Je ne suis pas Charlie. Je suis Syrien
janvier 11, 2015
Je ne suis pas Charlie. Je suis Syrien Jean-Claude Antakli
Jean-Claude Antakli
samedi 10 janvier 2015, par Comité Valmy
n.
Je ne suis pas Charlie, mais je suis Syrien depuis 4 ans, soit 48 mois.
Je ne cherche pas la provocation, je cherche le pourquoi ?
Je ne cherche pas l’originalité, mais je dois répondre à l’enfant syrien.
Il m’a écrit hier ceci : on a tué mon père, on a tué ma mère, on a tué ma sœur.
Et personne en France n’a parlé de mon père, ni de ma mère, ni de ma sœur.
Pourquoi ne m’a-t-on pas appris à dessiner !
Je ne suis pas Charlie, mais nous sommes cent cinquante mille syriens.
Victimes de cent cinquante mille Mohamed Merah, Kouachi, Kardawi et compagnies.
J’ai répondu à cet enfant que l’Occident était aussi coupable que l’Orient.
Je n’ai pas pu lui promettre un monde meilleur, car sa famille était ce monde meilleur.
Je lui ai dit que j’étais comme son papa, un syrien.
Un Syrien qui avait choisi la France à vingt ans.
Un Syrien qui pleure sur la Syrie, un Syrien qui pleure sur Charlie.
Un Syrien qui veut la vérité, un Français qui dénonce les responsabilités.
Oui je pleure sur la France avec les mêmes larmes, qui sont syriennes.
Depuis 40 ans je n’ai cessé d’écrire, aux grands d’Occident et d’Orient.
Voix dans le désert, et dans cette Eglise de France qui n’a que le nom !
Il y a 10 ans dans une lettre ouverte à Dominique de Villepin 1er Ministre.
Je le mettais en garde contre la libanisation de notre société française.
Aujourd’hui, c’est trop tard, et je pleure sur les familles de Charlie.
Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on imaginer
En voyant un vol d’hirondelles que les Printemps arabes sont arrivés !
Quand on voit que ce sont les vautours qui sont arrivés.
On comprendra que la guerre ne fait que commencer.
Oui je suis syrien depuis toujours, oui je suis français de tout cœur.
Les mots, les indignations, les émotions, les défilés vrais ou faux,
n’effaceront jamais l’ignominie, les mensonges, les convoitises et les trahisons !
Il est venu le temps de la Révolution, de la liberté, de la vraie fraternité.
Il est venu le temps de dire aux anciens prédicateurs de la politique ou de la religion :
Dégagez, laissez la place aux jeunes, ils sont capables de vous surpasser….
JCA
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