade. French television is awash with the tears of young villagers in Normandy who have been taught that the United States is some sort of Guardian Angel, which sent its boys to die on the shores of Normandy out of pure love for France. This idealized image of the past is implicitly projected on the future. In seventy years, the Cold War, a dominant propaganda narrative and above all Hollywood have convinced the French, and most of the West, that D-Day was the turning point that won World War II and saved Europe from Nazi Germany.

> Vladimir Putin came to the celebration, and has been elaborately shunned by Obama, self-appointed arbiter of Virtue. The Russians are paying tribute to the D-Day operation which liberated France from Nazi occupation, but they – and historians – know what most of the West has forgotten: that the Wehrmacht was decisively defeated not by the Normandy landing, but by the Red Army. If the vast bulk of German forces had not been pinned down fighting a losing war on the Eastern front, nobody would celebrate D-Day as it is being celebrated today.

> Putin is widely credited as being “the best chess player”, who won the first round of the Ukrainian crisis. He has no doubt done the best he could, faced with the crisis foisted on him. But the U.S. has whole ranks of pawns which Putin does not have. And this is not only a chess game, but chess combined with poker combined with Russian roulette. The United States is ready to take risks that the more prudent Russian leaders prefer to avoid… as long as possible.

> Perhaps the most extraordinary aspect of the current charade is the servility of the “old” Europeans. Apparently abandoning all Europe’s accumulated wisdom, drawn from its wars and tragedies, and even oblivious to their own best interests, today’s European leaders seem ready to follow their American protectors to another D-Day … D for Doom.

> Can the presence of a peace-seeking Russian leader in Normandy make a difference? All it would take would be for mass media to tell the truth, and for Europe to produce reasonably wise and courageous leaders, for the whole fake war machine to lose its luster, and for truth to begin to dawn. A peaceful Europe is still possible, but for how long?

> Diana Johnstone is the author of Fools’ Crusade: Yugoslavia, NATO, and Western Delusions. She can be reached at diana.johnstone@wanadoo.fr

>

0 0 votes
Évaluation de l'article

S’abonner
Notification pour

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x